Le Goût des Merveilles // De Eric Besnard. Avec Virginie Efira et Benjamin Lavernhe.
Derrière une comédie romantique acidulée se cache un film beau, que Eric Besnard parvient à mettre en lumière. Lui qui était pourtant habitué aux nanars comme 600 kilos d’or pur ou Cash nous donne ici une vague d’émotions douce-amères qui caresse le spectateur d’un brin de chaleur au milieu d’un hiver déjà très doux. C’est un film chaleureux, qui fait sens et apporte de la tendresse dans un monde de brut. Pourtant, la façon dont cette histoire évolue est assez classique, proche de tout un tas de comédies romantiques que l’on connaît. Mais il y a une vraie volonté derrière Le Goût des Merveilles qui cache un film intelligent, qui sort des carcans grâce à ses paysages. En montrant la Drôme provençale sous un angle aussi voluptueux, le film se permet de sortir des carcans du genre et a l’intelligence de ne pas tomber dans la niaiserie qui aurait alors complètement gâché l’ensemble. L’autre véritable réussite c’est d’avoir réussi à donner à Virginie Efira un rôle à la hauteur de son talent. Elle qui était récemment accoudée aux rôles de seconde zone, qui ne lui correspondaient pas forcément renoue avec ce romantisme à la française, très léger et très touchant. Quelque chose qui sied à merveille à sa simplicité ravageuse.
Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille.
Mais Le Goût des Merveilles ne serait rien sans son acolyte Benjamin Lavernhe de la comédie française. Lui aussi sort du lot et parvient à donner au film une vraie élégance propre, à sa façon. On aurait pu s’attendre à un personnage bourré de poncifs étant donné qu’Asperger est un registre qui n’est pas facile à incarner avec de la nuance mais Le Goût des Merveilles parvient à le faire de façon brillante. En allant voir ce film, je dois avouer que je m’attendais à voir quelque chose de lourd, peut-être un peu trop en cette période de fêtes où l’on a déjà tendance à se gaver dans tous les sens du terme. Du coup, cette tendresse, cette légèreté, cette poésie, font mouche. Soutenu par des comédiens à la hauteur des attentes, Le Goût des Merveilles sort du lot et pourrait bien être l’un des meilleurs films français de cette année. Oui, j’ose le dire, c’est suffisamment sincère et beau pour mérité d’être au panthéon des réussites de cette année 2015. Il faut dire que Benjamin Lavernhe s’est donné à coeur joie dans ce rôle auquel il se donne à fond. Finalement, c’est peut-être lui le ciment de cette histoire qui ne payait pas de mine au premier abord. Je me souviens quand j’ai vu la bande annonce, je m’attendais à un film sirupeux sur fond de France bio.
Finalement, tous les éléments que je pensais renier sont des atouts. A commencer par le côté bio-agricole du film. Les moments où Le Goût des Merveilles cherche à caresser les vergers, les paysages naturels, etc. toute cette nature qui n’a pas été dénaturée par l’homme c’est beau. Cela installe à certains moments un vrai calme olympien qui permet de détendre le spectateur et lui offrir les conditions de rêve pour se détendre. Car après tout, le cinéma est aussi fait pour se détendre non ? Et puis le côté romancé avec cette histoire d’amour un peu tirée par les cheveux. Cela aurait là aussi pu rapidement tourner à la catastrophe mais par chance c’est tout l’inverse qui s’est passé. Peut-être car justement le film évite de prendre les chemins les plus simples et parvient à prendre le spectateur de court. Après avoir vu Le Goût des Merveilles j’ai tout de suite pensé à Le Chocolat de Lasse Hallstrôm (avec Juliette Binoche et Johnny Depp) qui est l’un de mes films préférés de tous les temps. Cela peut apparaître un peu pompeux pour vous et vous donner envie de zapper Le Goût des Merveilles mais peu importe, j’assume ce choix et cette comparaison qui met ce film au même piédestal qu’un film que j’aime beaucoup.
Note : 9/10. En bref, une poésie rare et enlevée au milieu d’un film léger et réussi.