
Hier soir, j’ai beaucoup ri, à voir la France réac trépigner, vent debout contre les opposants à l’aéroport de Notre Dame des Landes. Les mêmes qui râlent et s’énervent contre les grévistes, ou toute autre manifestation populaire, n’hésitant jamais à les mépriser, les traitant si volontiers de cloportes. Alors que la manifestation a été pacifique de bout en bout, et fut un immense succès, les arguments, quand il y en avait, par delà les insultes et les grossièretés en tous genres, volaient bien bas… En gros, ces manifestants étaient de vulgaires casseurs, c’était une honte pour notre pays, ils attentaient à la démocratie, il était inadmissible qu’ils bravent l’état d’urgence, et force devait rester à la loi. L’argument ultime arriva bien vite, plus tôt que je ne l’aurais prévu : ce sont des terroristes. De quoi nous rassurer davantage, si besoin en était (et c’est mon cas) sur la future réforme de la constitution et l’inscription en son sein, honteusement gravée dans son marbre quasi-immuable, d’une loi d’exception qui deviendra une généralité, et des mesures attentatoires aux libertés fondamentales insupportablement banalisées. Avec des conséquences tragiques à prévoir, comme l’histoire nous l’a constamment enseigné, depuis la mort de Rémy Fraisse, que nous en sommes pas près d’oublier. Mais inutile de compter sur ce genre d’individus au sens critique si atrophié que sont les partisans aveuglés de l’aéroport pour s’indigner de l’insupportable amalgame qui consiste à désigner de sa vindicte, en une même vue basse, les assassins d’innocents et ceux qui défendent notre simple survie dans un milieu naturel préservé. En pure haine du gauchiste, et de l’écologiste, qui pourtant défend l’avenir de ses détracteurs, aveuglés par leur idéologie du court-terme et de l’économisme cupide, prédateur, sans la moindre préoccupation pour notre avenir sur cette terre, qu’ils précipitent dans l’impasse, jusqu’au mur, que tout le monde voit arriver, malgré cette hypocrite cop21 récente. Et pourtant…
NB. Voir plusieurs médias pris en flagrant délit de mensonge éhonté, en annonçant frauduleusement que les manifestants ont été « délogés sans violence », alors que l’on sait (notamment par des yeux sur place) pour avoir suivi attentivement de bout en bout cette affaire que malgré leur volonté de se retirer, ils ont été pris en étau de part et d’autre du pont de Cheviré, violemment aspergés par des canons à eau, et qu’ils furent la cible de lacrymogènes alors qu’ils se retiraient, ne rassure guère quant à l’objectivité de l’information. Si les médias se font complices des exactions de la police, quel contre-pouvoir va nous protéger contre les bavures d’un état d’urgence permanent qui donnera aux forces de l’ordre davantage de libertés, sans que les nôtres soient garanties ? Et dire que ce seraient eux, les grands démocrates… Il faut avoir pour la démocratie de biens faibles ambitions, si l’on considère qu’elle consiste à interdire les manifestations, même pacifiques, et qu’elle impose d’étouffer toute contestation. Chez moi, cela porte un autre nom…