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296 –la cosmologie prométhéenne

Publié le 10 janvier 2016 par Jeanjacques

La cosmologie scientifique est dans une position inconfortable puisque située en un lieu où elle croise philosophies et religions. Son objet d’étude étant la genèse de l’univers, elle élabore des modèles cosmologiques qui comportent une description par les mathématiques de tout ou partie de l'histoire de l'Univers, basée sur une théorie de la physique, le plus souvent la relativité générale. Les premiers modèles cosmologiques datent de la naissance de la relativité générale, au début du XXe siècle. Le premier d'entre eux fut l'univers d'Einstein, proposé par ce dernier dès 1917, mais abandonné après la découverte de l'expansion de l'Univers à la fin des années 1920. Depuis lors, les modèles se sont multipliés dont voici les principaux :

Atome primitif, Big Bang, Big Crunch, Big Rip,Classification de Bianchi,Cosmologie branaire, Cosmologie cordiste, Espace de Taub-NUT, Inflation cosmique, Modèle ΛCDM, Modèle cyclique, Modèle OCDM, Modèle SCDM, Modèle standard de la cosmologie, Théorie de l'état stationnaire, Univers de Friedmann-Lemaître-Robertson-Walker, Univers de Gödel, Univers de Milne, Univers de de Sitter, Univers ekpyrotique, Univers en tore bidimensionnel, Univers fractal, Univers mixmaster, Univers jumeaux (bi-métriques), Univers phénix etc…

Cette inflation de modèles est le symptôme de difficultés à s’entendre sur une vérité commune. Mais peut-il en être autrement ? Ne serait-ce pas la démarche elle-même qui est erronée ? Quelle est en effet cette prétention de la raison scientifique de vouloir construire un modèle d’univers dans sa TOTALITE à partir de quelques équations de base dont celles d’Einstein ? Il faut postuler pour cela trois propositions absolument invérifiables : 1) Que l’univers est fini 2) Que la masse de matière est également finie 3) Que l’univers s’est extrait un jour du néant.

Ayant ainsi limité l’infinité et temporalisé l’éternité il devenait possible dans ce champ rétréci de se substituer au démiurge pour cantonner sa création dans le cadre du formalisme Lemaître-Robertson-Walker, des équations de Friedmann et l'espace de Minkowski qui intègrent notamment pression, densité d’énergie, courbure spatiale, vitesse de la lumière etc.

Il faut avouer qu’en ayant sous les yeux les deux ou trois équations fondamentales, on demeure fasciné et ébloui par la puissance créative du génie humain, comme on se demande dans quel état de frayeur mystique a pu tomber celui (ou ceux) qui ont ainsi écrit en lettres mathématiques le nom de Dieu.

Mais ne nous trompons pas, Prométhée ne va être sanctionné par Zeus puisque ce savoir volé aux dieux n’en est pas un. En effet, c’est que les trois postulats à la base de tous ces modèles sont erronés :
1) L’univers est infini et il ne saurait être limité dans le cadre restreint du formalisme ci-dessus décrit.2) On ne peut déterminer la densité/énergie de la masse de matière elle-même infinie 3) L’extraction du néant de la totalité de cette matière est inconcevable sur le mode du big bang. Rajoutons qu’on ne peut définir la « forme » de la métrique de l’espace-temps (son degré de courbure) puisqu’il faut poser une frontière au-delà de laquelle s’ouvre le néant, vide de matière et…d’espace.

Curieusement cette sorte de mégalomanie de la pensée scientifique qui se veut pensée de la TOTALITE n’est envisageable que par les limites qu’elle pose à son ambition. Limites dans le temps puisque le cosmos moderne est daté et non éternel, limites dans l’espace puisqu’il s’étend sur 13.7 AL et non sur éternité, limites de la quantité de matière lors de la production par le big bang. Ainsi, Prométhée doit-il s’enchaîner lui-même pour atteindre l’Olympe du savoir


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