Les Suffragettes // De Sarah Gavron. Avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter et Meryl Streep.
Les Suffragettes c’est ces femmes qui au début du siècle dernier en Angleterre ont voulu faire bouger les choses, faire entendre leur voix dans les urnes. Le droit de vote des femmes est quelque chose d’immuable aujourd’hui dans nos sociétés occidentales et pourtant, il y a eu une époque où les femmes n’avaient pas ce droit là. Les Suffragettes c’est l’histoire de ces femmes qui ont voulu montrer qu’elle avaient envie de changer les choses, de montrer qu’elles sont là et qu’elles méritent toute l’attention qui doit leur être réservé. Au milieu d’une mise en scène sobre et d’un scénario assez simple, Les Suffragettes tente d’être un mélodrame sans fioritures. C’est parfois très efficace et à d’autres moments un peu plus ennuyeux, notamment car une fois passé le premier quart d’heure, il faut que le film s’installe et cela prend du temps. Du coup, on passe un peu à côté des passages les plus importants. L’avantage de ce film est de savoir créer une ambiance, sobre et émouvant grâce à une reconstitution qui vaut son pesant d’or. C’est éclatant, vivant et visuellement Sarah Gavron a su mettre en lumière ces femmes sans trop de problèmes. La jeune réalisatrice à qui l’on doit Rendez vous à Brick Lane (2007) noue ici des liens entre les personnages qui savent tous être sincères.
Au début du siècle dernier, en Angleterre, des femmes de toutes conditions décident de se battre pour obtenir le droit de vote. Face à leurs revendications, les réactions du gouvernement sont de plus en plus brutales et les obligent à entrer dans la clandestinité pour une lutte de plus en plus radicale. Puisque les manifestations pacifiques n’ont rien donné, celles que l’on appelle les suffragettes finissent par avoir recours à la violence pour se faire entendre. Dans ce combat pour l’égalité, elles sont prêtes à tout risquer: leur travail, leur maison, leurs enfants, et même leur vie. Maud est l’une de ces femmes. Jeune, mariée, mère, elle va se jeter dans le tourbillon d’une histoire que plus rien n’arrêtera…
Ecrit par Abi Morgan, à qui l’on doit entre autre les séries The Hour et River mais aussi les films féministes comme La dame de Fer et The Invisible Woman, elle retrouve Carey Mulligan (Shame) et Helena Bonham Carter (The Invisible Woman) pour de nouvelles aventures tout aussi féministes. Elle aime aussi énormément les récits du passé et je pense que c’est ce qui fonctionne aussi là dedans, cet attrait pour l’Histoire qui ressort à tous les recoins du film. Les Suffragettes reste cependant un film de genre assez classique qui laisse au spectateur l’impression qu’il en connait les tenants et les aboutissants. Je ne connaissais pas forcément cette histoire et je pense que l’intérêt que je lui ai porté en regardant ce film jusqu’au bout est en grande partie dû au fait que le casting sied à cette histoire. Je pense à Meryl Streep qui, de par sa petite apparition dans le récit, apporte un peu de gaité au milieu de ce monde de brut. Son intervention à ce balcon était vraiment intéressante. Puis c’est Carey Mulligan, une jeune actrice pleine de talent, souvent sous exploité qui ici se montre sans maquillage, sous l’oeil d’une caméra espiègle mais jamais sans tomber dans le voyeurisme.
Les Suffragettes sait donc rester un film touchant à sa façon, créant des moments parfois intimiste et touchants à sa place, qui permet de parler de ce combat de femmes plus en profondeur. Au fond, Les Suffragettes reste aussi un film qui touche par sa façon de parler d’un univers que l’on ne connaît pas forcément, occulté en partie de nos livres d’Histoire à nous (peut-être aussi car c’est un combat de femmes britanniques et pas françaises). Avec un arrière goût d’inachevé (on aurait peut-être aimé en voir un peu plus, voir le film laisser plus de temps à certains moments plutôt que d’autres, etc.), Les Suffragettes reste cependant une vraie histoire avec une distribution à la hauteur des attentes. Sarah Gavron n’est peut-être pas la réalisatrice la plus curieuse de sa génération mais elle fait le boulot comme il se doit et je pense que c’est ce qu’il faut reconnaître. Je pense qu’elle s’est inspirée de ce que Steven Spielberg a déjà pu faire avec ses biopics et films historiques. On retrouve un peu la même ambiance par moment. De plus, Les Suffragettes ne tombe jamais dans le film glossy à souhait qui veut briller sous nos yeux plutôt que de montrer la dure réalité d’une époque.
Note : 6.5/10. En bref, un récit parfois convenu mais qui reste agréable et efficace de par son côté simple sans fioritures.
Date de sortie : 18 novembre 2015