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Quand le gouvernement contribue à l’abaissement de la morale publique par le recours à la délation

Publié le 05 décembre 2015 par Mister Gdec

Captureje vais encore passer pour un râleur. Encore tempêter contre un projet du gouvernement qui constitue à mes yeux une régression. Mais quand plus aucune valeur morale ne semble présider dorénavant à l’action publique, comment ne pas s’en indigner ? Le rôle d’éclaireur auquel j’aspire n’est-il pas d’attirer l’attention sur cette pente dangereuse sur laquelle glisse notre société ? Le climat n’est-il pas suffisamment trouble et délétère pour qu’on n’y ajoute encore la honte collective que constitue l’encouragement à la délation ?

L’information risque de ne pas passer inaperçue chez les contribuables français : le ministère des finances envisage de rémunérer les personnes fournissant des informations sur les fraudeurs fiscaux, selon des informations parues samedi 5 décembre dans Le Parisien.

« C’est à l’étude », a confirmé au quotidien le ministre des finances Michel Sapin, précisant en outre comment devraient être rétribuées les personnes fournissant des informations débouchant sur des redressements fiscaux :

« en pourcentage [du montant global récupéré par le fisc] non, mais une rémunération [forfaitaire] oui. Tout ça doit être calé en termes de procédures » (source)

j’entends déjà les grands défenseurs du Hollandisme triomphant, qui oblige à tous les grands écarts, jongleries et autres doubles discours tant à la mode :  « n’est-il pas davantage immoral de dissimuler ses revenus, de pratiquer la fraude fiscale, qui nuit si gravement à l’intérêt public, et lèse l’ensemble des contribuables ? » Certes, j’entends l’argument. Mais il ne saurait effacer le fâcheux signal que donne le gouvernement, qui devrait se montrer plus exemplaire en matière de morale publique. Pour s’en convaincre et s’en pénétrer, et cela bien que je sois tout à fait conscient que la morale soit devenue un sujet de raillerie généralisée, en une période qui devrait pourtant s’assainir en adoptant davantage de repères de ce type, de manière à structurer davantage le comportement de chacun, voilà ce que nous dit Wikipédia sur le sujet. A méditer :

La délation désigne une dénonciation méprisable et honteuse1. Elle consiste à fournir des informations concernant un individu, en général à l’insu de ce dernier, souvent inspiré par un motif contraire à la morale ou à l’éthique et donc honteux.

Tournée contre un individu ou un groupe d’individus, la délation est faite par un délateur, individu ou groupe de personnes, pour son propre gain (s’enrichir et accaparer les biens d’autrui) ou pour lui nuire de manière malveillante (jalousie, envie, haine). La fonction de délateur peut être créée et rémunérée par un pouvoir qui cherche à obtenir des renseignements contre ses adversaires ou ses ennemis.

Cette forme de trahison et d’opportunisme se retrouve de manière récurrente dans l’histoire et dans un grand nombre de civilisations2[réf. insuffisante], par exemple à travers l’image de l’usurpateur romain et ses espions (agent secret)3. Du point de vue de la stratégie, elle appartient aux modes de corruption. Elle peut également se manifester sous forme de faux témoignage ou de calomnie4 .

Le langage populaire a produit un lexique fourni pour désigner le délateur : « mouchard », « balance », « donneur », « indic », « poucave », « sycophante », « cafard » et de manière plus étendue « collabo », « traître » ou « Judas ».

Encouragée par des régimes autoritaires ou dictatoriaux ou par des forces d’occupation5, généralement occultée et anonyme, elle est facilitée par un pouvoir qui diffuse et défend des théories racistes et discriminatoires6[réf. insuffisante].

Des études semblent démontrer que la délation de proches ou de personnes au sein d’une même famille aurait été une pratique répandue en France lors de la Seconde Guerre mondiale7.

Dans une ambiance aussi pourrie que celle que connait notre pays actuellement, est-il vraiment utile d’ajouter à la méfiance généralisée qui confine de plus en plus  à la paranoïa ? L’état d’urgence n’a-t-il pas déjà suffisamment démontré ses limites et ses (nombreux) dérapages ? Cela ne va-t-il pas encourager les dénonciations calomnieuses, et les vengeances de bas étage ? Tant de questions que soulève cette pratique « honteuse et méprisable » devraient être creusées avant de s’affranchir ainsi de toute morale…


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