Jacques Chessex, écrvain suisse, est l'auteur de L'Ogre (Prix Goncourt 1973), Jonas, Le Vampire de Ropraz ou encore Pardon Mère. C'est un écrivain mystérieux. Derrière ce visage grave, ce regard torturé, cette expression sérieuse, littéraire, se cachent de profondes blessures qui remontent à l'enfance de Jacques Chessex. Celle-ci resurgit notamment dans la résonnance malsaine des cris de cette fillette de l'on bat pour forcer son aveu de l'attouchement qu'elle a subi, de la part du père de Chessex, l'Ogre... "Corps coupable. Le sexe sali d'être le sexe, et d'avoir fait le plaisir de l'autre."
La douleur de Chessex prend aussi sa source dans le suicide paternel, en ces terribles circonstances, honteuses et accablantes. L'écrivain, malgré qu'il ne soit cette fois-ci pas romanesque, confirme, en même temps que son talent, sa prédilection pour des thèmes tels que Dieu, ou le sexe, mariant la passion à la douleur, l'austérité à l'amour.
Oubliant la pudeur propre aux protestants, Jacques Chessex, en quelque sorte, se met à nu. Dans une lettre à ses fils et une nouvelle consacrée à sa mère, il fait amende honorable de ses erreurs et ses absences. "Moi j'ai fait souffrir ma mère toute ma vie et toute la sienne, du moins c'est ce qu'elle m'a dit et répété, de ma toute petite enfance jusqu'à ses quatre-vingt-dix ans passés."Dans cette constante ambiance mortifère, l'auteur parle des femmes qui ont croisé son chemin, des jeunes filles ingénues aux dames mûres et stupreuses. Chessex, dans ce magnifique livre, explique l'essence de son écriture, qu'ont façonné cette riche Suisse dans laquelle il a grandi, le secret, le désir et la foi.