Série:
Le Pouvoir des Innocents
Titre:
T1 - Joshua
Auteurs :
Laurent Hirn (dessin) Luc Brunschwig (scénario)
Editeur :
Delcourt
Année :
1992
Page
: 64
Résumé :
New-York,
vers la fin du siècle dernier. La ville est malmenée par des bandes
de voyous, « les Casseurs du Queen's » qui volent,
dépouillent, tuent et massacrent allègrement les new-yorkais. Avec
les élections, les citoyens désespérés espèrent que la vapeur va
se renverser. Un homme, ancien du Vietnam, Joshua Logan, traverse une
période difficile. Marqué par la guerre, il souffre de terribles
hallucinations, ce qui rend la vie difficile pour sa femme et son
fils, comme si les voyous ne suffisaient pas.
Tout
va basculer quand les dits voyous vont décider de s'incruster chez
Joshua. Réussira-t-il à reprendre le dessus sur la folie qui le
ronge pour protéger les siens ?
Cette
attaque va déclencher une série de réactions en chaîne qui va
soulever bien des questions, et faire sortir bien des cadavres du
placard...
Mon
avis :
J'ai
ressorti ce tome un car l'auteur, Luc Brunschwig, fête ses 25 ans de
BD. Pour un thème anniversaire, cela s'imposait. En effet, en 1989,
Brunschwig rencontre Laurent Hirn et cela va lancer sa carrière de
scénariste pour notre plus grand plaisir. Et sa première histoire
s'avère être cette série dense et réussie. Une sorte de
politique-fiction matinée de drame humain et psychologique, le tout
saupoudré d'un énorme suspense.
Voilà
ce qui vous attend avec cette petite perle. Mais en le relisant, j'ai
à nouveau complètement basculé dans l'intrigue. Absorbé, le
mélange entre mes souvenirs diffus et le plaisir d'une nouvelle
découverte m'a totalement replongé au cœur de cette intrigue en
cinq tomes.
Si
vous aimez les histoires simples et sans surprises, vous pouvez
passer votre chemin, « Le Pouvoir des innocents » n'est
pas pour vous. Mais ce brûlot soulève aussi quelques questions
morales fort intéressantes et ce dès le premier tome. L'éternel
problème de l'auto-défense, entre autres.
Joshua
est un personnage immédiatement attachant, tout d'abord grâce à sa
famille et surtout son incroyable fils Timmy. Ensuite, car on se
prend de sympathie pour cet homme qui a traversé et survécu à la
guerre. D'autant qu'en flash-back, lors de ses crises, on redécouvre
l'enfer qu'il a connu et les horreurs qui l'ont marqué.
A
côté de cela, d'autres personnages prennent discrètement place et
leur rôle ne fera qu'augmenter dans la suite de la série. Jessica
Ruppert, la politicienne qui veut arrêter la violence en aidant sans
réserve les sans-abris et les laissés pour compte de la ville mais
aussi Steven Providence, le boxeur, Woody, le brave voisin qui craint
pour la vie des siens et quelques autres.
Les
premières pages vous posent direct l'univers violent et dur. La mort
est au rendez-vous, et l'on ne peut que se révolter de ces
événements. Tout au long de ce premier tome, Brunschwig ne se
contente pas de poser les bases de son intrigue, il crée un
mouvement, une dynamique de rebondissement dans cette œuvre presque
chorale, qui fait qu'on ne sait jamais trop ce que l'on va découvrir
ou sur qui on va s'attarder. Et l'on en découvre des choses à
travers les yeux de ces personnages !
Je
serais bien surpris que vous ne soyez pas tenté par les quatre
autres tomes en refermant celui-ci.
Moi,
je n'avais qu'une envie, tout relire. Mais je me suis retenu pour
pouvoir vous offrir cette chronique dans les temps ! Et vous inciter
à plonger dans cette BD. J'avoue qu'un récit politique et social en
ces temps obscurcis par les tragédies récentes n'est pas le
meilleur moyen de vous changer les idées. Mais je vous déconseille
de passer à côté de cette belle BD.
Belle
graphiquement aussi ! C'est donc Laurent Hirn qui dessine cette
histoire. Un dessin qui se veut réaliste mais que je décrirais plus
comme impressionniste. Parce que finalement, le style est clairement
orienté par une envie, celle de faire ressortir les émotions des
personnages. Leurs visages expressifs, aux traits parfois esquissés,
juste posés, comme inachevés presque. Les décors précis tout en
étant schématisés, et le tout renforcé par une gamme de couleur
claires ! Curieusement - contrairement à ce que laisse croire la
couverture de ce premier tome d'ailleurs -, il n'y a pas de jeu avec
le clair obscur. Pas de grandes zones sombres où se nouent des
tensions. Tout nous est toujours clairement présenté, à la lumière
de la nuit, d'un écran télé, d'un beau soleil, d'une lumière
blanche et crue, voire même d'une sorte de nuit américaine – ces
nuits artificielles que l'on faisait dans le cinéma de nos parents
!-.
Le
découpage est clair, jouant sur des pages composées de deux à cinq
bandes, allant de une à quatre cases. Ces cases varient de taille et
de largeur. Exceptionnellement, elles peuvent même se décaler, se
chevaucher pour faire ressortir le drame à venir. Et croyez-moi, il
y en a des drames à venir !
Le
cadrage jongle habilement entre plans serrés et vues plus larges. On
notera qu'il n'y a aucune différence de traitement entre les
hallucinations souvenirs de Joshua et le temps présent. Ce qui vous
force à rester vigilant lors des phases de transition entre ces deux
mondes. J'ai trouvé cela très intéressant. J'ai même failli me
perdre à un moment. Mais ça, je ne le regrette pas ! Ca fait partie
de l'immersion dans le récit.
Notons
que les cinq tomes existent aussi en intégrale. Ce qui peut prendre
moins de place dans votre bédéthèque et vous permettre de tout
lire d'un coup.
Enfin,
peu importe, en intégrale, en cinq tomes, chez votre libraire ou à
la bibliothèque, foncez lire cette BD ! Et si vous avez un
anniversaire dans pas longtemps, alors voilà une belle idée de
cadeau. Pour la personne à qui vous allez l'offrir et pour les 25
ans de BD de Luc Brunschwig !
Zéda
rencontre Joshua...
David