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Travail Emploi Numérique : Applications Mobiles

Publié le 10 janvier 2016 par Michael Vincent @0vinz

Ce mercredi 6 janvier 2016, le Conseil national du numérique ( CNNum) remettait son rapport "Travail emploi numérique : les nouvelles trajectoires" à la Ministre du Travail Myriam El Khomri. Conclusion d'une année de réflexion, recherches, consultations et ateliers collaboratifs, à laquelle j'ai eu l'opportunité d'apporter mon humble contribution, la saisine proposait de traiter trois problématiques principales :

  • Quels nouveaux métiers, quelles nouvelles compétences et comment conduire la transformation numérique des entreprises ?
  • Quelles sont les pratiques numériques des services publics de l'emploi dans le monde ?
  • Comment l'automatisation et la numérisation des activités agissent-elles sur le travail et ses conditions ?

Le rapport synthétise ces travaux en présentant 20 recommandations pour ouvrir de nouvelles trajectoires au travail et à l'emploi à l'heure du numérique, afin d'alimenter les projets de loi à venir sur le travail et sur les nouvelles opportunités économiques portés par Myriam El Khomri et Emmanuel Macron.

Ce rapport, ambitieux, est intéressant à bien des égards. Sans rentrer dans l'inventaire détaillé des 20 propositions - un bon résumé est disponible dans le dossier de presse disponible en ligne - Benoit Thieulin, président du CNNum, et Nathalie Andrieux, en charge de piloter le groupe de travail, se sont concentrés sur l'évolution des trajectoires professionnelles lors de la remise du rapport.

Le mot d'ordre : la mobilité

Le constat est simple - l'époque où l'on accomplissait sa carrière dans une seule entreprise, ou au même poste, est derrière nous. L'évolution du marché du travail et des besoins en compétences, de plus en plus versatile, rapide, et précis participe à l'incertitude sur l'emploi et les trajectoires de chacun. "Uberisation", individualisation du rapport au travail, économie collaborative ... Ces bouleversements, issus notamment de la révolution numérique, s'inscrivent dans la durée et appellent à un véritable changement de paradigme.

L'accent a donc été mis sur la flexibilité, le décloisonnement des trajectoires. Si l'avenir est à la pluridisciplinarité et à l'hybridation, acceptons que notre génération ne connaîtra pas de parcours uniques et ne fera certainement pas le même métier pendant 45 ans. Sachons transformer cette volatilité en opportunité, en changeant d'approche.

Assumer cette incertitude, c'est donner à chacun une chance de s'en sortir dans ce nouvel environnement, en permettant à tous d'opérer des transitions personnelles - et pas seulement aux personnes en mesure de s'offrir cette option. Ce par exemple en créant un droit individuel à la contribution, afin d'autoriser un travailleur à se lancer dans des projets en dehors de son activité salariale.

Mais c'est aussi en dynamisant la formation continue, véritable pivot de cette mobilité nouvelle, que cette pluridisciplinarité sera possible, en soulignant son importance croissante face à la formation initiale, en l'encourageant grâce notamment au futur compte personnel d'activité (CPA), ou encore en améliorant le dispositif de validation des acquis de l'expérience (VAE), sous-utilisé et mal reconnu aujourd'hui.

Repenser le paradigme, c'est aussi accepter qu'il n'y aura peut être pas un emploi pour tous - le chômage structurel s'estimant à 8-10 % dans un futur proche, une réalité marginalisante sous la focale actuelle. Le revenu de base universel est une solution possible pour encourager l'inclusion sociale et gommer les clivages. C'est aussi un moyen d'encourager les initiatives individuelles, de consentir aux individus le droit d'être acteur de son parcours plutôt que de répondre à une demande extérieure. C'est permettre aux bénévoles de consacrer leur temps à l'élaboration des savoirs collectifs (contributeurs de Wikipédia par exemple), ou encore aux associations et aux forces vives de se développer.

Realpolitik

Si ces propositions sont amenées à alimenter la réflexion sur les projets de loi à venir, elles vont également se heurter à la réalité politique et économique. La Ministre s'est en effet aussi exprimée sur ces idées, retenant quelques points essentiels selon elle.

La bonne nouvelle évidemment, c'est que le CPA est en passe d'être réalité, au 1 er janvier 2017. Idée largement soutenue par le gouvernement, c'est une chance d'intégrer l'accessibilité d'un changement de profession au fil de la carrière pour tous.

Évoquant les travailleurs des plateformes collaboratives et l' ubérisation du marché, Myriam El Khomri reconnaît que cette économie est à encourager puisqu'elle est porteuse de création d'emploi, mais que le lien de dépendance à la plateforme est un frein, un risque pour ses utilisateurs et acteurs. En outre, Il ne faut pas s'empêcher de légiférer pour protéger les travailleurs, l'amélioration des protections sociales étant plébiscitée par les autoentrepreneurs eux-mêmes.

Une potentielle refonte de la VAE, trop formaliste et peu connue, et certainement pas à la hauteur des besoins, est également envisageable. La Ministre évoque en outre un assouplissement des conditions d'ancienneté et l'expérimentation d'autres modes, numériques notamment.

Interrogée sur le sujet du revenu de base universel, Myriam El Khomri se dit "perplexe", se heurtant particulièrement sur la question inévitable de son financement, surtout dans la conjoncture actuelle.

Le rapport, prônant innovation et justice sociale, est à retrouver ici . Il conclut également le mandat du CNNum, qui sera renouvelé ce mois-ci.


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