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Rattrapage automnal anglais : The Frankenstein Chronicles (2015)

Publié le 08 janvier 2016 par Jfcd @enseriestv

The Frankenstein Chronicles est une nouvelle série de six épisodes qui ont été diffusés du 11 novembre au 16 décembre sur les ondes d’ITV Encore en Angleterre. L’action se déroule à Londres en 1827 alors que le corps disproportionné d’un enfant est retrouvé sur les rives de la Tamise. Cependant, après avoir été examiné par un médecin légiste, il s’agit en fait de bouts de corps de 8 enfants différents rapiécés ensemble. Dès lors, le ministre de l’Intérieur, Sir Robert Peel (Tom Ward) met l’inspecteur John Marlott (Sean Bean) et son assistant Nightingale (Richie Campbell) sur cette affaire. Son enquête les fera passer par plusieurs chemins : qu’il s’agisse de côtoyer différents politiciens imminents ou au contraire, d’explorer les bas-fonds de la capitale ou criminalité, prostitution et toxicomanie forment un mélange explosif. Première série originale de la chaîne, The Frankenstein Chronicles échoue dans presque tout ce qu’elle entreprend, qu’il s’agisse du volet enquête, d’exploiter le contexte historique ou tout simplement de nous transmettre une quelconque émotion, et ce, malgré une très bonne idée à la base.

Rattrapage automnal anglais : The Frankenstein Chronicles (2015)

Une quête morne

John commence son investigation dans les quartiers pauvres de Londres au cas où des enfants auraient été portés disparus ces derniers jours. Puis, il demande à Nightingale d’aller faire un tour à la brasserie Fortune of War où se réuniraient des voleurs qui apparemment feraient dans le commerce du trafic de cadavres. Pritty (Charlie Creed-Miles) a entre autres été pris sur le fait et est dès lors surveillé étroitement par la police, mais pas arrêté puisque’à ce jour, aucune loi ne protège les corps humains, ceux-ci n’étant pas inclus dans le concept de « propriété ». L’enquête se tourne ensuite vers Billy Oates (Robbie Gee), la tête dirigeante d’un réseau qui exploite de très jeunes voleurs. L’une d’entre elles, Flora (Eloise Smyth) réussit à s’échapper et est recueillie par John, mais lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte et pour éviter les ragots, il doit la confier à un ami responsable d’un hôpital. À l’opposé de ces actions très concrètes plane une ambiance quelque peu surnaturelle, voire horrifique, puisque John rencontre plusieurs fois Mary Shelley (Anna Maxwell Martin) qui a publié son roman intitulé Frankenstein il y a quelques années. De plus, William Blake (Steven Berkoff), un de ses amis à elle vient tout juste de mourir et il a envoyé à John toute une série de croquis concernant des forces obscures. Sur son lit de mort, il lui a d’ailleurs parlé d’une vision qu’il a eu du tueur : c’est une bête, mais avec un visage d’homme…

Honnêtement, on ne sait pas trop ce qu’on regarde durant la première moitié de saison de The Frankenstein Chronicles. Le tout commence avec une enquête classique, mais peu à peu, elle perd de son impact au gré des circonstances : la conséquence d’un rythme à peine soutenu. En effet, rien ou très peu d’éléments du récit n’est prenant au cours de la série. Après avoir regardé Jekyll and Hyde, on aurait espéré y retrouver une plus grande influence de l’œuvre de littérature qui a inspiré le titre, mais ce n’est pas le cas. En fait, mis à part le cadavre « recomposé » du début, on a droit à très peu de moments d’effroi et l’ennui est accentué par le fait qu’à la fin des épisodes, on n’a droit à aucun cliffhanger; un nouveau meurtre ou un nouvel accident par exemple.

Rattrapage automnal anglais : The Frankenstein Chronicles (2015)

À défaut d’avoir peur, il ne faut pas non plus s’attendre à être ému : Sean Bean est sans aucun doute un acteur charismatique, mais son personnage qui porte sur ses épaules toute la série est froid comme la pierre. On a beau lui créer un passé douloureux (sa femme et sa fille sont mortes), mais c’est très maladroitement présenté et de toute façon, un policier torturé, il y en a à la tonne, peu importe l’époque de l’intrigue.

La bonne intention qui ne transperce pas

Après trois épisodes, The Frankenstein Chronicles ne franchit jamais la ligne entre réalisme et surnaturel et  la prémisse rappelle celle de Bron/Broen (The Bridge) dans laquelle deux moitiés de corps différents sont retrouvées sur un pont entre les frontières; donc, tout de même plausible dans la réalité. Sinon, des protagonistes ont des visions et l’idée de faire planer une ambiance obscure, voire, maléfique était originale, tout comme la décision d’y intégrer le personnage de Mary Shelley dans les épisodes. Il est en effet intéressant de l’entendre analyser son propre ouvrage devant John qui est en perte de repères face à son enquête.

Rattrapage automnal anglais : The Frankenstein Chronicles (2015)

Dans un autre ordre de comparaisons, la série d’ITV Encore échoue lorsque vient le temps d’intégrer la fiction à la grande histoire tout comme ça avait été le cas pour Jonathan Strange & Mr Norrell, mais pour des raisons opposées. Une partie de la prémisse dans la série de BBC One était qu’on se serve de pouvoirs magiques de certains personnages pour contrer les armées de Napoléon, ce qui avait été carrément sous-exploité. À l’opposé, dans The Frankenstein Chronicles on revient sur le débat d’une loi, l’« Anatomy Act » qui divise la Chambre des communes (et qui ne sera votée qu’en 1832). C’est qu’afin de contrer le trafic de cadavres, une tranche des politiciens a voulu que seuls les médecins qualifiés pour leurs recherches scientifiques aient le droit de s’approprier des corps non réclamés : ceux des prisonniers, des prostituées, etc. Les opposants à ce projet arguaient que de facto, seuls les corps des pauvres seraient concernés par cette loi et que leurs corps ainsi dépecés n’atteindraient pas le ciel… Le débat est intéressant, mais la joute politique n’a tout simplement pas sa place dans la série qui a de la difficulté à exploiter clairement sa ligne directrice.

The Frankenstein Chronicles s’étant terminée il y a peu de temps, on ne sait pas encore si une deuxième saison verra le jour, mais les cotes d’écoute n’ont pas été assez importantes pour que les médias les communiquent. Quoi qu’il en soit, la série aura une deuxième vie puisque la chaîne américaine A&E diffusera la série sur ses ondes en 2016, la date de première nous étant pour le moment inconnue.


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