Le Monde de Nathan // De Morgan Matthews. Avec Asa Butterfield, Rafe Spall et Sally Hawkins.
Nathan est un génie et Le Monde de Nathan est l’histoire de ce génie. James Graham (connu pour avoir écrit un épisode de Prisoners Wives ou encore de Journal Intime d’une Call Girl) s’est occupé du scénario de ce petit film sans prétentions si ce n’est celle de raconter l’histoire d’un génie. Il ne faut cependant pas aller voir Le Monde de Nathan en attendant de voir le nouveau Rain Man ou encore une nouvelle histoire proche de ce qui avait été fait avec Une merveilleuse histoire du temps (sur Stephen Hawking). Ici, le film est un peu plus artisanal et académique. On suit donc un chemin touchant au milieu d’une histoire qui commence sévèrement dès le début. Rien que l’accident de voiture au début du film, ça met un coup au spectateur. Je pense que c’est pile poil ce dont le film avait besoin. La mise en scène est donc très académique, suivant un chemin précis, mais l’alliance de cette mise en scène sobre avec ce casting et ce scénario fonctionne très bien. Morgan Matthews, réalisateur de documentaires, donne parfois à son film une allure de documentaire, notamment quand il suit Nathan dans ses aventures qui le sortent un peu des carcans de sa vie.
Nathan est un adolescent souffrant de troubles autistiques et prodige en mathématiques. Brillant mais asocial, il fuit toute manifestation d’affection, même venant de sa mère. Il tisse pourtant une amitié étonnante avec son professeur anticonformiste Mr. Humphreys, qui le pousse à intégrer l’équipe britannique et participer aux prochaines Olympiades Internationales de Mathématiques. De la banlieue anglaise à Cambridge en passant par Taipei, la vie de Nathan pourrait bien prendre un tour nouveau…
Taipei est le lieu parfait pour développer l’histoire de Nathan. C’est aussi à ce moment là que Le Monde de Nathan ressemble un peu plus à une sorte de documentaire sur un génie. Ce voile parfois un peu terne à l’image permet de rendre le tout un peu plus réaliste et croyable. Mais le film est sincère, troublant aussi par moment alors qu’il cherche justement à nous raconter le quotidien d’un personnage qui crie la sincérité. Asa Butterfield, que j’avais pu découvrir dans Hugo Cabret ou encore dans le nanar La Stratégie Ender démontre ici toute l’étendue de son talent. J’ai beaucoup aimé ce qu’il nous propose ici derrière une prestation particulièrement sophistiquée. On sent qu’il s’est imprégné du personnage et l’on a ainsi l’impression de vivre ce qu’il est en train de vivre. C’est un personnage complexe car ce n’est pas quelqu’un qui est doué d’une capacité d’aimer ou de sentiments. Le cerveau de Nathan c’est une machine qui calcule, qui cherche toujours une réponse logique à tout mais c’est aussi quelqu’un de fragile par la même occasion et c’est dans ce genre de moments que Le Monde de Nathan s’avère être le plus intéressant.
Car le film laisse de côté la logique mathématique afin de raconter des choses complètement différentes, les névroses que vivent certains autres camarades (notamment à Taipei dans la seconde partie du film quand Nathan arrive premier, coiffant au poteau celui qui aurait adoré l’être). Les personnages qui entourent notre héros sont suffisamment sobres et justes eux aussi ce qui permet de s’imprégner au mieux de ce monde là. Je m’attendais à un drame classique, mais malgré tout un tas d’éléments académiques dans la mise en scène, l’ensemble laisse au spectateur l’occasion de s’attacher sans problème. Comment ne pas tomber sous le charme aussi de Sally Hawkins qui incarne dans ce film une mère dévouée à son fils, qui lui donne tout l’amour qu’elle est capable de donner. C’est beau, et ce même si au fond Nathan n’est pas l’être le plus démonstratif de son amour. Parler d’autisme au cinéma n’est certainement pas ce qu’il y a de plus facile, en grande partie car il faut ne pas tomber dans certains pièges, dans certains poncifs, et je crois que Le Monde de Nathan a réussi à tous les éviter, tout en créant aussi quelque chose autour de ce grand concours de mathématiques, un monde dépeint avec un entrain particulier.
Note : 7/10. En bref, un joli petit film sur l’autisme.
Date de sortie : 10 juin 2015