Loupiot, Harry Potter ne parvenait pas à m’émerveiller à la manière de Star Wars. Les magiciens de Poudlard avaient réussi leur prestige sur les ami-e-s de la cour de récréation tandis que l’idée, les critiques, la publicité voire les acteurs peinaient, à titre personnel, à convaincre. Un excellent ami tentait de partager sa conviction à l’époque où l’on se partageait des VHS : après visionnage, les impressions restaient ni mauvaises ni excellentes. L’avenir d’Harry Potter sur grand écran a scandé des années de cinéma avec un sentiment constant : l’univers si faste ne parait illustré qu’en partie, les nuances d’un roman en moins.
L’annonce d’un nouveau film issu de la franchise Harry Potter (L’annonce d’une préquelle ? Une des histoires parallèles de l’univers Harry Potter ?) contribue à un regain d’intérêt, vers la saga littéraire si possible. L’exigence de lecture visait un confort aujourd’hui imaginable : les éditions Gallimard jeunesse, à la reliure friable et peu conçue pour durer dans le temps, gagnent désormais en épaisseur et qualité grâce à des éditions semi-luxueuses bienvenues ! Assez peu promues, les versions Deluxe allient esthétique, plaisirs et désirs de lire et solidité, c’est-à-dire les composantes nécessaires pour s’adresser non plus seulement aux plus jeunes … Mais aussi aux enfants devenus adultes laissés dans l’attente, curieux de découvrir autrement le phénomène Harry Potter.
Conte universel, année après année.
Les illustrations originales préfigurent sur l’étui de protection tandis que le vert domine. Mais … La qualité est bien présente.
Harry Potter surnage dans sa catégorie : pour preuve, les films et autres produits dérivés ont extirpé l’auteure J.K. Rowling d’une précarité financière pressante. Manquait-il, quoiqu’on en dise, un format respectable : un conte fascinant peut aussi par le livre en tant qu’identité et premier contact avec une oeuvre littéraire. Pour les codes de l’apparat, les éditions Gallimard justifient sans peine le prix de 30€ par tome. (Soit 180€ (30 x 7) pour une collection uniformisée.)
L’objet est plus imposant, (Etui inclus, la hauteur est d’environ 24,2 cm; la largeur mesure environ 16 cm.) la reliure remporte la palme de l’élégance grâce à une tranche esthétique. (Etoiles, années, le tout en écriture brillante …) La finition s’achève sur un lamage doré pour les quelques 300 pages du roman : le format aurait pu être resserré tant la police d’écriture est large, rappelant que l’oeuvre se destine aux plus jeunes …
Un petit carré rappelle les premières de couverture des éditions originales. Une apparence finale assez discrète.
Visuellement, les dessins originaux de Jean-Claude Götting, où une certaine innocence s’en dégagent, occupent une place désormais plus réduite sur la première de couverture. Des choix visuels qui ont peut-être tardé la lecture des unes et des uns, tout en demandant pourquoi J.K. Rowling n’a pas voulu ou n’a pas obtenu les droits nécessaires pour profiter des affiches des différents longs-métrages … Littérairement, enfin, l’émersion depuis l’univers magique se veut aussi instantané que le premier film des années 2000 de Chris Colombus.
La police d’écriture vise à la fois un confort optimal … et le public plus jeune.
Le chapitre I manie les phrases simples, parfois peu rythmées, souvent bienveillantes à sa manière de reprendre les prénoms britanniques ou imaginaires. En un tour de magie, la fluidité de la lecture à tout âge fonctionne avec un peu plus de détails que les films eux-mêmes. En contrepartie, la part d’imagination se suspend, laisse même derrière elle quelques déceptions dans cette première lecture, la réputation d’Harry Potter donnait plus de chances à une introduction plus grandiose.
L’apogée d’Harry Potter s’étant tassé, la faculté à distinguer les vagues souvenirs cinématographiques de la volonté originale de J.K. Rowling devient des plus intéressantes. Après la fin des 8 films, Harry Potter doit survivre en tant que franchise fascinante : un nouveau film s’annonce, des récits annexes s’éditent et des rééditions sont sur les rails …
Le renouveau d’un succès.
Les 7 tomes des versions Ebooks / liseuses / tablettes ont été dévoilées par l’artiste Olly Moss. De véritables réussites uniquement dématérialisées …
En France, en dehors des formats Deluxe d’Harry Potter, toute la gamme jeunesse renaît en soulignant les images fortes des 8 longs-métrages. La traduction ne bouge pas d’une virgule, contrairement à la réédition des tomes Le Seigneur des Anneaux évoqué l’année dernière sur le Blog LaMaisonMusee.com .
La version illustrée est supervisée par Jim Kay … Le résultat devient l’un des plus séduisants de ces dernières années.
La deuxième jeunesse d’Harry Potter se veut internationale et définitivement pour tous les publics, de la jeunesse jusqu’aux possesseurs de liseuses/tablettes. Dans un premier temps, le renouveau graphique revient à la toute première nature littéraire de l’oeuvre dans un format conte-jeunesse nommé sobrement Harry Potter : A l’Ecole des Sorciers – Beau-livre collector par Jim Kay. Entièrement illustré et sans être simplifié, l’identité graphique associe beaucoup plus de douceur, de nuances et d’imagination qu’autrefois.
Pour les adeptes de la lecture dématérialisée, l’illustrateur anglais Olly Moss a su réinventer chaque tome en créant des couvertures gigognes où chaque image en comporte une ou plusieurs autres. Dommage : ces versions auraient tant méritées de figurer sur les formats papier …
Pour prolonger l’univers Harry Potter, l’oeuvre de Marianne Chaillan est vivement recommandée!
Si l’univers Harry Potter vous a séduit par le passé ou vous intrigue, la philosophie prolonge les horizons littéraires de J.K. Rowling. En Décembre 2015, Harry Potter à l’Ecole de la philosophie a été spécialement réédité après quelques mois de rupture. (Oeuvre créée en 2008.) Personnellement demandeur de ces essais capables d’éclairer une oeuvre autrement, son auteure Marianne Chaillan initiait et menait ses lecteurs dans la démarche du Ciné-philo afin d’explorer le plus malicieusement les possibles fictives de l’univers magique. (De la même manière qu’Ainsi Parlait Yoda d’Ollivier Pourriol pour Star Wars.)
La couleur, quoique l’on fasse … reste très vive.
La magie opère encore et toujours pour entretenir des formes commercialement viables. Le contenu, pour l’heure, reste le même mais les publics concernés, quant à eux, se multiplient volontairement. Peut-être d’ailleurs est-ce là le nouveau défi d’Harry Potter en tentant d’estomper l’image enfantine qui colle à la lettre et à l’esprit des ouvrages. Pourtant, les 8 films et les 7 tomes diffusent des messages plus denses et fournis par ce résumé simpliste.