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LE CAP (Afrique du Sud)

Publié le 07 janvier 2016 par Aelezig

Le Cap (Kaapstad en afrikaans, Cape Town en anglais, iKapa en xhosa) est la capitale parlementaire du pays aux côtés de Pretoria (capitale administrative) et de Bloemfontein (capitale judiciaire). Elle compte 830.000 habitants.

La ville, fondée en 1652, est considérée comme la cité-mère d'Afrique du Sud. Ville la plus australe du continent africain, elle est établie sur les rives de la baie de la Table et est surmontée par la Montagne de la Table coiffée de deux pics nommés Lion's Head et Devil's Peak. La ville a été baptisée en référence au Cap de Bonne-Espérance situé à plus de 47 km au sud de son centre historique.

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Dans les grottes de la péninsule du Cap, les restes humains mis au jour sont vieux de 75.000 à 50.000 ans tandis que les plus anciennes peintures rupestres des grottes situées à Fish Hoek sont vieilles de 28.000 ans. Les communautés qui vivent alors au Cap sont constitués de petits groupes de nomades chasseurs cueilleurs. Ils sont confrontés, il y a 2.000 ans, à l'arrivée de groupes originaires de l'actuel Botswana, tournés vers le pastoralisme et l'élevage de mouton. Cette distinction entre les deux groupes aborigènes donnent naissance aux Sans (chasseurs cueilleurs) et aux Khoïkhoïs (éleveurs d'ovins et bovins), par la suite désignés sous le terme de Khoisans (ou Hottentots).

Les premiers Européens à découvrir le site ont été des navigateurs Portugais. Bartolomeu Dias accoste dans la région en 1488. Le premier à franchir concrètement le cap de Bonne-Espérance est Vasco de Gama en 1497 alors qu'il était à la recherche d'une route pour le mener en Asie. Le nom qu'il donne au cap est à l'époque celui de « cap des Tempêtes » car les courants y sont très forts. Le roi du Portugal le rebaptise cap de Bonne-Espérance car il confirme une nouvelle route vers l'Asie et ses épices. La montagne de la Table est pour sa part baptisée Taboa da Caba en 1503 par l'amiral portugais et explorateur, Antonio da Saldanha, le premier Européen à accoster dans la baie de la Table et à grimper sur la montagne. 

La zone est l'objet de contacts réguliers entre Khoisans et Européens durant tout le XVe siècle et le début du XVIe siècle. Le contournement de l'Afrique pour aller en INde requiert pas moins de six mois par bateau et chaque voyage est marqué par la mort de nombreux marins, faute de produits frais. Or, le cap de Bonne Espérance est situé à mi-chemin du voyage. La baie de la Table dominée par le massif du même nom duquel descendent plusieurs cours d'eau, apparait alors comme une zone propice pour le ravitaillement et le commerce avec les quelques populations locales. Mais les contacts avec les populations khoisans débouchent parfois sur des incompréhensions et ont des issues sanglantes. Durant la seconde partie du XVIe siècle, les Néerlandais, qui ont supplanté les Portugais sur les voies commerciales menant vers l'Asie, tentent à leur tour d'établir des contacts avec les Khoisans. 

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Maison coloniale

Le 6 avril 1652, une flottille de trois navires, commandée par le capitaine Jan Van Riebeeck pour le compte de la VOC (Compagnie néerlandaise des Indes orientales), débarque dans la baie de la Table. La station de ravitaillement qu'il doit fonder doit servir à réapprovisionner les bateaux naviguant sur l'itinéraire commercial vers l'Indonésie, à soigner les équipages atteints de scorbut et à permettre la réparation des navires endommagés. La situation a été choisie pour sa baie abritée qui forme un port naturel et qui protège les bateaux contre le vent dominant du Sud-Est.

Van Riebeeck arrive dans la baie avec 82 hommes et 8 femmes, dont son épouse. Apportant du bois de construction, des outils, des graines à planter et des fusils, il fait construire un fort sur la rive gauche de la Salt river et aménage des jardins potagers et des vergers. De l'eau fraîche est acheminée de la montagne via des canaux pour permettre l'irrigation. Les khoisans acceptent de troquer du bétail contre du fer, du cuivre, de la verroterie, du tabac et de l'alcool. Ils s'attendent à ce que les Hollandais ne soient que de passage comme les Européens l'ont toujours été par le passé.

Les premiers temps au Cap sont difficiles pour les Bataves, 19 d'entre eux ne passant pas le premier hiver. Les relations avec les Khoisans se détériorent assez rapidement. Pour Van Riebeeck, aucune relation de confiance ne peut être établie avec eux ; il les perçoit comme des gens brutaux. Ne pouvant plus compter sur la viande bovine des khoisans pour nourrir ses hommes, il encourage l'élevage de moutons, la chasse aux phoques, à la baleine et aux antilopes.

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Quartier malais

Van Riebeeck a besoin de main d'œuvre pour terminer la construction du fort, celle de la jetée, pour cultiver les jardins et développer les infrastructures. Cependant les Khoisans refusent de travailler pour lui et les marins sont réticents à ce genre d'activité. Par conséquent, il demande à la VOC de lui envoyer des esclaves. En 1654, des Asiatiques originaires de la colonie néerlandaise de Batavia sont déportés au Cap. De religion musulmane, ils forment une nouvelle communauté, celle des Malais du Cap. Puis viendront des esclaves noirs du Dahomey et de l'Angola. Au total, 60.000 esclaves sont déportés au Cap entre 1658 et 1807, le plus gros contingent étant originaire d'Indonésie

En 1657, des autorisations d'établissement et d'exploitations sont délivrées à quelques-uns de ses salariés qui deviennent les premiers citoyens libres du Cap (free burghers) qui établissent des fermes le long de la rivière Liesbeek où de premières cultures expérimentales prometteuses ont été réalisées. 

Si la VOC a exigé dans sa lettre de mission à Van Riebeeck de ne pas construire de ville mais seulement un comptoir commercial, un pensionnat, quatre tavernes, des maisons d'artisans et quatre rues existent au Cap en 1657 en plus du fort en bois et du jardin, le tout désigné comme étant Kaapstad ou De Kaap par les marins.

L'année 1658 est marquée par le premier conflit notable entre les résidents de la zone européenne du Cap et les indigènes : en cause le droit d'accès aux terres et aux pâturages dont les Khoisans sont privés par l'expansion territoriale des Européens. Ce premier conflit se conclut par la victoire des Européens, mieux organisés et mieux armés. Van Riebeeck fait construire des miradors et planter une haie d'amandes sauvages pour délimiter et séparer la zone européenne des territoires où vivent les Khoisans. 

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Martin Melck House, 1732

Plusieurs conflits éclatent encore entre Européens et Khoisans. Les clans Khoi sont cependant divisés et incapables de protéger leur bétail lorsqu'ils sont attaqués. Sans troupeaux, les chefs de clan se retrouvent privés de leur autorité entrainant rapidement la désintégration des structures sociales khoisans, la dispersion des familles et finalement la disparition des Khoisans de la péninsule. Si beaucoup quittent la région du Cap pour aller vers le nord, d'autres se mettent au service des fermiers néerlandais (les Boers), souvent en tant que berger.

En 1679, quand Simon Van der Stel est nommé commandeur du Cap, il a des plans ambitieux pour développer économiquement toute la région. Dès son arrivée, il fait envoyer des géologues pour prospecter les terres fertiles de la région et arpente lui-même les pentes des montagnes au-delà du Cape Flats. Durant l'une de ses randonnées dans la région, il repère sur les rives de la rivière Eerste des terrains propices pour des exploitations agricoles et décide d'y faire construire un second foyer colonial. Ainsi nait le village de Stellenbosch tandis que dans la banlieue du Cap, Simon van der Stel se fait aménager un grand domaine agricole qu'il baptise Groot Constantia et sur lequel il tente de développer la viticulture.

Les résidents permanents d'origine européenne sont rejoints en 1688 par 238 huguenots français, fuyant les persécutions religieuses, auxquels Simon van der Stel octroie des terres à Olifantshoek, une vallée verdoyante, rebaptisée Franschhoek, pour y développer la culture de la vigne. 

En 1691, Le Cap devient officiellement une colonie. En 1699, le nouveau gouverneur, Willem Adriaan Van der Stel, fils de Simon, entreprend de monopoliser les contrats commerciaux provoquant un début de révolte dans la population des citoyens libres et les premières revendications nationalistes. Ainsi, le jeune Hendrik Bibault refuse publiquement d'obéir aux injonctions d'un juge arguant du fait qu'il n'était plus Néerlandais mais Africain (Afrikaner).

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Le Cap Waterfront

Les agriculteurs néerlandais s'aventurent dans des zones de plus en plus éloignées du port, créant de grandes fermes d'élevage dans les Monts Hottentots-Holland ou plus au Nord dans le Swartland. Les tribus khoisans sont progressivement décimées (notamment par les maladies telles la variole), forcées à travailler pour les fermiers ou bien réduits à s'enfuir vers le Nord. De nouvelles villes sont aussi créées.

La ville se développe au XVIIIe siècle. Les colons sont en grande partie originaires de l'Europe du Nord, Pays-Bas bien sûr, mais aussi Scandinavie, Russie, Angleterre, France, Suisse, Allemagne... On y trouve également de nombreux marins indiens, javanais ou chinois. 

La vie politique est pour sa part extrêmement embryonnaire dans cette société. En 1778 émerge un mouvement des patriotes du Cap (Kaap Patrioten), influencé par les idéaux de la révolution américaine et favorable à l'établissement d'une république. Ce mouvement réclame surtout des droits politiques et la liberté économique.

Le Cap se distingue enfin par une population croissante de métis, issus de relations entre des femmes esclaves ou des femmes khoisans avec des marins européens ou des propriétaires d'esclaves. Dans les premières années de la colonie, du fait qu'il y a peu de femmes blanches disponibles, les mariages entre européens et esclaves affranchis ou femmes originaires d'Asie sont même autorisés car c'est l'ordre économique qui est au centre des préoccupations de la VOC et non un quelconque ordre racial. Le gouverneur Simon van der Stel est lui-même métissé. La petite minorité de « noirs libres » finit cependant par faire l'objet de discriminations.

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Blue Lodge Hotel

À la fin du XVIIIe siècle, l'importance stratégique du Cap sur la route des Indes est une donnée incontestée pour les Européens. Ainsi, dans le cadre de l'alliance franco-hollandaise, des troupes de l'armée française stationnent au Cap de 1781 à 1784 afin de prévenir une invasion britannique. Les Français établissent dans ce cadre un nouveau réseau maritime de défense tandis que des marchands français font du Cap leur tête de pont pour le commerce dans l'océan Indien et la source de ravitaillement pour les colonies françaises de l'Ile Bourbon et de l'Isle de France. L'influence française se fait aussi remarquer dans l'architecture.

Cependant, la VOC est en déclin, concurrencé par la British East India Company. Elle cesse de verser des dividendes à ses actionnaires en 1782 alors que le nombre de ses employés au Cap dépasse les 3.000 individus. La corruption finit de paralyser l'administration alors que gronde les revendications autonomistes des Trekboers dont la majorité vit en dehors de la ville. 

L'un des héritages inattendus de cette première partie de l'histoire coloniale du Cap est l'émergence d'une nouvelle langue, l'afrikaans, un néerlandais modifié par des mots empruntés à plusieurs langues distinctes (le khoisan, l'arabe ou le malais). Le Cap est pour sa part un port très actif et stratégique au moment où les Britanniques viennent prendre possession de la cité mère d'Afrique du Sud.

La première incursion des Britanniques au Cap a lieu en juillet 1795. À la suite de l'invasion des Pays-Bas par l'armée révolutionnaire française, une force britannique est envoyée au Cap afin de protéger la colonie hollandaise contre les Français. Après quelques escarmouches, les forces de défense du Cap se rendent aux Britanniques qui occupent la colonie.

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Old Town House

L'occupation britannique prend fin en 1803 quand Le Cap est rétrocédé à la République batave. Mais à la suite du retour des hostilités en Europe, les Britanniques sont amenés à réengager les hostilités. À la suite de la bataille de Blaauwberg, le 8 janvier 1806, Le Cap passe à nouveau sous le contrôle des Britanniques. L'occupation d'abord temporaire devient définitive en 1814 (Congrès de Vienne).

Progressivement, l'anglais commence à remplacer le néerlandais comme langue administrative alors que la British East India Company s'implante au Cap. Des commerçants britanniques s'installent et forment rapidement une classe aisée. Moins nombreux que les néerlandais, ils sont plus actif et énergique et s'investissent dans la modernisation et le développement des infrastructures portuaires du Cap et obtiennent l'assouplissement des contrôles afin de permettre la création de banques privées (1837). Fer de lance d'idées sociales progressistes, ils apportent un vent de libéralisme anglo-saxon sur Le Cap caractérisée en 1824 par la publication du premier journal local, le South African Commercial Advertiser, lequel lutte pour l'émancipation des esclaves, la libéralisation du commerce, le développement des infrastructures, le développement des soins de santé, l'alphabétisation des populations ou encore l'autonomie gouvernementale. Il s'agit in fine, par l'action d'une société civile dynamique, de transformer une localité rurale néerlandaise en véritable capitale coloniale digne de l'Empire britannique.

En 1836, l'abolition de l'esclavage dans la colonie accélère la transformation économique et sociale de la ville. Les Britanniques introduisent à cette époque le terme de Coloured pour désigner les non-Européens dans leur ensemble mais distinguent les Malais, lesquels se voient attribués au Cap un quartier spécifique appelé Bo-Kaap. Socialement, il n'y a pas d'emplois réservés et toutes les professions sont mixtes, surtout entre blancs et métis, comme le sont les quartiers d'habitations, plus particulièrement ceux de la classe ouvrière. Les mariages inter-raciaux sont également légaux. 

En 1859 débute la construction du premier chemin de fer. En 1860, Le Cap compte cinq banques locales et plusieurs institutions d'assurance.

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À la suite de la découverte de diamants dans l'arrière pays en 1867, le bassin du port Alfred constitue à partir des années 1870 le point d'entrée d'un trafic sans précédent d'hommes et de fournitures qui se rendent dans les champs diamantifères de Kimberley. D'importants sommes et de capitaux sont investis en peu d'années par les banques et les entreprises londoniennes permettant à l'économie du Cap de quintupler en cinq ans

En 1882, le néerlandais est admis comme langue officielle de l'administration au côté de l'anglais.

En 1910, la ville du Cap devient la capitale législative de la toute jeune Union sud-africaine. Pretoria prend le statut de capitale administrative. 

En 1948, la victoire du parti national aux élections générales sud-africaines amène à la mise en place de l'apartheid en Afrique Sud, c'est-à-dire à une politique impliquant notamment une ségrégation raciale institutionnelle et systématique dans tous les lieux publics. Par application du Group Areas Act, les faubourgs de la ville sont zonés selon la race, les blancs étant la catégorie la plus privilégiée en termes d'espace et de service public.

À partir de 1976, les lois d'apartheid ne sont plus strictement appliquées au Cap dans les activités sportives et dans les lieux de loisirs. Les hôtels, les restaurants et les théâtres sont déségrégués et ouverts à tous. En 1977, le service de bus abandonne à son tour mais discrètement sa réglementation ségrégationniste, évitant de trop éveiller l'attention du gouvernement pro-apartheid de John Vorster. Peu de temps après, la ville du Cap ouvre les plages qui relèvent de sa juridiction à toute la population sans distinction de race. Cependant, la séparation raciale des lieux de résidence et des lieux de scolarisation se maintient durant toutes les années 1980. 

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L'université

Le Cap ne connait pas par ailleurs de grands bouleversements sociaux à la suite de la fin de la domination blanche. La criminalité qui se développe n'atteint pas les proportions des autres grandes villes du pays. La politique du gouvernement d'union nationale vise à permettre une mixité raciale rapide dans les établissements scolaires publics et les hôpitaux anciennement réservés aux blancs mais elle échoue à permettre une telle évolution dans les établissements privés. Les blancs les plus pauvres sont cependant parfois contraints de déménager vers des quartiers plus abordables, les noirs les plus aisés tentent de se faire une place dans les anciens quartiers blancs.

Pourtant, la ville du Cap, de réputation libérale et progressiste durant le XXe siècle, est parfois désignée au début du XXIe comme « le dernier bastion » des blancs sud-africains, notamment parce que les habitants noirs y sont minoritaires et qu'ils continuent à se sentir victimes de discriminations dans les restaurants ou les boîtes de nuit et à ne pas se rendre sur les plages qui leur étaient autrefois interdites, fréquentées essentiellement par les blancs. Seule grande métropole du pays dirigée par l'Alliance démocratique, ses édiles sont notamment accusés par l'ANC de maintenir la géographie raciale issue de la période d'apartheid : les blancs au centre-ville et dans les banlieues proches à flanc de montagne et les autres principalement dans les Cape flats. Pour les dirigeants de l'Alliance démocratique et notamment pour la maire (coloured) du Cap, Patricia de Lille, traiter le Cap de ville raciste n'est qu'une stratégie de l'ANC pour stigmatiser la seule métropole que le parti au pouvoir à Pretoria ne contrôle pas.

A voir un jour !

D'après Wikipédia


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