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Interview de José Jover (2)

Publié le 16 janvier 2016 par Paristonkar @ParisTonkar

As-tu des passions ou des styles de préférence ?
J. J. :Je suis un grand passionné de musique et j’estime que faire des comparaisons entre les différents genres de musiques n’a pas de sens. Chacune a ses raisons d’être et d’exister. Je ne parle pas de mes goûts personnels directement : « j’aime ou j’aime pas » ; il s’agit de quelque chose de plus universel. Pour chacun des styles et chacun pour des raisons différentes. Pour ma part, j’aime toutes les musiques sans les comparer nécessairement, je les prends comme elles viennent. En bande dessinée, c’est pareil en ce qui me concerne et, à partir du moment, bien sûr, où je leur trouve une grâce particulière qui me parle. Question de goût, étayé par la culture et un savoir. Chaque musique, livre de littérature, opéra, théâtre, cinéma ou bande dessinée a une raison d’être et correspond à un âge de la vie. On ne va pas lire La Comtesse de Ségur ou Dostoïevski, voire du Céline, Tintin ou Sir Arthur Benton, voire du Largo Winch, écouter Mozart ou System of a Down, Jacques Brel ou IAM, Nolwenn Leroy ou Billie Holiday, voire du Justin Biber, voir un film de Woody Allen ou de Fellini, voire de Louis de Funès, en accord et de la même manière. Cela, que ce soit dans les temps de l’enfance, de l’adolescence ou à l’âge mûr. J’essaye de garder un regard honnête et sans à-priori sur les goûts des autres. Jour après jour, j’essaye de respecter les parfums et le spleen des autres, même si parfois, pour moi et pour certains d’entre eux, ils peuvent avoir des émanations suffocantes. Mais parfois aussi, ils peuvent s’avérer prodigieusement délicieux. Tout est question de dosage (rire).

Que penses-tu de ta collaboration avec Vincent Pompetti et Tarek ?
 J. J. :Je ne peux que me féliciter de l’arrivée, de ce qui constitue à mon sens, deux grands de la bande dessinée. Tartamudo s’en est trouvé grandi en tous points. Je ne souhaite qu’une seule chose, que cela continue de se passer au mieux entre nous et que nous fassions œuvre d’édition pour longtemps. Cela devrait être le cas je pense, néanmoins, je vais continuer de m’y efforcer du mieux que je le pourrais. Comme chacun sait, rien n’est jamais acquis à l’homme ni à sa peine.

Tu as pas mal voyagé, des anecdotes en particulier ?
J. J. : J’ai fait deux fois le tour du monde… visité bien des pays donc. Et des façons de vivre, des civilisations et des cultures différentes. Je me souviens d’un lieu marquant par sa beauté magique et sauvage, le cratère du Ngorongoro en Tanzanie. Il s’agit d’une « caldéra », un cratère de volcan à ciel ouvert formant un cirque naturel, lequel a fait sauter son « chapeau » lors d’une éruption énorme, il y a des milliers d’années. Les grands rochers étranges qui se trouvent dans la plaine du Séringueti situé à quelques centaines de kilomètres, proviendraient de la tête de cette montagne, de ce volcan, projetés sur une grande hauteur et retombés dans cette célèbre réserve naturelle d’animaux d’Afrique. Sur le pourtour du cirque naturel qui s’est formé, celui du Ngorongoro, surplombant une immense plaine intérieure au centre et primitive, se trouvent deux ou trois hôtels, des lodges, alimentés en électricité par des groupes électrogènes, où nous avions séjourné quelques jours. Le dénivelé est de 600 mètres et la pente est rude pour accéder à cette plaine, de la taille d’une montagne coupée à la base, uniquement en 4X4 évidemment. Là, dans ce qui ressemble à la vallée perdue décrite par Edgard Rice Burroughs dans Tarzan, évoluent toutes les espèces animales du continent africain. Buffles, lions, gazelles, zèbres, éléphants, rhinocéros noirs, oiseaux de différentes sortes, singes de différentes espèces, prisonniers dans cette plaine, parce qu’ils ne peuvent pas remonter le dénivelé trop important de la pente. Ils y descendent parce que les conditions de vie y sont réunies et les attirent, mais ils y restent prisonniers ensuite pour toujours ! Une terre primitive restée en l’état, évadée de notre temps… et d’une beauté à couper le souffle. Inoubliable.

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Interview de José Jover (2)
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Interview de José Jover (2)
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Les pays les plus marquants pour toi ?
J. J. :Tous les pays ont été marquants pour moi, je les ai tous embrassé amoureusement et j’y suis retourné à plusieurs reprises ! Nouvelle Zélande, Australie, Etats-Unis, Îles des Caraïbes, Canada, Afrique(s) de l’Ouest et de l’Est, Guyane Française, Europe, du nord, du sud… La Terre est un endroit splendide pour les êtres humains, un paradis sur Terre, comme c’est triste et dommageable de constater dans encore beaucoup trop d’endroits, à quel point toutes ces âmes violentes et ignobles, s’emploient activement à en faire un enfer.

Quels rapports gardes-tu avec ton pays d’origine, l’Espagne ?
J. J. : L’Espagne est le berceau de toujours, celui de toute la famille, la terre des retrouvailles permanentes, le pays du cœur et des émotions, des origines profondes. Malheureusement, aussi le lieu des blessures terribles, jamais refermées, liées à l’histoire sanglante de ma famille de Républicains Espagnols. Les endroits du malheur franquiste. Impardonnable. Mais aussi, l’endroit de toutes mes fondations, Ibériques, Italiennes, Arabes, Portugaises, Berbères, le grand pays des Méditerranées mélangées. Valencia est ma ville éternelle.

Penses-tu être un éditeur citoyen ?
J. J. : Auparavant je préfère insister sur un point, pour être éditeur, certes citoyen, il faut pouvoir être accompagné par des auteurs en accord avec les éditions, en tout cas, au plus près de vos choix éditoriaux. Une politique éditoriale définie. Donc en suivant et pour donner une meilleure information, mes publications dans un sens citoyen, ont été, et pour nommer parmi les plus marquantes : Maurice Rajsfus et Jacques Demiguel pour Moussa et David (one shot, collection Tébéos). Une BD qui reste d’une actualité brûlante, meilleure BD de l’année 2007, en obtenant le grand prix du « Carrefour International de la BD » à Aubenas ». Puis Le petit Maurice dans la tourmente avec le soutien de « La Fondation pour la Mémoire de la Shoah » (one shot, collection Tébeos) du même Rajsfus et des frères Mario et Michel d’Agostini aux dessins. Les couleurs de plusieurs de ces albums sont de Dr.Rno, qui signe aussi les bandes annonces des albums que vous pouvez découvrir sur notre site, avec Vinz el Tabanas par ailleurs dessinateur et qui réalise également ces « trailers » des divers ouvrages publiés. Ils sont diffusés sur Youtube ou Dailymotion (montages, musiques, mixages, animations flash). Je publie aussi des albums avec lesquels j’ai essayé d’initier des contes avec un fond empreint d’une philosophie humaniste, à base de paraboles romancées, dans divers genres narratifs, tels que l’Héroic Fantasy, la Science Fiction, le Polar ou le Fantastique, par exemple… et bien sûr l’humour !

Pour citer quelques auteurs et titres parus dans le catalogue, Nathalie Jean-Bart avec son très british Red Jim (one shot, collection Tébéos). L’impayable Vincent Haudiquet et toujours Nathalie Jean-Bart (couleur et dessin) pour Chromes Rugissants (Les Animotards N° 2). Titane Beuglant (les Animotards N°1), avait été dessiné et colorisé par Achille Nzoda. Ruben Sosa, auteur, dessinateur et coloriste (malheureusement décédé en septembre 2007) pour Tigres de Papier : Ruben était un ami de toujours de José Muñoz qui signe la préface de ce Polar. L’écolo talentueux scénariste et dessinateur, Mathieu Trabut pour La Cité Enceinte (Terre de son nom N°1). Des récits de politique fiction avec le jeune Vinz el Tabanas (un de mes élèves également) avec New Paris, scénario de Jef Martinez et de moi-même (Le Miroir des Templiers N°1).

Plus engagés, des titres avec des thématiques fortes autour du quotidien ou de l’immigration. Céline Wagner et Edmond Baudoin, pour La patience du grand singe (one shot). Zèbre (one shot fantastique) texte et dessin, de David B. Les folles années de l’intégration (one shot) de Larbi Mechkour (dessin et couleur) avec le soutien de l’Institut du Monde Arabe (IMA) et Farid Boudjellal (texte). Les Slimani (one shot) avec le soutient de l’IMA aussi, et Le chien à trois pattes (one shot) du même Farid Boudjellal (texte et dessin) tous ces albums sont dans la collection Tébeos.

Enfin un documentaire Jeunesse qui a eu une grande couverture presse écrite et audiovisuelle, Mon album de l’immigration en France, avec le soutient du FASILD, un collectif où sont présents plusieurs personnalités connues et issues de l’immigration, du monde de la Culture ou politique, illustré par Pef, Farid Boudjellal, Jef Martinez et moi-même. Album dirigé par votre serviteur et la talentueuse Bérengère Orieux, qui vient de fonder les éditions « Ici-Même », laquelle a passé quatre années avec mes éditions au début puis dix années avec les éditions Vertige Graphic.

Comment a été reçu la BD Le Malouin dans les librairies et dans les salons ?
J. J. : Le public a visiblement reçu la BD Le Malouin avec une grande bienveillance puisque nous avons épuisé, à l’heure actuelle, quasiment tout le tirage. Bravo aux deux auteurs ! Que puis-je ajouter de plus à cela ?

Des projets pour le futur ?
J. J. : Les projets sont toujours dans le futur et plein d’avenir, notamment avec bien sûr Tarek et Vincent Pompetti. Suivez nos actualités de près les ami-e-s, je ne peux que vous assurer ce bon conseil. Je lève mon verre d’hydromel à la santé des cœurs résistants, fidèles et mutins, aux âmes franches et probes. Et à jamais le rejet des âmes avides.

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Site : Tartamudo éditions



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