Si l’Accord de Paris est adopté dans les prochaines heures, les 196 pays réunis auront fait un pas de plus, ensemble. Au final, la COP21 a donné lieu à un accord nécessaire mais paradoxal dans lequel les Etats reconnaissent la nécessité de lutter contre le changement climatique, en fixant des objectifs tel le seuil des 1,5°C de réchauffement, mais sans convenir de moyens et d’actions suffisantes pour y parvenir. ACF reconnait que l’Accord fait une meilleure place à la question de l’adaptation et à son financement, questions clefs pour les plus vulnérables. Cependant, cela reste un consensus fragile pour protéger les plus vulnérables et en premier lieu les 795 millions de personnes qui souffrent de la faim.
« Les changements climatiques impactent déjà très fortement les populations vulnérables. Avec les INDCs (1) actuels, on ne pourra pas tenir les 1,5°C. Le monde se dirige vers une trajectoire à 3°C de réchauffement. A ce rythme, ce sont plus de 600 millions de personnes supplémentaires qui souffriront de la faim d’ici à 2080 en raison des changements climatiques. » résume Peggy Pascal, chargée de plaidoyer sécurité alimentaire.
La sécurité alimentaire dans l’Accord
Pour la première fois la sécurité alimentaire est entrée dans le préambule de l’Accord. Action contre la Faim salue cette reconnaissance notable du lien entre changement climatique et sécurité alimentaire. Nous ne manquerons pas de rappeler aux Etats qu’ils ont à nouveau souligné l’importance de protéger la sécurité alimentaire et de mettre un terme à la faim (2).
Cependant Action contre la Faim regrette le manque d’ambition des Etats dans la partie qui fixe l’objectif de l’Accord (3).
En refusant d’ancrer l’Accord sur la reconnaissance des droits de l’Homme et en rappelant que les réductions d’émissions de gaz à effet de serre ne doivent pas menacer la production agricole, les Etats tentent de repousser la transition –pourtant urgente et nécessaire - de leurs systèmes agricoles vers des modèles moins polluants. Ces dernières années, la question agricole avance difficilement dans les négociations internationales et est reléguée dans un agenda parallèle ouvert aux fausses solutions. En refusant de parler de sécurité alimentaire et en revenant au terme restrictif de production agricole, les Etats (notamment l’Argentine) font le jeu du commerce international et de l’agro-business au détriment des plus pauvres. Comme le souligne Bertrand Noiret, chargé de plaidoyer faim et climat, pour ACF « Il est regrettable qu’au lieu de reconnaitre haut et fort le besoin d’accroitre les efforts pour garantir la sécurité alimentaire des populations les plus impactées par le changement climatique, les Etats posent des jalons pour leur permettre de continuer à promouvoir des pratiques agricoles non durables, voire parfois basées sur l’accaparement de terres et la déforestation. »
Les actions continuent sur le terrain pour soutenir les populations vulnérables
Alors que la fréquence et l’intensité des catastrophes climatiques vont augmenter, Action contre la Faim continuera, sur le terrain, à préparer les populations les plus vulnérables pour augmenter leur résilience en amont des incidents et des bouleversements chroniques induits par le changement climatique. Enfin, Action contre la Faim continuera à promouvoir la nécessaire transition de nos systèmes alimentaires et à veiller à ce que les fausses solutions n’entravent pas encore plus les droits des plus fragiles.
Contact presse : Léa Vollet – [email protected] - +33619789451
(1) Contributions prévues déterminées au niveau national
(2) Adoption des Objectifs du Développement Durable en septembre 2015 : éradiquer la faim d’ici à 2030.
(3) L’objectif de l’accord est «d'augmenter la capacité d'adaptation aux impacts négatifs du changement climatique et d'encourager la résilience au climat et le développement des émissions de gaz à effet de serre, de manière à ce que la production alimentaire ne soit pas menacée ».