Maman était une femme sensible. En vieillissant, elle
pleurait pour tout et rien. Au téléphone, je lui disais qu’avant, elle pleurait
en pelant les oignons. Maintenant, elle pleure même en pelant les carottes.
Elle trouvait mon propos amusant.
C’est à mon tour.
Moi qui ai passé une partie de ma vie à rire et à faire rire
les autres, je suis devenu un pleureur. En regardant un film, en lisant un
livre, en écoutant de la musique, je pleure, que ce soit fiction ou réalité. Le
fil de ma sensibilité s’amincit.
Lorsqu’il cède, est-ce qu’on meurt?
J’espère qu’il lui reste encore un peu d’épaisseur.
Lo x