Creed, l’héritage de Rocky Balboa // De Ryan Coogler. Avec Michael B. Jordan et Sylvester Stallone.
Creed c’est un reboot inattendu d’une franchise qui a connu un début et une fin. Rocky est un personnage emblématique, créé par Sylvester Stallone lui-même. C’est en partant de ce que ce personnage aurait légué qu’est né Creed. Ryan Coogler (Fruitvale Station) et Aaron Covington se sont associés afin d’écrire une histoire qui colle à la fois à la boxe d’aujourd’hui tout en gardant à l’esprit qu’il y a une vraie forme de nostalgie. C’est un peu comme dans le dernier Star Wars où les anciens doivent léguer quelque chose à une plus jeune génération qui va devoir prendre le relai. Après tout, c’est aussi ce qui se passe dans la réalité. Ryan Coogler avait réalisé en 2013 un film assez prenant sur l’histoire de ce jeune homme afro-américain tué par des policiers par erreur. C’était un joli film qui avait été récompensé du prix du jury à Sundance. Avec Creed, le réalisateur prend en mains une assez grosse machine qu’il maîtrise du début à la fin. Son regard sur les quartiers défavorisés, sur l’espoir qu’une « légende » en devenir peut créer (il y a d’ailleurs une très belle scène où Johnson fait son footing et tout le monde le suit avec des motocross). Creed est ainsi tout ce que je pouvais espérer après Rocky Balboa (le 6e opus de la franchise Rocky).
Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…
Par chance, Creed est un film ancré dans son temps, qui parvient à la fois à rendre hommage à Rocky et lui donner une nouvelle vie. Sylvester Stallone est parfait dans le rôle du mentor un peu ronchon mais qui a des émotions à délivrer. L’acteur a beau être un roc, je trouve qu’au fil des années il a su prouver qu’il était autre chose qu’une tête de pierre, mais qu’il était un acteur capable aussi de nous émouvoir. Cela arrive encore une fois ici. Pourtant, Creed était un pari risqué que je ne pensais pas voir réussi. Bien évidemment, il y a quelques petits moments où le film fait des digressions ou en tout cas tentent d’autres choses sans intérêt mais il se reprend rapidement par la suite. Après un film de 2h13, et un joli parcours, ce que Creed réussi à faire c’est à permettre de développer une légende (celle de Rocky et Apollo par la même occasion) tout en créant une nouvelle (Creed). J’aime bien aussi la façon dont ce film sait être actuel avec le monde de la boxe (notamment la bande annonce de HBO pour ce qui devait être le match de l’année et qui n’a jamais eu lieu, on a presque le regret de ne pas voir ce match mine de rien tant la bande annonce était alléchante). En parvenant à créer des moments émotionnels forts, le film raconte d’autres histoires avec de vraies valeurs : le partage, le paternalisme, le mix générationnel, etc.
Si le sous titre de ce film est l’héritage de Rocky Balboa, c’est plus ou moins vrai. En effet, Creed cherche à mettre les personnages face à leur destin afin de prouver qu’ils sont capables de beaucoup de choses grâce à ce que Rocky a pu léguer au monde. Sauf que ce film ne fait pas de Rocky la légende qu’il a été. Au contraire, tout le monde va le voir comme une sorte de paria, qui entraine un jeune qui est surtout là car il a un nom connu dans le dos. Je voudrais aussi signaler que Ryan Coogler a su mettre en avant les personnages. Sa façon de mettre en scène Adonis dans ses moments les plus intéressants ne m’a pas surpris mais m’a rassuré, sans compter qu’il parvient également à être à la hauteur d’une telle machine sans pour autant en faire un film qui dégouline. Creed n’est donc pas un film qui en fait des caisses et c’est une très bonne nouvelle. Enfin, Michael B. Jordan, qui a récemment joué dans l’un des navets de 2015 : Les 4 fantastiques, trouve ici un rôle qui lui va comme un gant. Outre le corps qui va avec le job, le garçon m’a énormément surpris alors que je dois avouer que je ne m’y attendais pas du tout. On peut aussi saluer Phylicia Rashad et Tessa Thompson, des seconds rôles féminins nécessaire que Creed considère avec intelligence.
Note : 9/10. En bref, un héritage plus que réussi.