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Critique Ciné : Marguerite (2015)

Publié le 18 janvier 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Marguerite // De Xavier Giannoli. Avec Catherine Frot, André Marcon et Michel Fau.


Marguerite est inspiré de l’histoire de Florence Foster Jenkins, une femme qui chantait faux et à qui personne n’a dit qu’elle chantait faux. C’est là que Xavier Giannoli a trouvé le sujet de son film afin de parler de la cruauté des Hommes, tout en créant aussi des moments plus cocasses. Ce qui est cependant assez étonnant avec Marguerite c’est que l’on ne rit pas quand elle chante. Bizarrement, les moments où l’héroïne chante faux, cela met plus mal à l’aise. Ce n’est pas un mauvais inconfort dans le sens où je trouve que cela a tout son sens. Ce réalisateur à qui l’on doit des films comme Superstar (que tout le monde a détesté … sauf moi j’en ai bien l’impression) réalise ici son meilleur film. Il se penche sur un portrait de femme imaginé assez étonnant qui change de ce que l’on aurait probablement pu imaginer au départ. Cette histoire d’héroïne tragique est tout de même frappant et surtout, un film qui chante faux, arrive finalement à sonner juste le reste du temps. C’est magnifique de voir que ce genre de chose est possible mais c’est aussi brillant de se dire que Marguerite est une aussi belle réussite. C’est grâce aux Incontournables UGC que j’ai pu aller voir ce film que j’avais un peu rechigné à aller voir lors de sa sortie. Peut-être par crainte de ne pas trouver chaussure à mon pied.

Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

Pourtant, le film sait être juste du début à la fin. A commencer par la prestation de Catherine Frot. Cette dernière m’a tout simplement bluffé. Je ne suis pas nécessairement le plus grand défenseur de cette actrice, mais je suis forcé de reconnaître qu’elle a un vrai talent et qu’elle le met au service de son personnage dans Marguerite. Elle incarne Marguerite avec une telle aisance que l’on pourrait croire qu’elle l’a été toute sa vie. L’actrice s’est donc probablement donné corps et âme dans ce rôle qui lui va comme un gant. Xavier Giannoli parvient même à lui rendre toute sa splendeur à l’écran en utilisant les décors pailletés afin de mettre en valeur le visage mortifié de cette femme qui chante faux mais à qui l’on n’avoue pas ce terrible secret. Cela doit être terrible tout de même d’imaginer que l’on chante magnifiquement bien, simplement à cause de la cupidité de certains ou bien le besoin de se sentir bien vu d’autres. Je trouve en tout cas qu’il y a quelque chose de vraiment sincère avec Marguerite qui change des films de cantatrices ou autres. Je pense d’ailleurs que Marguerite est presque l’anti-thèse de La Môme. Le récit est différent dans le sens où ici il est imaginaire mais au fond, c’est assez proche aussi dans le sens où l’héroïne est l’inverse de Piaf : elle a de l’argent, chante mal et tente de vivre quelque chose. Piaf était pauvre et chantait magnifiquement bien et tentait alors de vivre de sa voix.

Le chemin est donc assez proche. Je me demande donc si au fond le but de Xavier Giannoli n’était pas ici de reproduire un peu sa version de La Môme dans un environnement à la fois dramatique (mais léger) et plus comique. Car il y a énormément de légèreté dans ce film et ce même si c’est bien souvent les moqueries dont est victime Marguerite qui sont drôles, il y a aussi des personnages qui l’entourent qui savent être drôles eux aussi. Catherine Frot a par ailleurs dû apprendre à chanter faux (même si elle est doublée par une chanteuse lyrique professionnelle pour les chants) tout en trouvant également ce qu’il y a de beau dans le faux afin de ne pas donner au faux de son personnage des allures ringardes. Enfin, Glynn Speeckaert, le directeur de la photographie a su apporter une touche de volupté à un ensemble déjà bien fabriqué. Les années 20 sont reproduite à merveille dans ce film et la seule chose dont on a envie c’est que Marguerite termine sa vie heureuse, qu’elle soit comme cette femme qui n’a jamais su qu’elle chantait faux que tout le monde fantasme en la voyant. Par ailleurs, un biopic sur Florence Foster Jenkins, la femme qui a inspiré Marguerite à Xavier Giannoli, est en cours de préparation, réalisé par Stephen Frears et avec Meryl Streep dans le rôle principal. Cela promet !

Note : 8.5/10. En bref, un film étonnant.

Date de sortie : 16 septembre 2015


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