Being Mary Jane // Saison 3. 10 épisodes.
BILAN
Being Mary Jane est une série qui s’est révélée au fil des années. D’une première saison parfois brouillonne, cherchant un peu le ton de la série et des idées afin de faire en sorte que le tout tienne la baraque, Being Mary Jane s’est peu à peu révélée être un drame féministe complexe sur le fait d’être une femme afro-américaine dans le paysage audiovisuel américain. Cette série afro-américaine est un soap pur et simple mais pas forcément de la façon dont l’on aurait pu l’entendre au premier abord. Avec seulement 10 épisodes, la saison 3 a réussi à dépasser mes attentes, créant de nouvelles intrigues fortes et riches en émotions. Je pense que ce qui paye avant tout pour cette saison c’est la façon dont la saison précédente s’était achevée, laissant notre héroïne le visage tuméfié. La série continue cette année de parler de problèmes sociaux, au travers du segment Talk Back de l’émission de Mary Jane mais aussi au travers des personnages eux-mêmes. En prenant en grippe certains sujets importants comme l’immigration, l’inégalité salariale chez les latinos, du coming out forcé de personnalités publiques, etc., Being Mary Jane se permet d’être une sorte de porte parole ou en tout cas d’être une série plus ambitieuse. Les sujets ne sont pas traités de façon brève et ridicule, tout est soigneusement bien intégré au scénario de chaque épisode.
Car le but de Being Mary Jane cette année est clairement de devenir beaucoup plus engagée afin de parler de sujets dont peu de séries parlent. Après tout, parler d’immigration n’est pas ce qu’il y a de plus facile et pourtant, le résultat est là. En prenant ce sujet au détour d’un épisode, la série parvient à engager une vraie conversation intelligente, portant un débat de fond beaucoup plus important que ce que l’on aurait probablement pu imaginer au départ. C’est la même chose avec l’histoire sur le salaire des latinos qui est inégal par rapport à la population blanche américaine. Il y a quelque chose de spécial dans cette série qui est suffisamment intelligent qui permet justement de parler de ce genre de choses sans que l’on ait l’impression que c’est cliché ou mal discuté. Le dernier épisode est particulièrement important dans les sujets dont traite Being Mary Jane depuis le début et démontre aussi à quel point les séries afro-américaines semblent porter haut et fort les problèmes de la brutalité policière ces derniers temps. Certes, il y a eu l’affaire Ferguson qui a beaucoup aidé à parler de ce genre de choses mais la fin tragique de la saison laisse espérer une saison 4 d’autant plus intéressante. J’aimerais bien que la série délivre encore plus de moments forts en émotions alors que c’est parfois aussi l’un de ses points forts.
L’an dernier, l’alcoolisme dans lequel était tombé notre héroïne était l’une des intrigues les plus intéressantes, forçant Mary Jane à devenir quelqu’un qu’elle ne reconnaît plus. De plus, c’était aussi une occasion de parler de ce que peuvent vivre certaines femmes par moment dans leur vie. En abordant encore une fois des sujets forts et en faisant de Gabrielle Union la porte parole de ces sujets, on sent que Being Mary Jane est très influencée par son héroïne. Je pense que Gabrielle Union a un droit de regard sur ce dont parle cette série et elle semble prendre certains sujets à bras le corps. C’est une série qui permet aussi de donner la parole à une femme afro-américaine. Si ces dernières années il y a eu pas mal de bons exemples (Scandal, How to Get Away With Murder, Empire, The Haves and the Have Nots, etc.) de séries avec des personnages féminins et afro-américains qui n’ont pas peur des hommes, je me demande comment cela va bien pouvoir évoluer par la suite. L’arrivée de Loretta Devine dans cette saison était là aussi une bonne chose. Elle a permet de parler d’autres choses, de mettre en scène une femme dans le rôle de l’escroc opportuniste. Celle qui va faire du chantage à Mary Jane pour 25 000 dollars, devenant cette année quelqu’un d’important, est une opportunité que je n’avais pas du tout vu venir.
Mais Loretta Devine s’inscrit parfaitement au coeur de toute cette aventure féministe. Gabrielle Union et elle vont même partager des moments particulièrement forts. De plus, Being Mary Jane n’a pas peur encore une fois de montrer que Mary Jane est une femme forte, surtout quand elle sort un homme de chez elle avec le tuyau d’arrosage. C’était tout de même hilarant et dans une saison aussi sombre que celle-ci, ces petits moments plus légers de comédie sont parfaits et pile poil tout ce que je pouvais attendre de la part de Being Mary Jane. J’espère que BET va renouveler la série pour une saison 4. La série a encore tellement de choses à raconter, de sujets à développer et la fin de cette saison 3 laisse forcément espérer un peu plus.
Note : 7/10. En bref, une bien jolie saison 3 traitant de sujets difficiles de façon intelligente au travers d’un personnage féminin et afro-américain fort bien incarné.