Magazine Société

La faim gagne du terrain en montagne

Publié le 17 janvier 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Les zones de montagne couvrent 22% de la surface émergée de la terre et abritent 13% de la population.
L'étude "Mapping the vulnerability of mountain peoples to food insecurity" a constaté que le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire dans les régions de montagne des pays en développement a quasiment atteint les 329 millions en 2012, contre 253 millions en 2000, même si la population mondiale résidant en montagne n'a augmenté que de 16% durant la même période.

Cela signifie qu'un montagnard sur trois dans les pays en développement, zones urbaines et rurales confondues, a connu la faim et la malnutrition, contre un sur neuf seulement à l'échelle mondiale. Rappelons que près de 800 millions de personnes souffrent de la faim, principalement en Afrique subsaharienne (une personne sur quatre y est sous-alimentée) et en Asie (deux tiers des personnes concernées).

Si on ne prend que les populations de montagne des zones rurales, tributaires des ressources naturelles telles que la terre, l'eau et les forêts pour vivre, les chiffres sont encore plus parlants : près de la moitié d'entre elles sont victimes d'insécurité alimentaire.

"Les conditions de vie des populations de la montagne se sont détériorées et leur vulnérabilité à la faim s'est accrue. Les communautés montagnardes sont particulièrement vulnérables aux pénuries alimentaires à cause du climat rigoureux et du terrain accidenté voire inaccessible, sans compter la marginalité politique et sociale", indique le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva dans l'avant-propos de l'étude. Le profil croissant de la faim n'est pas le seul défi auxquels sont confrontés les montagnards. 90% d'entre eux vivent dans les pays en développement où la plupart dépendent de l'agriculture de subsistance et travaillent dans des écosystèmes fragiles, aisément victimes du changement climatique.

Pour les habitants de la montagne, c'est une injustice criante: "les communautés ayant une des empreintes carbone les plus réduites au monde sont parmi les premières à faire les frais du réchauffement de la planète", a déclaré le Coordonnateur du Secrétariat du Partenariat de la montagne, Thomas Hofer.

"Par exemple, compte tenu de la hausse des températures, les ravageurs et les maladies gagnent en altitude. Les pertes de récolte et d'animaux d'élevage sont une réalité croissante. En outre, les impacts toujours plus lourds des tempêtes, des avalanches, des glissements de terrain et des débordements de lacs glaciaires emportent des vies humaines et détruisent les infrastructures, interrompant l'accès des communautés aux routes, aux écoles, aux marchés et aux services de santé", a-t-il ajouté. En 2000, près de 59 millions d'habitants de la montagne en Afrique étaient exposés à l'insécurité alimentaire. En 2012, ce nombre a fait un bond de 46% pour s'établir à 86 millions - dû en partie à l'augmentation des populations montagnardes dans la région. L'Afrique orientale concentre la majorité des personnes vulnérables sur le continent, ce qui représente 65% du nombre total des montagnards souffrant d'insécurité alimentaire en Afrique.

En Amérique latine et aux Caraïbes, le nombre total d'habitants de la montagne vulnérables a grimpé de 22% - passant de plus de 39 millions en 2000 à près de 48 millions en 2012. Toutefois, la proportion des populations montagnardes vulnérables est demeurée relativement stable.

Les populations de montagne d'Asie sont particulièrement vulnérables. D'après les résultats de l'étude, plus de 192 millions de personnes étaient considérées comme exposées à l'insécurité alimentaire en 2012, soit un accroissement de plus de 40 millions d'individus, ou 26%, par rapport à l'an 2000. Selon la FAO, un engagement politique vigoureux et des mesures efficaces sont indispensables pour inverser la tendance et affronter la source du problème de l'insécurité alimentaire en montagne, comblant l'écart entre les populations de plaine et de montagne.

Pour les communautés montagnardes, le facteur principal est la croissance inclusive, c'est-à-dire une croissance qui défend l'accès de tous à la nourriture, aux biens de production et aux ressources, en particulier pour les populations pauvres et les femmes, afin de leur permettre de développer leur potentiel. Si les agricultrices avaient le même accès aux ressources que les hommes, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde pourrait diminuer de 150 millions (source: "L’état d’insécurité alimentaire dans le monde 2015").

Dans les zones de montagne où les principaux systèmes d'exploitation agricole sont constitués de fermes familiales et de petites exploitations, de foresterie et d'élevage, ce facteur est essentiel pour créer un environnement institutionnel et politique favorable où les populations puissent accéder aux services comme la formation, l'information, le crédit et les soins de santé, ainsi qu'aux infrastructures adéquates.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Podcastjournal 108031 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine