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Critique Ciné : Un Français (2015)

Publié le 06 décembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Un Français // De Diastème. Avec Alban Lenoir et Samuel Jouy.


Alors que ce film a subit des pressions diverses afin de ne pas être diffusé dans les salles de cinéma françaises, et bien que je puisse comprendre pourquoi, le film ne valait vraiment pas tout ce foin. Je m’attendais à quelque chose de complètement différent, de beaucoup plus cru et à vif mais la façon dont le film persuade le changement est ridicule. Diastème (second long métrage après Le Bruit des Gens autour) revient donc au cinéma avec quelque chose qui manque probablement de pas mal de fond. Le début ressemble à un film de hooligans et de skinheads mal froqués, quand la seconde partie ressemble à un long pamphlet sur la rédemption bourré de facéties en tout genre. La violence de ce film est choquante certes, et cherche à faire le constat édifiant d’un lot de gens qui ont des idées racistes. Mais Diastème est loin d’arriver au bout du but qu’il s’était donné, se heurtant probablement à son incapacité à créer un vrai débat. Le film vaut donc plus pour le choc qu’il propose qu’autre chose, évitant toujours le débat (notamment quand Marco fait face à ses anciens potes Grand-Guy ou Braguette - quel nom ! - dans le futur et que finalement la confrontation n’a aucun intérêt car il n’y a aucune vraie réflexion proposée sur cette supposée rédemption).

Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de l'extrême droite. Jusqu'au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l'abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu'on a en soi ? C'est le parcours d'un salaud qui va tenter de devenir quelqu'un de bien.

On est très loin de ce que Jacques Audiard a proposé dans un registre différent avec Deephan (2015). Le film est donc maladroit dans ses intentions qui ne sont pas très claires. Le film tente de parler de tout un tas de choses complètement différentes sans trouver de véritable sens. On a donc l’impression que seule la violence est à retenir au milieu d’un film soutenant plus ou moins la haine sociale (au delà de la haine raciale, il y a aussi une haine contre les homosexuels que les radicaux identitaires ont toujours défendus) qu’il y a déjà dans ce pays. C’est un projet ambitieux que Diastème avait entre les mains mais il a échoué à créer un vrai débat, une réflexion intéressante. Alban Lenoir, très bon au demeurant, tente d’incarner Marco du mieux qu’il peut avec le peu de choses qu’il a véritablement à offrir. Son personnage est terriblement mal fichu, alors que le scénario le laisse passer du côté sombre à l’autre côté sans que l’on ne comprenne véritablement l’intérêt. Il aurait été intéressant de creuser la psychologie du personnage (et c’est quelque chose que le film ne sait malheureusement pas faire). En effet, on se retrouve avec un film plus cliché qu’autre chose, qui se répète encore et encore en nous crachant plus ou moins à la figure une soupe ennuyeuse et inintéressante au possible.

Moi qui aurait été voir un film qui sait ce qu’il veut et qui défend ses principes avec des arguments, j’ai été vraiment déçu. C’est un film qui, d’un point de vue cinématographique, aurait pu être intéressant. Sauf que la mise en scène de Diastème n’a pas grand chose à offrir de neuf alors que le regard qu’il propose reste assez médiocre dans son ensemble. Il n’y a pas vraiment de surprises d’ailleurs dans l’utilisation des tons (le terne pour la violence crue et sauvage), les plans-séquences pour nous faire partager toujours plus la vie de ces personnages (sans que cela ne soit utilisé à bon escient non plus) et c’est sans parler du fait que tout ce qui est vécu tout au long du film manque de crédibilité. J’aimerais bien connaître l’avis de Diastème sur son film dans quelques années alors qu’ici, on a plus l’impression qu’il a fait cela à la hâte, sans jamais vraiment comprendre ce dont il parle. Le film qu’il a fait s’est probablement plus nourri des faits divers et de ce que l’on peut voir à la télévision (d’ailleurs, Un Français a un rapport assez important avec ce qui se passe à la télévision, diffusant continuellement des images d’archives que cela soit de Jean Marie Le Pen en 1995 ou encore des manifestations contre le mariage pour tous). Ces images n’ont aucun impact dans le sens où à chaque fois qu’elles sont diffusées, elles n’ont pas le véritable (et bon) impact.

Note : 1/10. En bref, Un Français est un film vide qui ne creuse jamais vraiment son sujet, se cachant derrière une violence crue et un sujet fort pour attirer l’oeil sans jamais l’accrocher. Reste alors Alban Lenoir, seul contre tous.

Date de sortie : 10 juin 2015


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