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Critique Ciné : 99 Homes (2015)

Publié le 28 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

99 Homes // De Ramin Bahrani. Avec Andrew Garfield et Michael Shannon.


Si le e-Cinéma c’est pas mal comme concept, je me demande s’il est utilisé à bon escient. Je pense vraiment que 99 Homes méritait une sortie cinéma (ou bien je suis le seul à le penser). Le film n’est pas brillant mais j’aurais largement préféré être emballé devant un grand écran que devant celui de ma télévision. Peu importe, je ne connaissais pas du tout Ramin Bahrani mais ce dernier est apparemment un grand connaisseur des films engagés socialement qui racontent quelque chose de réaliste. Mais ce qui est d’autant plus intéressant là dedans c’est la façon dont le constat social sur l’état d’un pays est fait. 99 Homes c’est avant tout une histoire assez classique dans le sens où elle repose sur la crise des subprimes et de tous ces américains qui se sont vu mis dehors du jour au lendemain. Sauf que mettre des gens à la porte, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile et en échange, un homme d’affaires va proposer à un jeune homme dans la panade de s’en sortir lui et sa famille. Jusque là, tout le monde a compris de quoi 99 Homes allait bien pouvoir parler et puis finalement, le film est peut-être un peu moins creux qu’il ne le laissait transparaître au départ. Disons qu’il y a une réflexion intéressante qui est faite sur l’état des Etats-Unis et la façon dont cela a brisé les familles.

Rick Carver, homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash, père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles.

Car cette crise des subprimes a anéanti le pays tout entier et surtout les foyers les moins fortunés qui avaient profité d’un prêt sans garanti afin de pouvoir réaliser leur rêve : acheter une maison. C’est le rêve de toute famille, d’acheter un bien immobilier afin de construire quelque chose de durable. Sauf que quand les choses vont mal, elles vont très mal. Le film ne cherche jamais à tomber dans l’émotion en surdose ce qui permet de se plonger petit à petit au travers de cette histoire. C’est un film à la morale peut-être douteuse mais justement, tout est laissé au jugement du téléspectateur. Car l’on est aussi en droit de se demander ce que l’on aurait pu faire si l’on avait eu la proposition que Dennis Nash a pu avoir des mains de Rick Carver. Après tout, pour sauver le peu qui nous reste on pourrait presque être capable de tout, même de faire subir ce que l’on aurait dû subir à d’autres familles. 99 Homes se déroule en 2010, en plein dans la crise qui a ravagé le coeur d’un pays qui avait des millions de gens incapable de joindre les deux bouts, entre le chômage et les problèmes financiers. On retrouve au casting un Michael Shannon (Take Shelter) véritablement charismatique et fort. Il s’impose du début à la fin comme la tête pensante du film et c’est d’ailleurs lui que l’on puisse plus que le personnage qui l’accompagne incarné par Andrew Garfield (The Amazing Spiderman)

Ce dernier est en train de se faire une toute nouvelle jeunesse dans un cinéma qui lui correspond beaucoup plus que les blockbusters ratés qui n’utilisaient pas forcément très bien son talent. Accessoirement, 99 Homes c’est aussi une histoire racontée avec finesse au travers d’un scénario qui ne cherche jamais à appuyer trop sur certains éléments narratifs un peu simplistes. Cela permet de passer un agréable moment tout en se posant des questions sur une situation qui en plus de ça est toujours loin d’être terminée pour pas mal de familles aux Etats-Unis. Ramin Bahrani signe ici son sixième film et il est plus engagé que jamais. Il veut nous montrer l’étendue des désastres qu’ont causés les banques simplement en spéculant sur le « petit peuple » qui n’a pas d’argent pour se défendre. Le rêve américain en prend un sacré coup mais tout cela est fait avec une ambiance ultra réaliste et bien pensé. On pourrait parler d’inspiration à la Steven Soderbergh dans les tons et dans la façon de mettre le tout en scène mais avec une oeuvre qui est derrière beaucoup moins bavarde et beaucoup plus posée. Le but est de contempler les désastres, un peu comme si Ramin Bahrani se substituait à un réalisateur de documentaire avec une fiction pas si éloignée de la réalité.

Note : 6.5/10. En bref, la crise américaine et ses conséquences.

Date de sortie : Directement en e-Cinéma


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