Magazine Conso
Voilà. Cette année 2015 que je présageais heureuse se termine. Il y a eu des événements imprévus dans la vie des Français qui l'ont rendue moins faste que prévu, il y a eu un accident de voiture, des galères financières, un couple qui bat de l'aile, la maladie, puis il y a eu le graal. Ce sacré graal. En 2015, j'ai eu le temps de préparer le concours de Professeur des Ecoles, de l'obtenir et de commencer mon année à l'école. L'année dernière, à ce moment de l'année, j'étais chez moi à douter de moi, à m'arracher les cheveux sur les fonctions linéaires et les accords du participe passé avec les verbes pronominaux. Aujourd'hui, me voilà avec un pincement au coeur parce que le "pestacle de Noël" est passé trop vite.
L'année dernière je me demandais si le saut en avant que je faisais était une bonne idée, si l'élastique allait me permettre de rebondir ou si j'allais m'écraser en bas du pont comme une mouche sur un pare brise. Aujourd'hui je sais que tout ce que j'ai sacrifié en valait le coup. Je sais que lorsque l'on se donne les moyens d'obtenir quelque chose, rien n'est jamais perdu d'avance. Il y a des gens qui guérissent de la maladie, d'autres qui deviennent acteur, qui parviennent à construire une famille, il y en a qui font reculer des préjugés, qui améliorent le quotidien et il y a ceux qui retrouvent du travail.
Le 28 Août j'ai su où j'allais être affectée le 1er Septembre. Je n'avais jamais été devant des élèves, je ne connaissais pour ainsi dire pas grand chose au fonctionnement d'une classe, aux apprentissages de la maternelle. Il m'a fallu tout apprendre en 3 jours. J'avais quand même pour avantage d'avoir des enfants exactement de l'âge de ceux à qui j'allais enseigner. A tel point que j'ai retrouvé mes 2 petites frimousses préférées sur le banc de ma classe. Ça aussi ça a été compliqué. Ça m'a parfois chamboulée, perturbée, rassurée.
J'ai bossé dur, j'ai mis les pieds dans le plat, je me suis affirmée. Je suis retournée sur les bancs de la fac, j'ai eu peur, j'ai rencontré des gens supers.
Et finalement tout s'est imposé comme une évidence. Je ne peux pas dire que j'aurais du faire ce travail dès le début. Mon expérience passée me sert aujourd'hui énormément dans mes pratiques professionnelles. J'ai grandi, pris confiance. J'ai fais les choses que j'aimais et essayé de les faire jusqu'au bout, jusqu'à en trouver une autre que j'aimais tout autant.
Très vite, je me suis mise à penser peinture, pâte à modeler, motricité fine, apprentissage des quantités, du langage. Je me suis mise à penser à "mes" élèves le week end. Aujourd'hui j'ai trouvé ma place. J'ai tout de suite trouvé le bon ton avec les enfants, mêlant complicité et autorité. J'ai tout de suite compris que je pouvais faire les choses que j'aimais avec eux aussi. J'ai tout de suite compris que partager la vie de ces gamins, les voir progresser, apprendre de nouvelles choses allait être une expérience forte. Après quelques mois de travail, je sais déjà que j'ai encore tout à découvrir.
Aujourd'hui c'est les vacances et j'ai un pincement au coeur en pensant que le "pestacle de noël" est déjà terminé. Mais aujourd'hui, je sais que je n'aurai pas la boule au ventre à l'approche de la rentrée.