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In bed with Landry

Publié le 16 mai 2008 par Herbertlegrandkhan

Plusieurs lectrices ont été très impressionnées par la photo de Landry devant le local “Cocktails et bites” à Amsterdam. On me demande s’il est possible de rencontrer ce mythe et pourquoi pas d’en profiter jusqu’au lever du jour.

Et bien chères amies, pour avoir vécu cette expérience la nuit dernière, j’ai décidé de vous narrer mon expérience afin d’éviter à d’autres de cruelles désillusions.

Mon réveil indiquait 15h30, l’heure où les chats vont dormir… en fait, les chats dorment tous le temps, je ne sais pas pourquoi j’ai écrit cette phrase à la con… Pour faire poétique sans-doute. Je reprends : Phœbus, alangui dans le ciel, nous éclairait mollement dans sa demi-torpeur. Les oiseaux virevoltaient entre ses rayons chaleureux comme entre les traits d’une arbalète et sifflaient en imitant le bruit des camions. (Oui, l’ambiance est un peu surréaliste, mais c’est pour vous préparer à l’apparition de Landry.)

Ma sonnette retentit. J’ouvre la porte et découvre Landry avec un sourire radieux de jeune mariée. Allait-il me tendre avec amour un bouquet de fleurs ou une boîte de petits macarons ? Hélas, il me tendit deux énormes volumes de feuilles polycopiées. Ce fut ma première déception.

“Entre ! Lui dis-je, tu boiras bien un verre de vin en écoutant le dernier album de Didier Super.” Tandis qu’il s’allonge lascivement sur le canapé, il m’annonce qu’il doit partir le lendemain matin pour déposer une sauvegarde de sa thèse à la Sorbonne. Rançon de la modernité, l’université exigent en effet une copie informatique en plus des versions papier. Landry m’avait demandé si je pouvais enregistrer son travail en format doc et pdf puis graver le CD. J’acceptais sans même réfléchir. C’est l’affaire de quelques minutes, m’étais-je dit… à condition que ce con n’ait pas utilisé un pas utilisé un programme expérimental roumain incompatible avec les suites office. Naturellement, Landry est un utilisateur fidèle du programme wordperfect, à peu près contemporain de la navette Apollo 13. Aussi, quelques jours avant, m’avait-il annoncé “un léger soucis de mise en page”.

“Si tu as des problèmes, viens me voir, c’est sans doute une question de réglages… L’affaire d’une heure ou deux.” Ah ! L’ordure… Comment pouvais-je deviner qu’il ne connaissais pas les alinéas et les sauts de page ? Et que wordperfect avait été conçu par des malades qui prennent du plaisir en faisant le mal ?!

Dès mercredi, j’ai passé 6 heures à reprendre les tableaux un par un, remettre des alinéas, des sauts de page et modifier au cas par cas l’espacement des caractères, supprimer les sauts de ligne et les sauts de section intempestifs. Il m’avait dit : “Ne t’inquiète pas, dans le tome 2, il y a moins de lignes, la mise en page sera plus facile. Mais il ne m’avait pas parlé des inscriptions en grec ancien… Comme une jolie fille qui souffre d’une maladie vénérienne, il ne s’en était pas vanté ! Toutes les lettres accentuées avait purement et simplement disparu, uniquement remplacée par un trait ou un carré.

Nous avons passé 10 minutes pour insérer les accents disparus de la première ligne de la première inscription… Il était 18h00. Il nous restait environ 200 inscriptions de 1 à 7 lignes disséminées sur 570 pages. Nous avions travaillé près de 5 heures de suite quand je proposais à Landry de dîner. “Cela te dirait d’aller manger dans un restaurant gastronomique au sommet du Puy-de-Dôme ?” Je connaissais son goût pour les arts de la table et son côté bon vivant. “Je ne sais pas… c’est un peu loin et je dois me lever à 06h00 demain.” Soit ! Nous mangeâmes du poisson décongelé au four micro-onde. Une demi-heure plus tard, j’étais en train d’insérer les caractères spéciaux d’écritures anciennes dénichées sur Internet, suivant les indications savantes de Landry : “C’est le oméga avec un ziguigui. C’est le i avec un parapluie, le oméga avec un truc en haut et en bas, alpha avec un accent qui va à droite, un autre qui va à gauche et un point, le n avec un truc dessous et un chapeau avec une virgule…” Jamais je n’avais soupçonné qu’une écriture put avoir autant d’accents et de signes diacritiques. Je me félicitais au passage de la disparition des langues mortes et de la civilisation grecque en général. Il faut être complètement con ou Jurassien pour mettre quatre accents différents sur un seul caractère !

Travaillant sans relâche, nous avons terminé exactement à 04h05 du matin, le visage livide et les yeux tirés par la fatigue. Alors Landry, s’est est allé, au milieu de la nuit, sans même un adieu comme un parfait salaud.

Si des femmes (ou des hommes) souhaitent le rencontrer malgré ce récit édifiant, je me ferai un plaisir de vous donner sa date de soutenance (avec buffet gratuit), à la seule condition, que vous vous engagiez à mettre le bordel en criant : “C’est nul !” “Le grec ancien ça pue la patate !” “L’épigraphie c’est de la merde !” “Les Romains c’étaient des fiottes !”


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