Par Élizabeth B. Thivierge
Un jour, on m’a demandé ce que je choisirais entre pouvoir changer mon passé ou voir mon futur. C’est drôle, je n’ai même pas hésité. J’ai tout de suite répondu que si je le pouvais, je changerais mon passé. Je changerais en premier lieu ma perception que j’ai eu des gens qui m’ont blessée. Avec le recul, j’aimerais pouvoir dire à la jeune moi de lâcher prise et d’avancer.
Dans ma vie, il m’est arrivé que des gens proches de moi m’aient blessée. Ça fait partie de la vie, il paraît. Puisque je les aimais, je les ai laissé me détruire à petit feu, parce que je croyais que c’était la façon de les respecter; les laisser faire et ne rien dire. Les laisser dire ce qu’ils voulaient sur moi, me défendre comme je le pouvais, et rester accrochée parce que je tenais à ce qu’ils gardent une bonne image de moi. À ce moment-là, avec mon peu d’expérience de vie adulte, je croyais faire la bonne chose. Maintenant, je repense à ces situations, avec plusieurs années de recul, et je sais que j’ai eu tort.
Lorsqu’on permet aux gens d’entrer dans notre bulle de vie « intime », on leur donne accès à des parties fragiles de nous-mêmes. Certains vont profiter de notre vulnérabilité pour nous gruger; ils savent ce qui fait mal.
Si je repense à certains épisodes de ma vie, je sais que j’ai eu mal parce que ces gens comptaient pour moi. Mais il arrive un moment de la vie où on doit choisir un peu pour soi. Ce n’est pas égoïste, c’est juste sain. Je déteste penser pour « MOI », pour « MON » bonheur, parce que je me dis qu’il y a tellement de gens qui souffrent plus que moi. Sauf que pour pouvoir donner de soi à ceux qui en ont besoin, il faut être bien avec soi-même. Alors c’est important de faire les choix en conséquence; prendre ses distances de la situation et apprendre à dire « c’est assez ». Souvent, quand on montre que ça ne nous affecte plus, alors on a gagné.
C’est un apprentissage énorme que de séparer son cœur de sa tête, que d’apprendre à laisser partir les gens qui n’en vaudront pas la peine. Des gens qui te feront mal, il y en aura toujours. Des gens malhonnêtes, hypocrites, il y en aura toujours. Ce qu’on apprend avec le temps, c’est à ne plus se laisser affecter, à laisser aller. On apprend à faire la différence entre les amitiés qui en valent la peine et celles qu’on peut laisser aller. On apprend aussi à ne pas se sentir coupable d’y avoir laissé une petite partie de nous. Ne t’inquiète pas, on se renouvelle toujours. Les années passent, et on finit par en rire. Mais c’est aussi dans des situations comme ça qu’on découvre toujours qui sont nos vrais amis, ceux qui sont là pour rester.