Le dealer du quartier menacé par le paiement électronique

Publié le 14 janvier 2016 par Edelit @TransacEDHEC

L’humanité est parvenue à envoyer un homme sur la lune, à cloner des animaux et fabriquer des voitures autopilotées mais elle continue d’utiliser du papier pour échanger l’essentiel de ses biens. De nombreux économistes et gouvernements sont à l’œuvre pour mettre fin à ce paradoxe ce qui risque de poser un souci à l’économie parallèle qui fonctionnait pourtant si bien.

Le cash, cette plaie de la vie en société

Il faut être honnête, la monnaie physique n’a rien pour elle au premier abord. Non contente de nous faire perdre du temps à chaque transaction et d’encombrer nos poches, elle est aussi un des pires vecteurs de transmission de microbes. Outre ces incommodités d’usage, le cash est pointé du doigt en sa qualité de matière d’échange principal des trafics en tout genre par ses némésis. La plupart des billets passent par de mauvaises mains au cours de leur carrière, 90% des billets verts contiennent des traces de cocaïne selon une étude de l’université du Massachusetts.


Un outil privilégié par l’économie souterraine

La part des transactions réalisées en espèces ne cesse de diminuer notamment grâce au développement de nouveaux outils comme le paiement sans contact ou à l’aide de son téléphone portable, le cash reste le moyen de paiement privilégié  des criminels du fait de son intraçabilité. Il y a actuellement en Europe près de 1 000 milliards d’euros en circulation sous forme d’espèces, c’est près de 3 000 euros par habitant, autant de carburant potentiel pour l’économie parallèle. Il est donc tentant pour les autorités de couper l’herbe sous le pied de la mafia en la privant de cette antiquité qu’est la monnaie physique.

Supprimer la monnaie fiduciaire pour freiner l’économie « underground » ?

Pour Ray Fisman de la Columbia Business School, il n’est pas sûr pour autant qu’une société sans cash soit une société sans crime. Une demande crée généralement une offre, quelles que soient les contraintes exercées sur celle-ci. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que les trafiquants doivent faire face à une évolution technique gênante. La surveillance satellite n’a pas endigué le trafic de cocaïne, elle a juste demandé une adaptation de la part des narcos qui ont dû cacher une partie de leurs installations dans la jungle. Il existe par exemple des moyens de paiement électroniques difficilement traçables comme les cartes bancaires prépayées ou les cartes-cadeaux des grandes enseignes.

Acheter sa dose avec un DVD ?

Pour les grosses transactions il est tout à fait envisageable de maintenir le commerce illégal en utilisant des bijoux ou des pierres précieuses, dont la valeur ne peut pas être abolie par une décision du gouvernement. On peut parier que nous nous dirigeons vers une société sans cash, il est aussi probable que cela ralentisse l’économie parallèle car payer son dealer avec des bons d’achats pose d’évidents problèmes de gestion. Néanmoins les grands réseaux mafieux sont des multinationales matures, qui comme toute entreprise, sont habitués aux aléas du business et il en faudra sûrement plus pour abattre la pègre.