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LGV Tours-Bordeaux: Vinci menace l’Etat et la SNCF

Publié le 05 décembre 2015 par Blanchemanche
#LGVToursBordeaux
Publié le 01-12-2015
LGV Tours-Bordeaux: Vinci menace l’Etat et la SNCF
Par Grégoire Pinson

Vinci se déclare en quasi-cessation de paiement sur la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Et agite la menace d’attaquer la SNCF devant la Commission européenne pour abus de position dominante


La ligne LGV Tours-Bordeaux en construction en avril 2014. AFPLa ligne LGV Tours-Bordeaux en construction en avril 2014. AFP
Cette fois, Vinci sort l’artillerie lourde. Majoritaire au sein de Lisea, le gestionnaire de la future ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux, le groupe s’affiche déterminé à aller au clash avec la SNCF mais aussi avec l’Etat. Bercy, Autorité de la concurrence, autorité de régulation ferroviaire et surtout Commission européenne : Lisea menace de sonner à toutes les portes pour dénoncer le comportement de la compagnie ferroviaire, si cette dernière n’augmente pas le nombre de trains prévus à la circulation en 2017 et qui permettront de rallier Paris à Bordeaux en 2h05. Laurent Cavrois, patron du consortium, a dressé avec son conseil David Préat, du cabinet d’avocats Clifford Chance, tout l’argumentaire juridique prêt à être déployé. L’ensemble a été dûment consigné dans une lettre adressée, fin novembre, à Alain Quinet, directeur général adjoint de SNCF Réseau.Ce document est particulièrement menaçant, selon les éléments recueillis par Challenges. Pour Lisea, le fait que la SNCF s’en tienne à 16,5 allesr-retours sur Paris-Bordeaux dès 2017 – contre les 19 voulus par le consortium – constitue un « abus de position dominante ». Lisea, qui évalue le manque à gagner entre 400 et 700 millions d’euros sur la durée de la concession (50 ans), menace de saisir les services de la concurrence de la Commission européenne. Cavrois refuse, selon les termes de la lettre, « qu’un acteur monopolistique puisse décider librement du maintien ou de la disparition du concessionnaire sans aucun égard pour le service public dont il est pourtant chargé ».

"Ils tapent fort"

Car pour lui, la liquidation de Lisea se dessine bel et bien à l’horizon. Les banques viennent de refuser le tirage d’un montant de 68 millions d’euros, indispensable pour le fonctionnement du consortium. Selon la filiale de Vinci, une négociation serrée est en cours pour libérer 136 millions d’euros en décembre. Mais les établissements financiers jugeraient que la viabilité du projet est incertaine. « Si ces tirages n’étaient pas autorisées et compte tenu de la situation de la trésorerie de Lisea, nous devrions alors déclarer au tribunal de commerce un état de cessation de paiement dans les 45 jours au plus tard, soit le 21 janvier », menace le consortium, dont font aussi partie la Caisse des dépôts, Meridiam et Ardian. Avec une conséquence de taille: la garantie de l’Etat devra jouer pour rembourser les créanciers à hauteur de 2,2 milliards d’euros.«Ils tapent fort, admet un observateur proche du transporteur ferroviaire, mais ils ont déjà obtenu cinq trains supplémentaires par rapport à juillet, soit un niveau de trafic qui devrait désormais rassurer les prêteurs ». D’autant, rappelle-t-il, que « la concession porte sur 50 ans. D’ici là le niveau de trafic pourra très bien augmenter, avec le prolongement de la ligne jusqu’à Toulouse par exemple, ou l’ouverture à terme du réseau à la concurrence ».Une clause de « revoyure » a d’ailleurs été proposée à Vinci par le médiateur Jean Auroux l’été dernier. Chargé d’aplanir les litiges entre la SNCF et les collectivités locales, cet ancien ministre du travail de François Mitterrand garde un goût amer des négociations. « J’ai essayé d’arrondir les angles pendant six mois avec Lisea, mais ils ne sont absolument pas flexibles, regrette-t-il. Vinci a gagné le match des autoroutes, ils veulent désormais gagner celui du ferroviaire, mais ils risquent d’entacher leur image en se montrant aussi intraitables.http://www.challenges.fr/challenges-soir/20151201.CHA2204/lgv-tours-bordeaux-vinci-menace-l-etat-et-la-sncf.html

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