Dans la salle de l'UGC qui proposait l'avant-première de ce film, hier mardi, la moyenne d'âge du public tournait autour de 20 -25 ans, ce qui, déjà, différencie ce film du dernier Lelouch, dont je vous ai entretenu il y a deux semaines deux générations de différence !
" Les huit salopards ", précédés d'un confortable battage publicitaire, ne décevront pas les fanas de Tarantino, ceux qui ont fait un gros succès aux deux précédents opus du réalisateur, " Django Unchained " et " Inglorious Basterds ". Mais on peut se souvenir aussi du film qui a révélé Tarantino en France en 1992 à Cannes : " Réservoir dogs " ou l'histoire d'un braquage qui a mal tourné, et d'une bande de bras cassés tous sapés en costards noirs étriqués. Du cinéma très stylisé, de l'hémoglobine à gogo, c'était déjà la marque de fabrique de ce " sale gosse " du cinéma américain, qui en est à son huitième film normal, vu le titre...
Alors, de la violence et de l'hémoglobine, il y en a : Tarantino envoie du lourd... Et cela plonge le spectateur dans la perplexité d'abord, dans un certain ennui ensuite, parce que ce curieux film aux allures de western est en fait une sorte de huis-clos, qui se passe principalement dans une diligence, traversant un splendide paysage hivernal, puis ensuite dans une grande auberge isolée, où évoluent des personnages qui s'épient, se surveillent, et essaient de savoir quelles sont les motivations des uns et des autres, leurs lourds secrets.... Donc il coule beaucoup de sang dans le film (surtout vers la fin...), mais aussi beaucoup de salive, car on parle beaucoup, et le film dure, dure... (plus de trois heures).
Cela dit, tout ça ne manque pas d'atouts, par ailleurs : tourné en 70 mm, pellicule argentique (cela faisait 30 ou 40 ans que ce format était abandonné) le film est très travaillé visuellement, Tarantino sait depuis longtemps ce que sont que les grands espaces hollywoodiens. Par ailleurs, il bénéficie d'une brochette d'acteurs remarquables, avec au premier rang Samuel Jackson, excellent en chasseur de primes hanté par les fantômes de la Guerre de Sécession. Et il y a aussi des acteurs déjantés tels que Tim Roth ou Michaël Madsen (tiens, des anciens de " Réservoir dogs "...), qui tirent le film vers la parodie.
Mais il y a un moment où Tarantino est un peu prisonnier d'une mécanique qui tourne un peu à vide, et il ne suffit pas de faire de la surenchère " gore " pour retenir l'attention du spectateur. Aussi, si vous ne voulez pas vous bloquer toute une soirée (3h07 de film, plus la pube et les films annonce)...... revoyez Travolta danser le twist dans " Pulp Fiction " !
[email protected]