The Man in the High Castle // Saison 1. Episodes 6 et 7. Three Monkeys / Truth.
The Man in the High Castle est une série sophistiquée, capable de surprendre les téléspectateurs en racontant des histoires complexes avec l’ambition qui va avec. Ce n’est pas facile d’être à la hauteur d’une bonne histoire mais je trouve que pour le moment, The Man in the High Castle sait être à la hauteur. Après avoir construit la complexité de son univers et de la géopolitique de ce « nouveau » monde, nous entrons maintenant dans la seconde partie de la saison. « Three Monkeys » est pour le moment mon épisode préféré de toute la saison (même devant « Truth ») pour la simple et bonne raison que les choses avancent, que les relations évoluent et que nos personnages préférés semblent enfin entrer dans une nouvelle dynamique. Deux missions au sein d’un seul et même épisode pour les deux côtes américaines. Juliana enquête toujours sur le mystérieux « Man in the High Castle » que personne ne connait formellement pour le moment et leader de la Résistance, ou encore Joe et la tentative de ce dernier de lire des dossiers secrets dans le bureau de Smith. Tout cela est très intéressant. Ce sont des intrigues particulièrement bien menées, palpitantes mais là où The Man in the High Castle montre toutes ses forces dans sa façon de créer des conséquences.
The Man in the High Castle est une série d’espionnage et elle l’est de façon assez intelligente. Les personnages introduits dans le pilote sont en train de devenir différents au fil des épisodes alors que l’on en apprend plus sur eux, sur ce qu’ils doivent faire pour arriver à leur but. Comme Joe et Juliana par exemple qui sont les deux sont les leaders incontestés de The Man in the High Castle pour le moment (en tout cas, tant que l’on n’a pas rencontré ce fameux résistant que tout le monde recherche). Mon petit doigt me dit que l’on a déjà vu ce gentil résistant et qu’il ne se cache peut-être pas là où l’on pourrait bien l’imaginer. Ou bien ce n’est qu’un mythe créé de toute pièce. On ne sait pas forcément mais en tout cas, la série parvient à délivrer petit à petit des informations et à créer des chocs dans les relations entre les personnages qui permettent d’aller plus en profondeur. C’est une série qui prend son temps, on le sait très bien depuis le début et justement, la série parvient à démontrer de façon assez soignée toute la complexité de ses personnages. Plutôt que de casser la personnalité de chacun, la série a toujours voulu faire de chacun des personnages des gens de tous les jours qui se trouvent engagés dans une guerre qui n’était au départ pas la leur.
Le Trade Ambassador par exemple est quelqu’un de très différent de ce que j’avais imaginé au départ. C’est quelqu’un de beaucoup plus réfléchi et surtout emphatique que je n’aurais pu l’imaginer. Il inspire une certaine forme de loyauté chez les gens. Juliana de son côté ne peut plus faire demi-tour alors qu’elle est entré dans le terrier du lapin. Ce n’est pas facile d’être toujours à la hauteur de la tâche et la façon dont chacun des personnages est plus ou moins touché émotionnellement par ce qui se passe me plaît énormément. Cela change de beaucoup de séries d’espionnage qui ne mettant pas les émotions au entre de leur histoire. Puis il y a la scène finale de l’épisode et le sourire de l’Obergruppenführer John Smith. C’est une scène qui implique beaucoup de choses, car il y a une discussion intéressante qui est créée entre Smith et Joe au coeur de l’épisode. Mais ce n’est pas la seule découverte importante de cet épisode alors que Juliana découvre son beau-père dans le bâtiment nippon. Ces deux moments importants dans cet épisode permettent aussi de lancer le suivant sur une note excitante. L’excitation du téléspectateur dépasse ce que l’on aurait probablement pu imaginer au départ, surtout que The Man in the High Castle a su démontrer au fil des épisodes qu’elle était là pour monter petit à petit son histoire en épingle.
La présence de Michael Gaston dans « Three Monkeys » était peut-être un signe. J’adore cet acteur et il trouve toujours un moyen d’être là dans les moments les plus importants d’une série (enfin, c’est bien comme ça que je l’ai vu, que cela soit dans Lost, Mentalist ou encore d’autres séries comme Blindspot). Rufus Sewell de son côté est peut-être bien le plus intéressant ici qu’il n’avait pu l’être auparavant. Accessoirement, c’est Rudolph Wegener qui est aussi très intéressant alors que notre co-conspirateur nazi-impérial remet en question ouvertement l’Holocauste. L’épisode suivant, « Truth » ne nous révèle malheureusement rien de nouveau. Après la sophistication de « Three Monkeys », on était en droit de s’attendre à un épisode complètement différent ici. Mais cet épisode m’a donné l’étrange impression que The Man in the High Castle prenait son temps, comme une série de scènes qui seraient enlevées au milieu d’un épisode beaucoup plus intéressant. Il y a des moments importants comme avec Frank et Juliana qui discutent au début de l’épisode, ou encore la conséquence directe de la scène finale de « Three Monkeys » entre Smith et Joe qui laisse imaginer quelque chose de complètement différent.
Même si « Truth » a ses problèmes, cela ne veut pas pour autant dire qu’il est un mauvais épisode. Il y a une quête bien différente, beaucoup plus personnelle et touchante. On veut nous faire plonger au coeur des émotions des personnages et c’est ce qu’il y a de plus important. La place de Joe dans cet épisode est d’autant plus importante qu’elle change de ce que j’avais imaginé au départ. Il doit se battre pour lui dans cet épisode et pour lui seulement. Pas pour les autres. En nous introduisant Buddy et accessoirement la petite amie de Joe dans cet épisode, The Man in the High Castle continue de créer des implications émotionnelles (et notamment en créant de quoi faire chanter Joe plus facilement). Sans compter que Joe est aussi tombé sous le charme de Juliana, ce qui implique là aussi des éléments totalement différents. « Truth » n’est pas l’épisode que j’attendais mais quelque chose d’autre, beaucoup plus riche en émotions. Notamment du point de vue du Trade Ambassador. Ce dernier a l’émotion que l’on pouvait attendre comme plus ou moins introduite en partie de « Three Monkeys ». La place de Juliana au milieu de tout ça est là aussi assez intéressantes, rappelant à quel point The Man in the High Castle a vraiment fait des efforts pour nous impliquer autrement.
Au delà de cet épisode parfois un peu faible (peut-être aussi car je l’ai mal compris au départ, imaginant que The Man in the High Castle allait bâtir sur les cliffanghers et pas se reposer sur l’émotion des personnages) se cache quelque chose de beaucoup plus grand et surtout de très attachant.
Note : 10/10 et 7/10. En bref, derrière le second épisode parfois plus faible se cache quelque chose de très riche émotionnellement parlant.