Selon le Canard enchaîné du 30 décembre, François Hollande aurait déclaré lors du Conseil des ministres du 23 décembre :
« [Le Conseil d’État] considère, par ailleurs, que cette déchéance ne porterait pas atteinte au principe d’égalité puisqu’il est déjà possible de priver de leur nationalité les Français qui l’ont acquise. »
En effet, l’article 25 du Code civil prévoit une telle sanction. Mais cette citation du Conseil d’État atteste simplement que cet article est en contradiction absolue avec notre Constitution qui prescrit l’égalité entre tous les Français. La survenance d’un tel conflit est d’ailleurs considérée comme possible puisque, depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, votée dans des conditions légales mais malhonnêtes, une question préalable de constitutionnalité permet de statuer sur la conformité avec la Constitution d’une loi déjà votée.
La déclaration de notre président, citée plus haut, est ahurissante. Je la décode ainsi : l’article 25 du Code civil a ravi la virginité de notre Constitution. Pour François Hollande, c’est un précédent. Pour moi, cette nouvelle offense à l’égalité des Français est une récidive. Hollande reconnaît ainsi que notre malheureuse Constitution a été violée une première fois. À l’entendre, elle serait désormais une fille publique que le premier venu peut à sa guise souiller.
Avec ces pensées en tête, je regardais hier soir le film « Le pont des espions », version romancée de l’échange de l’espion soviétique Rudolf Abel contre le pilote d’un U2 américain Gary Powers. À un moment, l’avocat chargé de la négociation préalable s’adresse ainsi à un responsable de la CIA avec lequel il se trouve en conflit : « Moi, Jim Donovan, je suis irlandais. Toi, tu dois être d’origine allemande. Et sais-tu ce qui fait que nous sommes tous deux américains ? C’est la Constitution ! ». Ceci m’a instantanément ramené au débat actuel sur cette misérable déchéance.
Nos glorieux aïeux ont mis la Déclaration des droits en préambule de notre Constitution et toutes nos Républiques l’ont conservée. Il ne s’agit pas, selon la formule si méprisante de notre premier ministre, de grandes valeurs, c’est l’âme de notre nation. Il est criminel de l’avilir pour des raisons de basse tambouille électoraliste.