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Les valeurs libérales au secours de la mondialisation

Publié le 28 décembre 2015 par Unmondelibre
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Le libéralisme a eu un rôle clé dans l’évolution de la société occidentale moderne. Les deux grandes révolutions, en Amérique (1776) et en France (1789), ont permis de peaufiner certaines des idées clés du libéralisme: la démocratie, l'égalité des droits, les droits de l'homme, la séparation entre l'Etat et la religion, et l'accent mis sur le bien-être de l'individu.

Le 19ème siècle fut une période de refonte des valeurs libérale qui ont eu à faire face aux nouvelles conditions économiques et sociales induites par la révolution industrielle naissante. Des penseurs comme John Stuart Mill ont apporté une contribution fondamentale au libéralisme en intégrant dans le débat philosophique des sujets tels que la liberté d'expression, les droits des femmes et des esclaves. Les doctrines socialistes et communistes émergentes en même temps, sous l'influence de Karl Marx et les utopistes français, ont contraint les libéraux à affiner leurs vues et à s’organiser en groupes politiques plus cohérents.

Au XXème siècle, le libéralisme a été relancé par des auteurs comme Ludwig von Mises pour s’adapter à la situation économique en évolution. La politique et le mode de vie promus par les États-Unis à travers le monde, ont donné alors une impulsion clé àla réussite du mode de vie libéral. Au cours des dernières décennies, on a fait appel au libéralisme pour traiter des questions urgentes telles que la crise du capitalisme et de la mondialisation de la société. Comme le XXIème siècle entre dans sa phase centrale, le libéralisme est encore une doctrine de conduite qui inspire les responsables politiques et les citoyens.

Ce qui distingue les sociétés prospères de celles qui ne le sont pas, est que celles qui réussissent savent quand et quoi abandonner. La Chine, par exemple, a suivi une culture essentiellement confucéenne. Le confucianisme est un système idéologique qui place l'éducation à un niveau très élevé de priorité, mais il est aussi un système qui discrimine fortement les femmes. Les sociétés chinoises contemporaines ont sauvegardé les valeurs confucéennes de l'éducation, mais elles ont sagement renoncé àl'idéologie traditionnelle qui entretenait la discrimination contre les femmes. Rassurez-vous, comme Jean-Pierre Lehmann, professeur émérite d'économie politique internationale en Suisse l’a fait valoir, si la Chine avait continué à ligoter les pieds de ses femmes, il n'y aurait pas eu la croissance économique spectaculaire de ce pays, à Hong Kong ou à Taïwan. Selon lui, le fait que la Chine ne ligote plus les pieds de ses femmes n’a pas conduit les Chinois à se renier mais à plutôt permis une formidable avancée économique, politique et sociale.

Le progrès de la Chine interroge: Qu'est-ce qui a permis aux Chinois de faire ces choix? Qu’est ce qui a permis que des changements similaires se produisent dans d'autres régions et cultures? En fin de compte, ce qui a transformé l'héritage culturel en des moteurs dynamiques de la croissance, le bien-être et de la prospérité à la fois sur le plan matériel et spirituel, c’est la force libératrice du libéralisme. Jean-Pierre Lehmann a déclaré que spécialistes confucianistes tels que Kang Youwei et Liang Qichao, l'intellectuel hindou Ram Mohun Roy et les nombreux libéraux et humanistes chrétiens qui sont tous issus de cultures différentes mais tous partagent la croyance selon laquelle il faudrait faire le tri de ses héritages idéologique et culturel pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

En outre, Jean-Pierre Lehmann a noté que le potentiel de changement est évident même dans les cultures considérées comme très rigides. Considérons le monde arabo-musulman, cela peut paraitre surprenant pour les étrangers, mais il existe une tradition libérale, une tradition de tri de l’héritage culturel dans la pensée arabe et islamique. L’historien britannique, d’origine libanaise, feu Albert Hourani, l’a démontré vivement dans son magnifique livre « la Pensée Arabe » à l'âge libéral de 1968. Albert Hourani a décrit comment, à la fin du 19e et au début du 20e siècles, des penseurs et des écrivains tels que Jamal al-Din al-Afghani ont développé un puissant courant de pensée musulmane le long de lignes comparables à l'évolution de la pensée laïque et libérale en Europe. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, la vision libérale d'Al-Afghani ne l'a pas empêché d'être un fervent nationaliste et un anti-impérialiste.

Pourtant, au final, comme le montre le livre de Hourani, le libéralisme a fini par être abandonné dans la plupart des pays du Moyen-Orient. Comment? En effet, les adversaires du libéralisme dans le monde islamique ont opté pour une tactique facile, mais efficace et ont assimilé libéralisme à l’« occidentalisme ». Cela leur a permis d’imposer un retour à l’héritage traditionnel qu’il soit pertinent ou pas.

Nous ne devons pas oublier que les origines idéologiques de l'Occident ne sont pas du tout libérales, mais il est exact que le libéralisme a émané principalement de l'Occident. Après tout, ce sont les interprétations littérales dogmatiques de la Bible qui ont permis au gouvernement florentin d’emprisonner Galilée juste pour avoir dit que la terre tournait autour du soleil. Même aujourd'hui, les chrétiens fondamentalistes aux États-Unis continuent à lutter contre science, et cherchent à interdire l'enseignement du darwinisme dans les écoles.

La curiosité intellectuelle et l'ouverture culturelle ne sont pas des caractéristiques permanentes de toute société, comme nous le voyons dans le monde qui nous entoure. Le Japon dans les années 1960 était un foyer de curiosité culturelle, d'ouverture, d'importation et d’expérimentation. Pour des raisons difficiles à expliquer, les années 1980 ont vu le Japon basculer pour devenir beaucoup plus tourné vers l'intérieur. En fait, il s’est transformé en une société narcissique, en déclin économique et social.

Le libéralisme est une doctrine universelle, le principe le plus fondamental est de s'opposer au dogmatisme sous toutes ses formes. Par conséquent, un plaidoyer en faveur de la tolérance, de l'ouverture et du pluralisme attire de nombreuses personnes au-delà des frontières culturelles. Le libéralisme en tant que tel semble être rien de moins que la clé pour permettre à une société de prospérer dans un monde moderne globalisé.

Par Alazar Kebede, analyste pour Africanexecutive.com. Article initialement publié en anglais par African Executive – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 28 décembre 2015.


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