
Le Chronique Cinéma de Christian Seveillac pour Toulouseweb
Il faut savoir parfois s'abstraire de l'actualité immédiate, en cinéma comme en toutes choses... " Mon roi " était en fin de parcours cinématographique, la semaine dernière, à l'UGC Toulouse, et je l'ai vu pour vous, fidèles lecteurs... Le film a aujourd'hui disparu des écrans, après une carrière honorable, sans être exceptionnelle, comme celle de " Polisse ", l'avant-dernier film de Maïwenn en tant que réalisatrice, qui avait cumulé plus de deux millions d'entrée en France en 2011.
Maïwenn a 39 ans, possède une solide expérience du métier, en tant qu'actrice et réalisatrice, un peu comme sa sœur, Isild le Besco, avec laquelle, outre les liens familiaux, elle partage une carrière étonnamment parallèle : actrice et réalisatrices toutes les deux, elles ont aussi tâté de la production on aurait dit autrefois que ce sont des " enfants de la balle ".
Dans " Mon roi ", on se colle à la réalité des sentiments, on malaxe la pâte humaine sans complexes, on crie et on pleure sans avoir honte des sentiments que l'on éprouve... C'est intense, fusionnel, parfois à la limite de l'hystérie, c'est plein d'énergie... C'est du cinéma français pur jus !
Réfléchissons un peu : au fond, les réalisatrices ou les réalisateurs français sont toutes et tous des enfants de François Truffaut et de Maurice Pialat : Truffaut pour l'exploration inépuisable du sentiment amoureux, Pialat pour la violence des conflits que ces sentiments provoquent (" Nous ne vieillirons pas ensemble ", l'un de ses plus beaux films). Et Maïwenn, dans " Mon roi ", obtient de ses acteurs des performances remarquables, parce qu'Emmanuelle Bercot, (bouleversante, dans ce film, en femme qui se reconstruit physiquement et moralement après un grave accident), Emmanuelle Bercot qui a eu le Prix d'Interprétation Féminine à Cannes cette année, est aussi réalisatrice de films, et donc sait jusqu'où l'on peut amener un acteur ou une actrice sur un plateau de cinéma...
Mais n'oublions pas les hommes, aussi, et notamment Vincent Cassel... Celui-ci, qui ressemble, l'âge avançant, de plus en plus à son père, est absolument formidable, dans " Mon roi " en play-boy un peu louche, travaillé à la fois par son envie compulsive de faire des conquêtes, et son désir, sincère, de paternité.
Le cinéma français, ce sont de beaux sujets... Mais aussi, actuellement, une pléiade d'acteurs masculins bourrés d'énergie et de talent, qui ont la trentaine, la quarantaine, et qui éclatent sur les écrans. De Pierre Niney à Vincent Cassel, de Guillaume Canet à Pierre Rochefort, il y a du lourd !
En ces temps de désespérance, voilà une belle raison d'espérer...
