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Rattrapage automnal anglais: Cuffs (2015)

Publié le 13 janvier 2016 par Jfcd @enseriestv

Cuffs est une nouvelle série de huit épisodes qui ont été diffusés du 28 octobre au 16 décembre sur les ondes de BBC One en Angleterre. L’action prend place au Sud-Est de l’île dans la ville de Brighton alors qu’on suit le quotidien de quatre policiers de première ligne : Lino (Alex Carter), Donna (Eleanor Matsuura), Ryan (Ashley Walters) et le petit nouveau Jake (Jacob Ifan). Le moins que l’on puisse dire est que leurs journées sont bien occupées puisque des cas de tout acabit surviennent aux cinq minutes. De style on ne peut plus classique, Cuffs n’est pas mauvaise, mais aurait tout simplement besoin d’une plus-value; ce en quoi l’Angleterre excelle habituellement lorsqu’elle exploite le genre policier et quelle que soit la chaîne. On aurait aimé en apprendre davantage sur les personnages par exemple, mais en tous les cas, la boucle sera bel et bien bouclée au bout d’une saison puisque le diffuseur a décidé de ne pas renouveler la série… à la colère de plusieurs.

 

Rattrapage automnal anglais: Cuffs (2015)

Pas un instant de répit

Dans Cuffs, le métier de policier n’est pas de tout repos, même dans une ville comme Brighton. Ainsi, dans les deux premiers épisodes, des policiers interviennent sur une plage pour nudistes, stoppent une bataille devant un salon de tatouage, sauvent un héroïnomane aux tendances suicidaires, enquêtent sur une tentative de meurtre (un crime de haine), partent à la recherche d’un père qui a kidnappé sa fille, arrêtent des voleurs à l’étalage, doivent intervenir plusieurs fois pour un vol de bijoux dans la résidence d’une personne âgée, tandis que la détective Jo (Amanda Abbington) fait tout ce qu’elle peut pour incarcérer un revendeur de drogues. Et c’est sans compter les nombreuses poursuites policières qui souvent se soldent par un échec. Avec autant d’action, on ne peut se plaindre du rythme et la production voulait manifestement s’assurer que le téléspectateur n’ait pas envie d’aller voir ailleurs… pour les deux premiers épisodes en tout cas puisqu’au troisième, le rythme ralenti considérablement et seules deux ou trois intrigues sont développées, mais plus en profondeur; conséquence du changement de réalisateur (Anthony Philipson pour les deux premiers et Kieron Hawkes pour les deux suivants). Mais il n’y a pas de « cassure » narrative pour autant : lent ou un peu plus rythmé, c’est du pareil au même : on s’assure de nous présenter (en majorité) des criminels que l’on a tôt fait de nous dépeindre d’un œil défavorable, orientant ainsi toute notre sympathie envers les forces de l’ordre. Dans le même ordre d’idées, c’est classique, on nous arrive avec des crimes qui ont moins de 0,01 % de chances de se reproduire dans la vie réelle, mais qu’importe, c’est ce que le public aime.

Rattrapage automnal anglais: Cuffs (2015)

C’est du côté des vies personnelles de nos policiers que le bât blesse. Que ce soit Philipson ou Hawkes à la direction, on reste déçu par le peu d’intérêt accordé à ceux-ci. Véritable miroir que les sociétés anglo-saxonnes aiment projeter, le casting ne pourrait être plus multiculturel : un policier noir, une autre portant le voile, un d’origine italienne et pas un, mais bien deux homosexuels : Donna et Jake. Du côté de ce dernier, il s’agit de son premier jour et à son partenaire qui le questionne sur sa vie en général, il répond tout bonnement : « Open book really : gay, 22 single ». Dans les scènes suivantes ou au cours des autres épisodes, on n’en fait pas tout un plat… on n’en fait même pas du tout. On essaie de nous vendre une sorte de cohabitation idyllique de toutes ces cultures, sans en approfondir une seule alors que ce qu’il y a d’intéressant avec la diversité, c’est justement les différents apports. Ici, tout le monde est pareil, ou plutôt, ce sont des policiers avant tout. On cherche à compenser en nous montrant un petit montage musical de quelques minutes à la fin des épisodes avec leurs proches, mais trop peu trop tard.

Rattrapage automnal anglais: Cuffs (2015)

Une annulation qui se digère mal

Le 17 décembre, soit, au lendemain de la diffusion de la finale, la BBC a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas Cuffs pour une deuxième saison, parce qu’elle voulait se « laisser de la place dans sa nouvelle grille horaire pour de nouvelles séries » : l’excuse classique des diffuseurs lorsque les cotes d’écoute n’ont pas été au rendez-vous. Ici, on comptait 5,5 millions de téléspectateurs pour le premier épisode et moins de 3 pour les deux derniers.  Pourtant, avec 8 épisodes, on peut penser que la chaîne envisageait de développer cette série sur le long terme. À titre de comparaison « policière », toujours sur BBC One, The Interceptor cet été qui contenait autant d’épisodes, mais qui a réuni moins de 5 millions pour son pilote n’a pas non plus été renouvelé, alors qu’au contraire, Happy Valley au printemps 2014 a attiré un auditoire moyen de 7,5 millions et a été reconduite (la nouvelle date se fait toujours attendre…), et ce, malgré une fin fermée.

Sur la toile aussi cette annulation a fait jaser, à commencer par les acteurs de la série, très impliqués et présents sur Twitter pour promouvoir leur nouvelle fiction. Ils ne se sont donc pas gênés pour y exprimer leur déception, voire même leur frustration. Peter Sullivan, l’acteur qui joue le rôle du père de Jake a même « twitté » que sur Google Trends, le mot clic #cuffs s’était retrouvé dans le top 5 des sujets les plus discutés sur la plateforme, le premier étant Star Wars. Cuffs comptait aussi sur une base d’amateurs coriaces puisque peu de temps après l’annonce de l’annulation, une pétition en ligne demandant le retour de la série (#bringbackcuffs) a été mise en ligne et trois jours plus tard, on comptait déjà 5 000 signatures et 9 326 en date du 13 janvier. À moins d’un retournement de situation, la décision de la BBC devrait être finale. Ce qu’on peut affirmer sans hésitation par contre, c’est qu’une série de ce genre, c’est-à-dire très générique avec des personnages aux profils variés, mais discrets dans leur vie privée aurait eu droit à une très longue vies ur le marché américain.


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