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Poser des limites au petit enfant: action délégable ?

Publié le 11 juin 2008 par Vanessav
Cela fait deux bons mois que notre petit d’homme est plus grognon, moins récepteur des limites que nous lui posons, plus agressif.
Un vrai chalenge de parent. Mais qu’est-ce que je dis ! Non ce n’est pas un challenge mais bien une conception de vie, une responsabilité. Etre à l’écoute et offrir une réponse adaptée. Dans quelques jours des choix de garde vont à nouveau se poser et la question arrive indubitablement : est-ce que je peux continuer à garder notre bout de chou (et faire perdurer au maximum ce que nous entrevoyons comme éducation) et m’épanouir en même temps ? Ne vous fourvoyez pas. Je n’ai pas peur de « lâcher » la chair de ma chair. Je n’ai pas besoin de la présence ou de la proximité de notre bambin pour me sentir mère et j’aime à le savoir créant ses propres relations aux autres (vigilance parentale effective bien sûr). Je n’aurais pas le même problème avec la scolarité. A ce moment là, un cadre éducatif au sens de don de savoirs sera en place. Les éducateurs, instructeurs, prodigueront leur compétence pour aider notre bout de chou à emmagasiner, à promouvoir son esprit critique (bien que je me garde une bonne part de tout cela : il faudra que je distingue bien le rôle de maman et de celui d’éducateur, mais là c’est une autre question !)


Etre maman ne me comble pas. J’admets avec joie qu’avoir donné la vie m’a comblée, la grossesse permet une parenthèse enchantée (pas forcément vécue physiologiquement et physiquement comme telle pour chaque femme). En portant la vie nous avons la possibilité de mettre la notre de côté : une fuite de notre construction, un vide de projet si ce n’est celui dans le ventre. Je me suis sentie belle, épanouie, remplie de vie (et non l’ersatz d’amour que je continue à m’ingurgiter en nourriture). L’alimentation affective venait d’un respect de moi par respect de ce petit être dans mon ventre. Lui une fois à l’extérieur, nous avons été présents, le plus possible disponibles en fonction des contextes et des humeurs, aimants bien sûr et surtout communicants. Et ma vie a repris, là où je l’avais laissée. Mais non quelle menteuse ! Bien avant que je la laisse me filer entre les doigts. C’est toute une vie que nous reprenons à l’arrivée d’un enfant. Il créé les parents mais aussi les adultes en nous et surtout confronte ces derniers à la vie, à ce qu’ils en font, à ce qu’ils veulent en faire : aux projets passés, avortés (sans jeu de mots), aux suivants, futurs. Le fait d’être parent est une nouvelle responsabilité, une sorte de nouvelle valeur ou moralité. Nous continuons notre parcours en intégrant l’ouverture des possibles d’un autre membre de la famille.
J’avais l’impression d’être inconsciente de faire un enfant mais là ce serait trop privé. Il n’empêche : choisir d’élever un bébé est une vraie gageure. Et là, il est assez facile de s’oublier pour vivre par procuration, se guérir de notre passé, se prémunir de notre futur. Un bébé n’est pas un pansement sur nos maux. Leur offrir une éducation (soit un cadre de vie, une cartographie de réflexion, un soutien et une approche « raisonnée » des frustrations et problèmes inhérents à la vie) est une nécessité. C’est cela le plus compliqué : pas le matériel ou les conditions de vie mais bien l’amour et nos positions volontairement fécondantes, constructives, pour l’aider à être un adulte créatif, solide face aux obstacles, autonome et doué d’amitié et d’amour (pas de ses parents, ce n’est pas une obligation, mais de ceux qu’il choisira pour suivre sa route : conjoint(e), enfant).
Mais voilà éduquer notre enfant est passionnant, exigeant, fatiguant, constructif et épanouissant mais mon projet de vie, pour moi seule, est en stand bye. Je ne m’oublie pas, ou pas trop, cependant la mère a pris beaucoup de place par rapport aux autres facettes de moi que je veux cultiver.
Mais revenons à ce que m’interpelle en ce moment. Poser des limites comme stade fondamental de notre nécessité parentale. Parce que la question est bien celle-ci. Mettre en garde notre bambin est une demande de garde mais aussi une éducation en plus. Je m’explique. A l’école quelque chose est demander à l’enfant, une attention, une étape de plus dans l’acquisition de savoirs. Avant rien n’est demandé à l’enfant, si ce n’est de grandir et de se développer au mieux. La demande est pour celui ou celle qui garde l’enfant : ouverture des possibles, écoute, fixation des limites de comportement. En collectivité et gardé par une équipe, la donne change. L’effet mini-société avec des professionnels de l’enfance autour est en soi une ouverture sur les autres, bonne ou moins bonne mais collective. Alors que choisir dans les seules solutions qui s’offrent à nous. Et puis, entre mes envies, mes intuitions, mes réflexions et la pratique, la mise en œuvre d’une éducation raisonnée il y a un fossé énorme. Comme dit Catherine DUMONTEIL-KREMER dans « Poser des limites à son enfant et le respecter » (et non LES respecter, lapsus révélateur de ma non-lecture à ce moment-là, non!), « mes convictions manquaient d’enracinement ».
Je ne vais pas reprendre là ma conviction portant sur l’éducation, quoique je vous en montre certains aspects ici. Je voulais seulement marquer les éléments utiles en ce moment, essentiels au bon déroulement des journées : poser des limites à un tout petit (moins de 2 ans). Mais vous le savez maintenant, je ne suis qu’une apprentie. Alors je note, compulse, essaye de suivre une voie qui me semble intéressante (en tentant au possible de limiter mes humeurs, mes aigreurs, mes manquements). J’ai trouvé (beaucoup plus que le nous parental) beaucoup de réconfort à la lecture des émissions radio de Françoise DOLTO et du livre précédemment cité.
Je suis contre le laxisme mais pour poser des limites à l’enfant, de celles obligatoires pour son développement d’homme, pour le soutenir dans ces aléas en société, pour le rendre à l’écoute de ses sentiments, frustrations, et savoir les dépasser. De DOLTO, des livres « Les étapes majeures de l’enfance » et « Lorsque l’enfant parait, tome 1», je retiens sur le sujet des limites, l’enfant communiquant, demandeur de compréhension des accompagnateurs (parents) pour se comprendre lui-même, sage parce qu’épanoui, en pleine activité, l’interdit « prudentiel » et une proposition de geste adapté avec sa verbalisation entre autre, j’y reviendrais aussi.
De DUMONTEIL-KREMER des astuces et une distinction des règles et limites, négociables ou non, inévitables ou formatrices (de formation ou de formatage ?!) ainsi qu’une adaptation à la croissance de l’enfant. Son livre ne se limite pas à cela, j’aurais l’occasion d’y revenir.
Ses astuces pour poser des limites sont éclairantes:
- sur l’adaptation de son espace aux limites (aménager son lieu de vie, créer un espace sécuritaire)
- sur une autre approche des activités, de son quotidien (proposer des activités stimulantes, donner une activité similaire à celle interdite, celle-ci acceptable, proposer des alternatives, annoncer de quoi la journée va être faite, expliquer ce que vous souhaitez)
- sur une écoute active de ce qu’il est (vérifier que ses besoins de base sont comblés (dont l’attention et le contact physique), s’il n’écoute jamais rien, l’écouter encore plus, le laisser libre d’être ce qu’il est, le laisser expérimenter, même nos sentiments, il pourra proposer sa réponse adaptée
- sur une distance à l’autorité (l’empêcher d’agir avec force, optimiser la non-violence : une colère est l’expression d’une insatisfaction, investir dans une présence à soi et à lui permettant de retrouver une sérénité, dire stop en plein action pour faire le point, assumer avec lui les conséquences de ces actions sans transformer en punition, faire confiance à ses sensations corporelles, lui laisser faire sa propre expérience, ne pas interférer dans les mécanismes physiologiques (voir mon billet sur l’éducation alimentaire) et parler de nos sentiments de parents).
En reprenant ces lectures, avec son papa, nous avons vu qu’il nous avait manqué quelque chose depuis bien deux mois : l’écoute active et la compréhension de ses besoins. Son sommeil perturbé, ses proximités à moi, ce contact physique réclamé comme jamais, tout cela nous dépassait et puis en reprenant le contact, la vraie présence (une attention réelle sans être une monopolisation de la journée), cela s’arrange… il était écouté, mais mal, et surtout pas compris. Alors comment cela se passe avec une personne payée pour le garder : a-t-elle la possibilité, de réflexion mais aussi en temps et en attention réelle, de fournir cette écoute, ce comportement conciliateur face aux frustrations, cette disponibilité à la compréhension et aux activités alternatives ? Est-ce cela qui rentre en jeu ?


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