Drown // De Dean Francis. Avec Matt Levett, Maya Stange et Jack Matthews.
Ce n’est pas facile d’être homosexuel encore aujourd’hui, même si la société a tendance à nous faire croire le contraire. Le film nous plonge dans une histoire avec ses atouts mais aussi ses moments les plus confus. Disons que le montage et le découpage de l’histoire est très étrange et il est parfois même difficile de cerner dans quel sens tout est raconté et comment les personnages vont bien pouvoir en arriver là où ils en sont arrivé. Le plus important dans ce film c’est la façon dont l’homosexualité reste difficile à vivre encore aujourd’hui et notamment dans un monde où la virilité ne peut être émasculée. C’est une vraie réflexion que le film propose, à sa façon, au travers du regard d’un Dean Francis (Road Train) assez souvent inspiré. En effet, tout au long du film, Drown enchaîne quelques fulgurances visuelles notamment les scènes de sexe entre hommes, toujours belles et lumineuses, jamais sales. D’ailleurs, les scènes de sexe sont parmi les plus belles de ce film, de par la façon dont les corps se chevauchent, tout en douceur. Avant de tomber à nouveau dans quelque chose de moins calme et de plus violent. Il n’y a pas forcément d’histoire derrière Drown, si ce n’est de suivre ces personnages au travers de la façon de s’auto-détruire.
Trois sauveteurs surfeurs lors d’une grosse soirée. La jalousie, les craintes homophobes et la luxure sans contrepartie vont se retrouver au milieu d’un trip alcoolisé et un bullying presque mortel.
L’homosexualité est souvent traitée du point de vue de l’homosexuel qui vit le bullying. Là c’est un point de vue différent que le film choisi en partant du point de vue de Len, un garçon dérangé qui a énormément de mal à confronter le monde, alors qu’il a été brisé par son père quand il était plus jeune. Je ne connaissais pas du tout Matt Levett mais sous les traits de Len, il est exceptionnel. Cette star du sport qui a des problèmes psychologiques, du mal à gérer sa colère intérieur et à trouver un sens à sa vie. Le personnage de Len est difficile à cerner car l’on ne sait pas trop sur quel pied danser avec lui. Dès que le film apporte un vent de tendresse, il nous offrir de vraies notes d’espoir complètement différentes. J’ai beaucoup aimé les images de la Gay Pride notamment, en parallèle des images de Len et Phil. Mais Phil est lui aussi torturé au fond de lui-même par son homosexualité qu’il assume mais pas totalement non plus, influencé encore une fois par ses amis (et notamment Len). Visuellement, le film a donc des idées qu’il exploite de façon intéressante du début à la fin. Le seul problème c’est que l’on ne sait pas forcément où est-ce que cela peut vraiment aller.
Drown est une sorte de grand huit dramatique qui cherche toujours à plonger les personnages dans des moments toujours plus difficiles. Il est rare de voir les australiens réussir en matière de fiction ces dernières années, mais je suis forcé de constater que Drown est une excellente surprise. Le film parvient à mettre en scène les problèmes d’un homme qui n’a aucune logique dans sa vie si ce n’est s’auto-détruire. La façon qu’il a de se détruire lui-même, de plonger dans une amitié destructrice. Le passage de la backroom est l’un des plus étranges du film mais qui fait partie des moments aussi étranges que réussis du film. Car c’est dans ce genre de moments que Drown vient à démontrer que visuellement c’est une réussite. Le parti pris visuel de Dean Francis est particulièrement intéressant par rapport à ce qu’il n’a de cesse de proposer. Toutes les scènes sont différentes, avec une ligne de conduite sur l’utilisation de la musique, de l’assourdissement des voix, etc. Les divers parallèle accentuent toujours de plus en plus la folie du personnage de Len jusqu’au bout. Il y a de jolis moments dramatiquement fort que le film parvient à mettre en scène de façon intelligente.
Note : 7.5/10. En bref, un film étonnant sur l’homophobie, la jalousie et les comportements auto-destructeurs.
Date de sortie : inconnue