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Cassini est en route pour son ultime survol d’Encelade, lune glacée de Saturne

Publié le 17 décembre 2015 par Pyxmalion @pyxmalion

Cassini, qui achèvera sa mission en septembre 2017, va accomplir sa dernière visite à la lune glacée Encelade, le 19 décembre. Ce survol qui se fera « ni trop ni trop loin », à quelque 5.000 km de la surface a pour principal objectif de quantifier l’énergie émise de l’intérieur de cet astre. Par ailleurs, des chercheurs ont montré que l’intensité des geysers au pôle sud a baissé ces dernières années d’environ 40 % par rapport à 2005.

Ce samedi 19 décembre, Cassini réalisera son ultime visite rapprochée à Encelade. À 18 h 49 exactement, heure de Paris, la sonde qui explore les mondes de Saturne depuis 2004, est programmée pour passer à quelque 4.999 km de la surface de cette petite lune glacée de 530 km de diamètre où furent découverts, début 2005, de nombreux geysers. Cela pourrait sonner comme la fin d’une épopée mais en réalité le vaisseau — qui achèvera sa mission en septembre 2017, 20 ans après son départ de la Terre — continuera de jeter régulièrement un regard sur ce satellite de la planète géante sans plus jamais s’en approcher de moins de 20.000 km…

Last but not least comme le dit l’expression anglo-saxonnes (en français : dernier point mais pas des moindres), l’objectif de cette vingt-deuxième approche est d’évaluer la quantité d’énergie dissipée par le noyau interne d’Encelade. Cela va donner « un aperçu de sa remarquable activité géologique, explique Linda Spilker, chercheur de la mission au JPL, ce qui fait de ce dernier survol, une fantastique occasion scientifique ».

Bien entendu, c’est la région du pôle sud de cette lune qui intéresse surtout les chercheurs, celle qui arbore les fameuses « rayures du Tigre », de longues crevasses d’où jaillit en continu la vapeur d’eau. Pour l’équipe de Cassini, 5.000 km, c’est la bonne distance pour cartographier avec l’instrument CIRS (Composite InfraRed Spectrometer), la chaleur qui vient de l’intérieur. Ni trop près ni trop loin. Les chercheurs profitent aussi que le pôle sud ne soit pas éclairé par le Soleil depuis des années, à l’inverse des premières rencontres en 2005.

Encelade

Le 19 décembre 2015, Cassini accomplira son dernier survol d’Encelade, petite lune glacée de Saturne où des geysers ont été observés pour la première fois par la sonde en 2005. Pour cette 22e approche, l’instrument CIRS va cartographier l’énergie émise de l’intérieur de l’astre — Crédit : NASA, JPL-Caltech

Activité des geysers en baisse quelques années

Cassini a plongé dans les jets de glace pour les « renifler » une dernière fois, le 28 octobre (avant-dernier survol), jusqu’à 49 km d’altitude soit presque aussi rapprochés qu’en 2008, à 25 km seulement de la surface. Les analyses de leurs compositions sont toujours en cours. Riche en eau, les geysers contiennent d’autres ingrédients comme de la matière organique qui peuvent témoigner de ce qui se passe à l’intérieur de la petite lune, notamment au sein de son océan global pris entre l’épaisse écorce de glace à la surface et le noyau malaxé par les forces de marée de Saturne. Les chercheurs sont sur la trace de l’hydrogène. Sa présence serait en effet un indice supplémentaire de l’activité hydrothermale soupçonnée sur le plancher océanique d’Encelade.

Dans une étude (à paraître) présentée lundi 14 décembre aux rencontres annuelles d’automne de l’AGU (American Geophysical Union), Andrew Ingersoll, du California Institute of Technology, a montré que le débit des geysers a diminué de 30 à 50 % depuis leurs découvertes en 2005. Ils n’ont pas cessé d’émettre mais personne ne connait vraiment la cause la de cette baisse de régime. Deux possibilités sont cependant avancées. La première estime que ces fontaines ont tendance à se boucher à mesure que les matériaux s’accumulent sur les parois des crevasses. Et la seconde propose que la pression dans les réservoirs varie dans le temps sur des périodes plus ou moins longues. Le chercheur et son équipe ont cité dans leur exposé Matthew Hedman, université de l’Idaho, qui en 2013, avait aussi enquêté sur ces variations. Pour ce dernier, elles seraient liées à la position de l’astre sur son orbite elliptique. Il a aussi observé que les geysers étaient environ 50 % plus faibles en 2009 qu’en 2005. Une tendance qui ne se dément pas ces dernières années.


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