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Heureusement, le syndicalisme… Non. Rien.

Publié le 15 janvier 2016 par H16

Certes, la situation n’est pas bonne en France et le gouvernement semble comme tétanisé à l’idée d’entreprendre la moindre réforme d’importance. Tout indique que pour nos dirigeants, penser le changement (et, à plus forte raison, le planifier) est une tâche bien trop douloureuse. Heureusement, pour transformer cette situation de blocage intellectuel en situation de blocage tout court, nous avons tout ce qu’il faut dans le pays : les syndicats viennent à la rescousse.

Tenez, prenez par exemple Marseille.

La ville fournit, assez régulièrement, la matière pour de truculents articles relatant toutes les bonnes idées que les dockers syndicalisés du cru mettent en œuvre pour accroître la renommée internationale de la ville en matière d’excellents services portuaires. D’années en années, les ports de Rotterdam ou Anvers doivent remercier chaleureusement leurs collègues et néanmoins concurrents de Marseille de leur envoyer ainsi une importante clientèle, à la force du poignet, littéralement.

syndicate = mafia

Et quand ce ne sont pas les dockers étrangers qui remercient le syndicalisme portuaire à la française, ce sont les concurrents italiens de nos lignes de ferries qui doivent se frotter les mains du corporatisme assez consternant dont font preuve les marins français, notamment ces derniers jours. On apprend en effet que le Stena Carrier, cargo battant pavillon danois, d’une nouvelle compagnie, la Corsica Linea qui entend concurrencer l’ex-SNCM, a été bloqué par des marins grévistes et n’a pas pu entrer dans le port de Marseille malgré ses multiples tentatives.

De façon tout à fait symptomatique, il faut savoir en plus que cette fermeture du port avait lieu alors que le principal responsable de la CGT, Frédéric Alpozzo, avait pourtant appelé à respecter une décision de justice rendue vendredi et ordonnant aux marins CGT de l’ex-SNCM de libérer les accès du port, sous astreinte de 30 000 euros par infraction constatée. Peine perdue donc : la grève prime apparemment sur la justice. Quant à l’astreinte, on peut s’attendre à ce qu’elle ne soit payée ni par les grévistes, ni par la centrale syndicale et donc, par personne, montrant à la fois le pouvoir de nuisance des uns et l’impuissance complète de l’état régalien dans ce genre de cas.

Cette mésaventure grotesque n’est, malheureusement, absolument pas singulière. Il s’agit en réalité d’une représentation assez fidèle de l’état du dialogue social et du syndicalisme en France, qui représente essentiellement un levier pratique utilisé par certaines corporations pour faire plier l’État républicain, et, derrière, la société française toute entière, afin de s’assurer qui un monopole, qui une rente de situation, qui des protections plus ou moins importantes contre une réalité épineuse et un monde réel trop méchant.

La gangrène est partout.

On l’avait vue avec Uber et les mouvements hystériques des taxis, qui s’étaient concrètement terminés en affrontements avec voitures retournées et brûlées, chauffeurs VTC ou particuliers agressés. Encore une fois, une corporation (ici, celle des taxis) avait utilisé la violence et un grand pouvoir de nuisance pour obliger les autorités à prendre fait et cause pour elle, en dépit de tout processus démocratique, et pire encore, en parfaite opposition à ce que choisissent les individus au travers du marché, et même ce que dit finalement la loi.

Et les taxis comme les dockers ou les marins CGT du port de Marseille, en utilisant la force, imposent à tous une protection de plus en plus coûteuse de leur mode de vie, de leurs avantages, monopoles ou prébendes, et imaginent ainsi pouvoir se protéger des évolutions de la société. De façon assez incroyable, ces taxis, ces dockers, ces marins semblent se focaliser sur le bénéfice immédiat que leurs actions leur permettent d’obtenir et oublient (de façon tragique) leurs effets à moyen et long terme : le port de Marseille périclite et, faute de client, ne pourra bientôt plus prétendre à un quelconque statut ; les taxis parisiens sont de moins en moins fréquentés par une clientèle lassée d’un service médiocre et bien trop cher. Par attrition naturelle de clients, de dockers, de marins, et de taxis, en imposant un tel immobilisme, ces syndicalistes très futés ont signé l’arrêt de mort de leur profession… et de leurs syndicats.

marseille 2022 - merci la cgt

Taxis, dockers, marins… Et aussi facteurs : on ne change pas une recette qui merdouille depuis tant d’années, et risquer une évolution positive serait un risque que la France ne supporterait pas. Ainsi la Poste, ayant décidé de moderniser l’attirail de ses facteurs, leur avait distribué un smartphone destiné à aider les préposés à la distribution du courrier dans leurs différentes tâches : organisation des tournées, accusés de réception, réexpéditions, scan de colis, signatures, avec même une extension future vers d’autres services comme la relève de compteurs ou la visite des personnes isolées. Tout ceci n’est pas gratuit et 100 millions d’euros ont donc été investis afin de faire bénéficier 90.000 facteurs de cette nouvelle technologie.

Bien évidemment, les syndicats n’entendent pas évoluer ainsi sans couiner. Dès le départ, ils se sont empressés de dénoncer « une technologie mise au service de la réduction d’emplois » (les gains de productivité permettant de supprimer des postes sédentaires). Apparemment, le but des syndicats serait donc la défense d’une productivité aussi faible que possible afin de conserver un niveau d’emploi artificiellement élevé.

Et si, avec ce genre de couinements, les syndicats ne sont pas parvenus à freiner la Poste dans son abominable dessein de rendre les facteurs plus efficaces et proches des demandes de leurs clients, c’est le CHSCT, avec la CGT, qui a trouvé la bonne méthode pour faire plier le vilain patronat, en déposant une plainte sur « les conditions de sécurité et de santé physique et mentale des personnels concernés ». On est ici dans un cas de figure proche de ce qui vient de se passer avec Renault chez qui la CGT, encore elle, a provoqué une véritable panique boursière en laissant entendre, dans un communiqué de presse, que le constructeur aurait des choses à se reprocher en matière de pollution.

Ces exemples pourraient presque suffire pour illustrer mon propos. Mais je m’en voudrais de passer sous silence le suivant, qui montre que non seulement, les syndicats coûtent cher à la société française en l’immobilisant, non seulement ils coûtent un pont au contribuable avec leurs exactions, mais ils leur arrive de coûter aussi fort cher à ceux-là même dont ils sont mandataires.

la cgt
La mésaventure de 101 ex-salariés de PSA d’Aulnay laisse pantois : emmenés par SUD devant les prud’hommes pour contester le motif économique de leur licenciement en mai 2013, les 101 ex-salariés de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois ont obtenu gain de cause.

Le 15 décembre dernier, le conseil des prud’hommes de Bobigny leur a en effet donné raison, et ils verront leur licenciement économique requalifié en « licenciement sans cause réelle ni sérieuse »… Youpi. Sauf que concrètement, le groupe PSA Peugeot Citroën (les constructeurs automobiles sont bien soignés par les syndicats) est condamné à verser une nouvelle indemnité de licenciement, entraînant un remboursement des sommes, plus élevées, déjà perçues lors de leur départ dans le cadre de transactions individuelles.

Autrement dit, grâce à l’action déterminante des syndicats, les licenciés vont… perdre de l’argent. Bien joué.

Décidément, si ce syndicalisme n’existait pas, en vrai, personne n’y croirait. Un film qui retracerait l’une ou l’autre des (ex)actions de ces organisations serait taxé de fiction rocambolesque et le scénariste serait pris pour un fou sans crédibilité. En attendant, en France, cette fiction est une réalité de tous les jours.

Avec un tel syndicalisme, ce pays est foutu.

Heureusement, le syndicalisme… Non. Rien.

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