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Critique Ciné : Les Cowboys (2015)

Publié le 02 décembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Cowboys // De Thomas Bidegain. Avec François Damiens, Finnegan Oldfield et Agathe Dronne.


Premier film de Thomas Bidegain, ce dernier est plus connu pour avoir écrit le scénario de Saint Laurent, adapté La Famille Bélier ou encore De rouille et d’os pour ne citer qu’eux. Au fond, Thomas Bidegain sait ce que c’est que de raconter une belle histoire avec les sentiments qui vont avec et qui peuvent faire froid dans le dos. L’histoire de Les Cowboys est assez étrange au premier abord jusqu’à ce que l’on comprenne véritablement de quoi il en ressort et c’est ainsi que le film devient quelque chose de complètement différent, une sorte de réflexion sur la société occidentale et ce que le mal qu’elle a subit est en train d’engendrer. C’est un constat qui est aussi fait du point de vue de la société orientale (notamment du point de vue du Pakistan). Être authentique dans sa façon de raconter les problèmes entre l’occident et l’orient n’est pas si facile que ça, d’autant plus qu’il ne faut ni tomber dans les clichés de notre côté que de l’autre. C’est un film assez géopolitique qui nous propose une réflexion de fond sur des sujets assez étonnants : les droits de la femme, la religion, la guerre, le terrorisme, etc. Tout cela est entremêlé au milieu d’une histoire de famille qui du jour au lendemain est confrontée à la disparition de Kelly.

Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’oeil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre. Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid, son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.

Les Cowboys a l’avantage de parler de choses très actuelles mais j’aurais peut-être aimé qu’il soit là aussi pour éduquer un peu mieux notre société qui prône des valeurs de tolérance mais qui ne les respecte pas toujours. C’est assez intéressant de voir cette jeune pakistanaise être mal accueillie pour son voile au départ. Certes, l’occidentalisation va faire qu’elle va le laisser tomber par la suite mais ce film ne veut pas non plus faire une apologie de quoi que ce soit. Le film veut simplement nous raconter la vie difficile d’une famille qui met tout en oeuvre afin de retrouver la fille, Kelly. Le père et le fils se lancent alors dans un combat à bras le corps assez riche en émotions. François Damiens démontre à merveille qu’il peut encore une fois incarner des personnages dramatiques très forts. L’une des forces de cet acteur a toujours été de pouvoir incarner des personnages au cinéma qui sont aux antipodes de ce qu’il peut faire dans la vie avec ses caméras cachées par exemple. Car François Damiens est un comique à la base (qui ne se souvient pas de Dikkenek par exemple) mais dans Les Cowboys il surprend à sa façon. Cependant, ce n’est pas toujours lui le héros non plus.

D’un film réalisé et écrit par le scénariste de Jacques Audiard (avec son co-scénariste sur Dheepan), on n’en attendait pas moins. C’est un film engagé, très actuel qu’il délivre avec une réflexion qui aurait mérité d’être juste un petit peu plus poussée. Le fait est que Les Cowboys se concentre énormément sur les liens entre les personnages afin de créer une osmose entre le spectateur et l’histoire. Ce n’est pas facile non plus mais ce pari risqué est tenu, avec ses points forts et ses points faibles. Les Cowboys c’est l’occasion de se pencher sur des sujets que l’on a l’impression qui sont un peu occultés par moments alors que ce sont des choses qui arrivent souvent. Il y a une notion assez fataliste derrière ce film et pourtant, je trouve que Thomas Bidegain sait rester assez optimiste malgré tout. C’est aussi pour cela que j’aime bien ce qu’il fait ici. La narration aurait rapidement pu fondre comme neige au soleil à cause des ellipses. Si c’est un peu étrange par moment et que certains passages du film sont sacrément ennuyeux, on retiendra surtout l’ensemble et cette force de caractère qui sort du lot. C’est un premier film réussi qui propose une réflexion sur son temps, dans l’air du temps avec les paroles actuelles.

Note : 6.5/10. En bref, d’un film risqué sur un sujet à controverse, Thomas Bidegain réussi l’exploit de créer l’émotion et la sensation d’évolution de la pensée par la prise de conscience.


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