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Mary W. Shelley – Frankenstein

Publié le 20 décembre 2015 par Lapauselibrairie @librairiedeno

DSC00724Marabout • 380p • 1988 • UK – Joe Ceurvorst
Livre lu pour Halloween, terminé fin Novembre

Sa peau jaunâtre dissimulait à peine le lacis sous-jacent de muscles et de vaisseaux sanguins. Sa chevelure était longue et soyeuse, ses dents d’une blancheur nacrée, mais cela ne faisait que mieux ressortir l’horreur des yeux vitreux…
Frankenstein : monstre de chair et de sang, reflet perverti de l’homme qui l’a créé. 
Frankenstein : incarnation du mal, représentation de notre nature malfaisante enfouie et à nouveau libérée…
Frankenstein : découverte prodigieuse d’un savant maudit ou annonce d’une apocalypse scientifique ?

La couverture annonce que c’est LE chef d’oeuvre de l’épouvante mais rien ne fait peur. Peut-être est-ce le film à cause des images du monstre mais dans le livre, rien d’exceptionnel. « Birdman » là c’est vraiment de l’épouvante ! Ici c’est surtout philosophique et légèrement psychologique à cause de l’emprise du monstre sur Frankenstein.

Ce roman a une forme assez spéciale car c’est tout d’abord un roman épistolaire; un personnage qui raconte son expédition à une personne de sa famille. Dans ces lettres, le personnage raconte ce que Frankenstein lui a raconté. Une sacrée belle poupée Russe en fait ou Inception comme tu préfères. T’es perdu ? Oui moi aussi je l’étais, à la fin j’ai du relire le début pour savoir à qui il écrivait… Détail que j’ai de nouveau oublié.

J’ai lu ce livre en parallèle d’un autre ce qui explique le temps que j’ai pris pour le lire, mais ce n’est pas la seule raison. J’ai aussi eu beaucoup de mal à avancer, c’était très long et je l’avoue, j’ai parfois sauté des lignes… Ce que je ne sais quasiment pas… Je ne voyais pas la fin de cette lecture, il fallait que je m’en sorte, j’allais mourir greffée au papier ! J’ai surtout décroché à partir du moment où je me suis rendue compte que je n’allais pas découvrir comment le monstre est créé, je pensais que ça allait être plus « physique-chimie » que « philosophie ».

Mary W. Shelley – Frankenstein Mary W. Shelley – Frankenstein Mary W. Shelley – Frankenstein

Finalement je me suis laissée prendre par ce côté « philosophique » après le 13 Novembre à travers plusieurs passages qui ont résonné bizarrement dans ma tête. Je me fais peut-être des films avec ces pseudos coïncidences mais ma petite tête n’a pas pu s’empêcher d’essayer de comprendre le monde, la société et les individus et à ce moment là, de comprendre le monstre de Frankenstein.

Voici quelques passages que je trouve très intéressants et ensuite je vous dis comment moi je les ai interprétés OK ?

Le monstre s’adresse à un aveugle, qu’il apprécie :
« Je suis sûr… qu’ils m’accorderont leur sympathie » et le vieux répond « Dieu vous préserve d’être rejeté par eux… car en agissant ainsi, ils ne feraient que vous pousser à quelque action désespérée, au lieu de vous ramener vers le bien »
Le monstre va se sentir rejeté par des êtres en qui il avait toute confiance et sera mis à l’écart.

Frankenstein après avoir appris le récit du monstre :
« N’imaginez pas [que] je nourrisse encore la haine et l’ardent désir de vengeance…. Cependant… je suis en droit de souhaiter la mort de mon adversaire »

Frankenstein a créé un individu et il avait « la responsabilité d’assurer son confort »

Frankenstein a propos de son monstre :
« Le diabolique individu a fait preuve dans le mal d’une perversité et d’un égoïsme tels que le monde n’en a jamais connus. Il a causé la mort de ceux qui m’étaient chers; il s’est voué à la destruction d’êtres sans défense, qui possédaient les meilleurs sentiments, la sagesse et le bonheur, et nul ne peut dire où s’arrêtera son maudit appétit de vengeance. Bien que misérable lui-même, il faut qu’il meure, afin de ne plus faire le malheur d’autrui »

Le monstre a propos d’un acte immoral :
« J’avais, pour commettre cet acte, renié tout sentiment, étouffé tout scrupule, pour mieux me vautrer dans mon désespoir. Le mal devint alors pour moi le bien »

Je ne suis pas sociologue et je ne fais pas dans la politique. D’après mon petit moi regardant la télé et lisant les journaux, ça m’a fait énormément penser aux jeunes des quartiers « mal famés » comme on entend, stigmatisés, mis de côté autant à l’école, dans des écoles spécialisées, dans les médias, etc… Ces personnes de tous les horizons mais dont leur Histoire les amène de l’autre côté de la mer généralement, ne se sentent pas assez valorisés, entendus, compris et n’ont plus de racine dans un pays où les autres les jugent trop rapidement. Ce sont également des jeunes et moins jeunes perdus dans cette société qui leur répète qu’ils n’arriveront à rien, qu’ils n’auront pas de travail. Ce sont des personnes qui recherchent de la compréhension, un effet de « bande », des paires là où ils peuvent, à se sentir importants et se laissent berner par des individus pas du tout fréquentables. C’est un peu les racailles du village version 2015, version world wild web où mon nouveau meilleur ami peut habiter au bout du monde sans rien savoir de lui.
Ainsi un individu gentil, ouvert, insouciant, curieux a été créé mais il se sent de plus en plus rejeté car tout le monde a peur de lui. Celui-ci, pour chercher à se faire entendre, fera le mal, deviendra un monstre et ne saura plus faire la différence entre le bien et le mal.
Bon le seul soucis à ce livre c’est que le jeu du chat et de la souris s’arrête quand Frankenstein meurt alors le monstre perd toute envie de se venger, redevient calme et s’en va… lol. J’avoue ne pas m’être trop posée sur la solution, je suis davantage sur la partie « explicative » ^^. Je ne vais pas changer le monde avec mes lectures mais ça m’a tout de même fait drôle de faire ce pseudo rapprochement qui n’en est peut-être pas un, j’ai juste trop cogité à cause des événements ! Les livres sont quand même très énigmatiques !



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