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Chaque année, 800 jeunes environ, âgés de 15 à 24 ans se ...

Publié le 06 décembre 2015 par Daniel Leprecheur

Chaque année, 800 jeunes environ, âgés de 15 à 24 ans se suicident. Pour lutter contre ce fléau, les établissements scolaires font de de la prévention auprès des adolescents.

« Le suicide, 2e cause de mortalité chez les 15-24 ans »

suicice adolescent

Organiser des débats à l’école, un bon moyen de prévention.

La France se devait de réagir. Pour aller à la rencontre des adolescents, la prévention doit en particulier se faire dans le milieu scolaire. Malgré quelques réticences, elle s’organise dans certains établissements. Depuis 1999, un programme national a été lancé et 11 régions sur 21 ont mis en place des initiatives régionales.

DÉPISTER les jeunes en souffrance

Une des priorités pour la prévention du suicide, c’est la formation de l’équipe scolaire (enseignants, infirmières, aide- éducateurs…) afin qu’elle soit en mesure de dépister les jeunes en souffrance psychique.

« Nous organisons des formations pendant lesquelles nous leur exposons les signes avant-coureurs classiques et la façon d’aller vers un jeune en difficulté », explique Rémi Badoc, président de l’association Sépia.

Deux questions reviennent fréquemment : quand un jeune parle de suicide, dois-je le prendre au sérieux ? Et que dois-je faire ? »

L’expression d’idées suicidaires ne doit pas être banalisée, mais toujours prise au sérieux.

« On ne demande pas aux enseignants de s’occuper de cet élève, mais de signaler son cas au sein de l’établissement scolaire. »

L’école est un relais fondamental pour repérer les adolescents qui vont mal et les diriger vers d’autres professionnels à l’extérieur de l’école, pour travailler en réseau.

Attention aux idées reçues, qui peuvent être fatales !

« Ceux qui parlent de suicide ne passent jamais à l’acte.»

Faux ! Il faut toujours prendre au sérieux quelqu’un qui parle de suicide. La plupart des tentatives sont précédées de signaux d’alerte plus ou moins explicites.

« C’est un choix individuel, on n’a pas à intervenir.»

Faux ! Celui qui pense au suicide se sent au contraire dans une impasse et considère qu’il n’a plus le choix,

« Chez l’adolescent, la mort n’est jamais souhaitée, mais elle apparaît comme la seule solution pour mettre fin au mal-être. Soyez au contraire actif pour l’aider à s’en sortir.

« Parler du suicide à un adolescent suicidaire est dangereux.»

Faux ! Parler du suicide, c’est permettre à l’adolescent d’être reconnu dans sa souffrance. Osez dialoguer et posez des questions directes, sans pour autant faire passer un interrogatoire. Incitez-le à ne pas rester seul dans sa détresse et faites-vous aider auprès de professionnels.

« Ceux qui avalent des comprimés ne veulent pas vraiment mourir.»

Faux ! Il n’y a pas de relation entre le moyen employé pour une tentative de suicide et la gravité. Il n’y a pas de petite et de grande tentative de suicide.

II (elle) parle de suicide : comment réagir ?

Ce qu’il ne faut pas faire

  • Lui faire la morale.
  • Minimiser, en expliquant qu’avec le temps tout s’arrangera.
  • Lui dire de ne plus penser à la mort
  • Donner ses recettes du bonheur : chacun a sa manière d’être heureux.
  • Tout faire à sa place et l’assister complètement.
  • Avoir réponse à tout.

Ce que l’on peut faire

  • Parler avec calme du suicide, sans avoir peur d’aborder le sujet.
  • Essayer de comprendre ce qu’il (elle) vit.
  • Lui montrer que l’on tient à lui (elle).
  • Chercher ensemble des solutions.
  • Lui expliquer qu’il (elle) n’a pas besoin de menacer de se suicider pour s’assurer de votre compréhension, mais surtout ne pas rester seul avec lui (elle).
  • Allez chercher de l’aide auprès de professionnels.

L’infirmière scolaire : une INTERLOCUTRICE PRIVILÉGIÉE

L’infirmière est souvent le premier interlocuteur d’un jeune en souffrance.

« Je me souviens d’un élève qui avait fait une tentative de suicide et qui venait me voir régulièrement au prétexte de petits bobos, raconte Monique, infirmière depuis douze ans dans un lycée. C’est plus facile de dire que l’on a mal au ventre que de dire que l’on va mal. »

Malheureusement, beaucoup d’établissements n’ont pas d’infirmière attitrée.

Pourtant, elles sont un maillon important pour repérer un élève en crise suicidaire et donner l’alerte.

Contrairement aux idées reçues, les jeunes à risque consultent le corps médical plus fréquemment que les autres adolescents.

Camille, une élève de 17 ans qui a déjà fait deux tentatives de suicide, témoigne :

« Je ne savais pas à qui m’adresser et comment en parler. J’avais l’impression d’être transparente. L’infirmière m’a mise en confiance sans me faire la morale et j’ai tout lâché. Ce dialogue m’a aidée à ne pas repasser à l’acte et m’a permis de franchir le cap pour consulter un professionnel. »

Une ÉCOUTE attentive

Trop souvent encore, les idées et les actes suicidaires sont peu reconnus par les adultes, enseignants ou parents.

« Certes, l’idée de la mort fait partie intégrante de cette métamorphose qu’est l’adolescence, explique le Dr Alain Meunier, président fondateur de la Note Bleue. Mais quand cette idée persiste, il faut la prendre très au sérieux. »

Il est indispensable de rappeler que « lorsqu’un père ou une mère a des soupçons concernant un risque suicidaire chez son enfant, il doit toujours suivre son intuition et intervenir », ajoute Brigitte Cadéac, responsable du plateau téléphonique à Fil Santé Jeune.

Chez certains adolescents, qui ont planifié leur suicide, on observe parfois, quelques jours avant leur passage à l’acte, une amélioration de leur état : ils sont subitement plus gais, plus affectueux, plus enjoués…

Cela correspond à un soulagement, car leur décision est prise. Dans cette phase, il faut particulièrement renforcer sa vigilance, car cela peut être le signe d’un passage à l’acte imminent.

BRISER l’isolement

Un autre axe de la prévention du suicide est l’organisation de débats dans les lycées auprès d’élèves volontaires.

« À Suicide Écoute, nous organisons en Ile-de-France des rencontres avec des jeunes. Une fois passés le cap glaçant du sujet, la pudeur et parfois la provocation de certains, les élèves nous posent beaucoup de questions. »

Contrairement aux adultes, le suicide n’est pas tabou pour eux. Rémi Badoc, qui organise des débats dans le Bas-Rhin, sait qu’il « ne peut pas régler en deux heures le problème d’un adolescent en souffrance… Il s’agit d’expliquer aux élèves qu’il ne faut pas rester seul avec son mal-être et ne pas avoir honte d’en parler & à des adultes, qui pourront les aider. On a gagné le jour où ils ont compris qu’ils ont besoin des autres et que les autres ont besoin d’eux. Il faut briser l’isolement ».

À l’occasion de ces rencontres, certains élèves racontent l’histoire d’un copain ou d’une copine qui leur a fait jurer de ne pas parler de son intention de se suicider.

« On leur répond que c’est bien de respecter la parole d’un (ou d’une) ami(e), mais quand il s’agit de vie ou de mort, il faut la transgresser, poursuit Isabelle Chaumeil-Gueguen, vice-présidente de Suicide Écoute. Ce secret est trop lourd à porter seul, il faut le partager avec un adulte, qui pourra venir en aide. »

Aujourd’hui, les choses commencent à bouger au sein des établissements scolaires.

Mais beaucoup reste à faire, particulièrement au niveau de la formation des enseignants et des infirmières scolaires concernant le dépistage des élèves en crise suicidaire

À qui s’adresser ?

Au sein de l’établissement scolaire :

  • à l’infirmière ou au médecin scolaire ;
  • à l’assistante sociale, à un enseignant ;
  • au conseiller pédagogique d’éducation ;

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