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Critiques Séries : London Spy. Saison 1. BILAN (UK).

Publié le 14 décembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

London Spy // Saison 1. 5 épisodes.
BILAN


La série de BBC Two a réussi à parler d’espionnage différemment. Tom Rob Smith, à qui l’on doit notamment le roman Enfant 44 démontre ici sa fascination pour le monde de l’espionnage pour son premier script (et surtout sa première création sérielle). L’ensemble des 5 épisodes fonctionne en grande partie grâce au talent de ce scénariste qui a su créer un drame social plus qu’un drame d’espionnage. Car si bien évidemment le héros est un espion ce n’est pas ce qu’il y a de plus important. Derrière se cache l’histoire de Danny, incarné par un Ben Whishaw particulièrement fort. Ce dernier parvient à nous délivrer des émotions assez fortes qui sortent du lot. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que London Spy soit une série aussi forte et incarnée mais le résultat est au rendez-vous car justement, le scénario est parfois très psychédélique, sombre mais il nous plonge justement dans cette histoire sous cet angle de dépression psychique. On retrouve donc Danny, alors qu’il s’agit d’un homme qui a la particularité d’être homosexuel. C’est une façon moderne vous allez me dire de parler de relations amoureuses mais c’est beaucoup plus que ça. Car Alex, l’homme dont il tombe amoureux est mystérieux, asocial, énigmatique et surtout c’est un agent des services secrets britanniques. Ce qui contraste avec Danny qui est plutôt quelqu’un d’hédoniste et romantique.

Alex va un jour disparaître, laissant Danny seul. Surtout quand ce dernier trouve par la suite son corps. Danny va se rendre compte qu’ils vivaient tous les deux, deux vies totalement différentes. Danny vient d’un monde d’excès en tous genre, de clubbing, d’une homosexualité passée dans certaines sex party sous G. C’est d’ailleurs une partie assez intéressante de la série qui permet de parler aussi d’un angle beaucoup plus déprimant de la vie d’un homme qui a voulu échapper à une certaine réalité. Tout cela jusqu’à ce qu’il découvre qu’il est atteint du SIDA. C’est un autre moment terrible qui démontre aussi à quel point cette terrible maladie frappe encore de nos jours des millions de gens dans le monde. Si la disparition d’Alex est un fait établit, Danny va également découvrir les passions d’Alex, celui dont il était raide dingue alors qu’il trouve son donjon de pratiques BDSM en tout genre. Cette partie de la série est là aussi très intéressante, surtout par rapport à la façon dont London Spy cherche à montrer les découvertes que fait Danny sur celui qu’il aimait et dont il ne savait fichtre rien.

Car oui, finalement Danny ne savait rien du tout d’Alex mis à part qu’il l’aimait. Je pense que Tom Rob Smith a voulu raconter les dangers de l’amour et de ne pas tout savoir de l’autre. Quand on tombe sur quelqu’un d’énigmatique, on est souvent fasciné par ce qu’il pourrait représenter derrière sa carapace. Je suis déjà tombé sur quelqu’un de très mystérieux qui ne voulait jamais parler de sa vie. C’est d’ailleurs peut-être un peu de lui qui a déteint sur moi alors que je suis de moins en moins enclin à parler de ma vie privée aux autres, même à mes amis. Si je vous parle de moi c’est pour vous dire à quel point London Spy m’a semblé par moment être un miroir de ce que j’ai déjà pu vivre de ce point de vue là. Ce n’est pas facile de raconter une histoire de kidnapping, de meurtre, de façon originale et le point de vue est ici très différent. L’homosexualité est un point de vue très original déjà, surtout dans ce genre de séries, mais ce que j’ai aussi trouvé de très intéressant c’est la façon dont les névroses sont mises en scène. La réalisation est très importante dans cette série, s’inscrivant parfaitement dans la lignée de certaines séries comme Broadchurch. L’esprit dépressif reste le même, dans un esprit ici beaucoup plus sélectif et moins familial.

London Spy a aussi beau parler de sexe et de sexualité, c’est aussi une réflexion pleine d’âme. C’est une série habitée et Ben Whishaw est magnifique dans ce rôle qui lui va comme un gant. Il n’en fait jamais des tonnes, reste toujours propre dans sa façon de délivrer les émotions. Notamment le moment où il apprend qu’il est atteint du SIDA ou encore le moment où il apprend ce qui est réellement arrivé à Alex (et pour le coup, j’ai trouvé ça horrible). Car petit à petit on apprend des choses sur l’univers de London Spy, sur Alex et qui il était réellement en dehors de sa relation avec Danny. Car le point de vue de Danny n’était pas suffisant pour nous permettre de cerner parfaitement le personnage. En laissant le héros souvent errer, passer des moments en silence, la série questionne donc le silence et sa place dans un tel univers. Côté casting, London Spy invite également Charlotte Rampling qui n’avait pas connu de rôle aussi fort depuis un sacré bout de temps (quand je pense qu’elle a été terriblement gâchée dans la dernière saison de Dexter…). Nous avons aussi Jim Broadbent, autre membre du casting qui délivre une prestation émotionnellement riche pour être lié à Danny dans la série.

Si London Spy a déçu une bonne partie de la presse britannique, c’est personnellement l’une des nouveautés de la rentrée les plus intéressantes. Il y a une réflexion très intimiste sur les relations amoureuses sur fond de thriller d’espionnage qui change encore une fois de ce que l’on a pour habitude de voir. Au départ London Spy me laissait circonspect car je ne savais pas du tout quoi en attendre et vers quoi elle se dirigeait réellement mais le résultat est là et sincère.

Note : 8/10. En bref, 5 épisodes d’une série étonnante et intimiste sur le problème de ne rien savoir de l’autre quand on est amoureux…


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