Qui ne connait les Brigades Internationales venues au secours de la République Espagnole ? Qui ne sait que des éléments Italiens, allemands et autres alliés des nazis firent le voyage pour soutenir les troupes de Franco ? Qui n’a appris que les vaincus s’échappèrent par les Pyrénées vers une France bien peu accueillante ?
Mais, même pour ceux qui savent que des républicains espagnols furent parmi les premiers à participer à la libération de Paris, combien imaginent qu’une partie de la jeunesse espagnole, essentiellement des phalangistes, s’engagèrent dans la Wehrmacht ?
Plus de 35000 d’entre eux furent regroupés dans la "Division Bleue" qui fut notamment engagée dans la bataille de Stalingrad contre les russes. Ces hommes portaient les uniformes bleus de la milice phalangiste, d'où le surnom de la Division Bleue. Le général Munoz Grandes, un « héros » de la guerre civile, connu pour ses sympathies pro-Axe, fut leur commandant, avant d’être rappelé en Espagne par Franco et de passer la main à Esteban Infantes. On peut aussi citer quelques colonels, Miguel Rodrigo Martinez, Pedro Pimentel Zayas, José Vierna Trábega, José Martínez Esparza… qui, tous, s’illustrèrent dans cette infamie. Certes ces espagnols ne furent pas les seuls. Depuis Mario Rigoni Stern et son magnifique livre « Le sergent dans la neige », on sait que des italiens participèrent également aux troupes de l’Axe. Toutefois, le contexte était différent. Les soldats italiens n’eurent pas droit au chapitre ; leur pays était en guerre aux côtés de l’Allemagne selon la volonté du "Duce". L’Espagne, par contre, n’était pas engagée dans la Seconde guerre mondiale. Si des espagnols se retrouvèrent au cœur du conflit, c’est qu’ils en avaient décidé ainsi. On peut d’ailleurs se demander si d’autres pays ne furent pas également impliqués. La Wehrmacht ayant alors accueilli bien d’autres nationalités. Car, malgré les différences culturelles, les heurts et parfois le mépris des troupes allemandes, ces soldats avaient une motivation certaine au combat. Tout comme les italiens, les troupes espagnoles s’illustrèrent par leur bravoure alors même que l’autorité militaire allemande les plaçait en première ligne et que ses propres troupes subissaient des revers. Nouvelle péripétie dans cet épisode historique lamentable, la toute récente révélation du député Andrej Hunko, membre du parti de gauche « Die Linke », qui, en demandant quelques explications à la Chancelière Merkel, nous apprenait que l’Allemagne verse depuis lors des pensions aux survivants espagnols de la Division Bleue. 70 ans ont passés et les survivants de cette époque ne sont plus très nombreux. Mais plus de 100 000 euros sont encore versés chaque année aux 41 anciens membres de la "División Azul" ainsi qu’à neuf survivants de leurs familles.Plus grave encore est du coup ce refus permanent de ce même État allemand de dédommager les citoyens grecs victimes des atrocités nazies alors même que la Chancelière est le leader de l’inflexibilité européenne dans l’affaire du "Grexit". Deux poids, deux mesures qui étrangement n’interpellent pas grand monde dans cette Europe de plus en plus malmenée par l’extrême droite des néo-fascistes. Si aucun accord n’existe entre la Grèce et l’Allemagne, celui signé avec l’Espagne date quand même des années 60 et prévoyait en contrepartie le versement de pensions aux vétérans de la Légion Condor nazie responsable de crimes de guerre dont cette impitoyable destruction de la ville de Guernica durant la guerre civile espagnole, preuve supplémentaire que le pouvoir allemand a toujours et continue encore de protéger les nazis.
Que Fera l’Europe, qui est toujours prompte à faire juger des criminels de guerre lorsqu’ils sont africains ?L’avenir nous le dira car la question a été posée au Parlement Européen par Andrej Hunko en collaboration avec Josu Juaristi Abaunz du Pays Basque, qui est membre du groupe parlementaire de La Gauche Unie Européenne-Gauche Verte Nordique (CUE/NGL).
Bizarrement, le sujet n’a pas l’air de mobiliser les médias européens. A ma connaissance, l’un des seuls a avoir évoqué ce scandale, n’en est pas un (il s’agit du comité grec contre la dette, voir l’article, bien évidement en grec, sur leur site Contra Xreos
Sur l’histoire de la Division Bleue, voir l’article (en anglais) de William Sariego.