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Mondial 2014 – Ce serpent de Suarez

Publié le 28 juin 2014 par Sportmood
Les grands soubresauts de l'histoire sont imprévisibles. Avec la Coupe du monde, on a davantage de chances d'assister à l'un de ces événements dont chaque bipède schizophrénique a besoin pour sortir de son accablante routine.

En substance, il nous faut les quatre éléments traumatiques définis par Churchill en 1940 pour donner un peu sens et d'émoi aux quatre-vingt ans d'ennui que les statisticiens de l'état civil nous accordent sur cette terre. Du sang, de la douleur, de la peine et des larmes.

Parce que pour le plaisir ou le bonheur, c'est fini depuis Montesquieu, le dernier humain connu ayant osé avouer qu'il s'éveillait chaque matin avec une " joie secrète de voir la lumière " ...

Luis Suarez est si fragile qu'il ne supporte pas la félicité dont il devrait pourtant être lui aussi imbibé en tant que l'un des joueurs les plus doués de l'univers. Dès que son système nerveux est perturbé, il court de toute urgence vers ce que celui-ci lui commande de faire sans écouter les avertissements de son cortex.

Et il mord comme un quadrupède tout ce qui passe à proximité. En général, le défenseur qui le contrarie le plus. L'autre jour ce fut l'insupportable Chiellini, coupable de lui avoir résisté durant quelques minutes. Troisième victime en quatre ans du vampire uruguayen.

Et, conséquence de notre monde médiatico-bipolaire (au sens classique mais aussi psychiatrique, c'est à dire fluctuant sans cesse de l'irritable au normal puis à la dépression), l'humanité s'est soudain depuis la morsure de l'ogre de Montevideo, partagée en deux blocs. L'une soutient le mangeur de chair, l'autre le conchie.

Suarez est-il le serpent de la Bible, qui fait vaciller la morale et les sens d'Adam et Eve, autrement dit de notre planète aveuglée par ce qu'elle voit, croit voir, croit juste ou injuste sur ses écrans plasma ?

Je vais être franc, le sieur Suarez , comme l'a dit le président de la république uruguayenne, José Mujica, n'est qu'un de ces " enfants dont l'intelligence se trouve dans les chevilles, car ils sont nés dans une autre société et ils ont d'autres moyens ". Et moi, comme une partie de l'humanité, je ne peux pas le comprendre. C'est la troisième fois que cet esprit sans éducation " classique " mord un adversaire. Et, à l'instar du bras droit du président de la FIFA, Jérôme Valcke, , lui-même auteur par le passé de réflexions pas toujours frappées au coin du bons sens, il m'apparaît que ce bon Luis aurait tout intérêt à faire stabiliser ses humeurs par voie médicamenteuse.

Notre jugement sur cet événement majeur du premier tour (rien d'autre de définitif à signaler sur le plan sportif) nous ramène à l'essentiel. Nous ne voyons pas tous les mêmes images même si elles sont en haute définition. Nous sommes sans doute aveugles. Au mieux, mal voyants. Ou si vous préférez contaminés par une autre maladie ambiante des derniers siècles, celle du jugement hâtif. Ou pour encore dire autrement, la crédulité, cette marque infaillible de l'ignorance, comme le criait Voltaire.

Que faire donc de Suarez ? Et que donc faire de nous ? Peut-être bien pour commencer ce qu'a fait si allègrement le premier des sociologues, ce bon baron de la Brède, dit Montesquieu, une description de nous-mêmes. En commençant comme lui : " Une personne de ma connaissance disait : Je vais faire une assez sotte chose, c'est mon portrait : je me connais assez bien. " Ensuite, on verra bien. Mieux sans doute.


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