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Critique Ciné : Comment c’est loin (2015)

Publié le 16 décembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Comment c’est loin // De Orelsan et Christophe Offenstein. Avec Orelsan, Gringe et Seydou Doucouré.


La première fois que j’ai découvert Orelsan remonte à 2008 lorsque je découvre le clip de No Life, le second single de son premier album. Je me suis pas mal retrouvé dans certains des textes et puis j’ai tout de suite accroché. Depuis, je suis Orelsan (et son pote Gringe) dans leurs aventures musicales et ici au cinéma. Ce n’est pas toujours facile de raconter des histoires au cinéma, et notamment quand elles se rapportent à la fois à la réalité qu’ont connu Aurélien et Guillaume, mais aussi une part légère de fiction afin de rendre le récit un poil plus intéressant. Car si l’on connaît les titres des Casseurs Flowters, ou même ceux d’Orelsan, on comprend ce qui s’est passé dans la vie de ces deux garçons depuis des années. Mais ce que j’ai surtout apprécié c’est la façon dont Orel et Gringe ont su créer une sorte d’extension du premier album des Casseurs Flowters avec ce film. On retrouve alors le timecode qui est là pour nous indiquer à quelle heure de la journée nous sommes car ils ont 24h pour écrire un single qu’ils ont promis à leur producteur. Ce premier film est assez attachant mine de rien car le film raconte des choses réelles, qui sentent le vécu, mais avec le regard de deux hommes qui ont vécu ce qu’ils racontent, les bitures, les filles, la difficulté de faire de la musique, etc.

Après une dizaine d’années de non-productivité, Orel et Gringe, la trentaine, galèrent à écrire leur premier album de rap. Leurs textes, truffés de blagues de mauvais goût et de références alambiquées, évoquent leur quotidien dans une ville moyenne de province. Le problème : impossible de terminer une chanson. À l’issue d’une séance houleuse avec leurs producteurs, ils sont au pied du mur : ils ont 24h pour sortir une chanson digne de ce nom. Leurs vieux démons, la peur de l’échec, la procrastination, les potes envahissants, les problèmes de couple, etc. viendront se mettre en travers de leur chemin.

On retrouve dans Comment c’est loin un peu de ce cinéma américain façon Judd Apatow. L’inspiration est forcément là mais bon, le plus important c’est que je ne savais pas forcément à quoi m’attendre. Avant de voir le film j’ai même écouté la bande originale du film, afin de me donner une impression mais je n’ai pas réussi à voir où est-ce que Comment c’est loin voulait vraiment en venir. Pour autant, en voyant le film je comprends tout de suite ce qu’ils ont voulu faire, parler d’une génération perdue, à qui on n’a pas voulu donner sa chance, génération sacrifiée qui se résigne à finir à l’accueil d’un hôtel pour plier des serviettes. Orelsan et Gringe veulent incarner ici l’espoir, le fait que l’on peut réussir chacun dans son propre domaine. Le film est aussi terriblement créatif, utilisant des petits trucs qui font référence à leurs précédents albums. On retrouve notamment à l’hôtel pas mal de l’histoire d’Aurélien et de ce qu’il a pu raconté en solo dans ses albums. C’est aussi l’occasion pour nos deux comparses de parler de leur vie avec les filles qui ne se solde pas vraiment par de grandes réussites. Comment c’est loin ne tombe pas vraiment dans les clichés des glaneurs et pourtant, il y avait énormément de perches tendues qui auraient très bien pu les faire flancher.

Non, Comment c’est loin finit par devenir un film humain, fraternel, sur la relation de deux potes qui ont toujours rêvé de faire du rap mais qui pensaient ne pas être à la hauteur. On retrouve un peu de ce que Orelsan et Gringe ont déjà pu faire aussi dans Bloqués sur Canal +. Derrière cette humanité se cache aussi un album où les titres des Casseurs Flowters résonnent parfaitement. Que cela soit « Si Facile » ou encore « Inachevés ». Même le « Freestyle Radio Phoenix » fait partie de ces titres qui sont au départ innocents mais qui ont finalement énormément de sens. Enfin, reste la mise en scène elle aussi soignée. Le film nous en met plein les yeux de ce que Orelsan décrit comme « une ville qui pue le cafard ». Bien sûr, Comment c’est loin ne cherche pas à en faire des caisses, ce qui lui est forcément bénéfique. En restant humble, le film sait ainsi être sincère alors que filmer l’ennui de deux garçons paumés aurait très bien pu être ennuyeux. Mais non, c’est une sorte de réflexion beaucoup plus sociologique sur la province française et le fait qu’en dehors de Paris, réussir n’est pas à la porter de tous. En injectant un peu d’humour, le film séduit pleinement.

Note : 9/10. En bref, un film modeste et toujours juste dans ce qui semble être une vraie réflexion sociologique.


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