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Y a-t-il des planètes autour de Proxima du Centaure, notre étoile voisine ?

Publié le 19 janvier 2016 par Pyxmalion @pyxmalion

Actuellement, l'exoplanète habitable connue la plus proche de la Terre est à près de 14 années-lumière. Plus près de nous, Proxima du Centaure pourrait en posséder également une ou plusieurs, mais pour l'instant les indices sont encore trop faibles. Pour ce faire, une nouvelle campagne de recherche va être menée et, fait plus rare, le grand public pourra suivre pas à pas la progression de l'enquête.

Avec Mars, Planète rouge située à seulement quelques dizaines de millions de km de la Terre, Proxima du Centaure ( Proxima Centauri) est sans aucun doute l'une des destinations préférées d'Homo Sapiens dans de nombreux récits de science-fiction d'exploration ou de relations avec des formes de vie extra-terrestre. La raison est simple : 4,2 années-lumière seulement nous séparent de l'étoile la plus proche de notre Système solaire, une naine rouge dans le système triple Alpha du Centaure (Alpha Centauri A et B sont à 4,3 années-lumière). Bien entendu, la question de savoir si nous sommes seuls dans l'Univers et, plus encore, si nous avons des voisins " à la porte d'à côté " ne taraude pas uniquement les auteurs de science-fiction. Nombre d'astronomes et exobiologistes s'interrogent à ce sujet depuis longtemps et tentent de déterminer si oui ou non cette petite étoile voisine - bien que proche, Proxima n'est pas visible à l'œil nu - possède une ou plusieurs planètes, dont une qui pourrait être une rocheuse dans la zone habitable (région d'une étoile où l'eau pourrait être à l'état liquide). Pas très loin de là, Alpha du Centaure B est soupçonnée d'être entourée d'une superTerre.

Des recherches pour débusquer des exoplanètes autour d'Alpha Centauri C ( alias Proxima) ont déjà été entreprises, suggérant la présence d'un petit compagnon. Avec le concours du télescope spatial Hubble, en employant la méthode de microlentille gravitationnelle, une étude a été menée en octobre 2014 et sera renouvelée en février prochain à la faveur du passage d'une étoile.

#PaleRedDot already visible above @eso La Silla, close to the bright star AlphaCen. First spectrum H-2 pic.twitter.com/OJcCDCsTLo

- Pale Red Dot (@Pale_red_dot) 19 Janvier 2016

Partager l'excitation de la recherche avec le public

Parallèlement, une campagne de grande envergure s'est ouverte le 15 janvier 2016. Et puisque nous nous sommes (presque) tous intrigués par cette question de voisinage, les scientifiques membres de ce programme ont choisi de partager quasiment en temps réel le " fruit " de leurs recherches avec le grand public. Plus précisément, il s'agit de convier le public dans les coulisses de cette enquête afin de montrer les étapes préliminaires à l'obtention de ce " fruit " : le résultat publié dans une revue scientifique.

Entre janvier et avril 2016, l'équipe internationale coordonnée par Guillem Anglada-Escude bénéficiera des performances du fameux " chasseur d'exoplanètes " HARPS ( High Accuracy Radial velocity Planet Searcher) greffé sur le télescope de 3,6 mètres de diamètre de l'observatoire de La Silla, au Chili, et aussi d'une petite armée de télescopes robotisés répartis dans le monde entier. Alors que HARPS traque, au moyen de la méthode de vitesse radiale, les moindres oscillations de la naine rouge, d'autres télescopes comme BOOTES ( Burst Optical Observer and Transient Exploring System) et le LCOGT ( Las Cumbres Observatory Global Telescope Network) sont en charge de surveiller chaque nuit les changements de luminosité de cet astre voisin. Il s'agit en effet de ne pas prendre des éruptions et des tempêtes stellaires dont ce type d'étoiles, très nombreuses dans la Galaxie, ne sont pas avares (ce qui, par ailleurs, n'est pas sans poser problème pour les mondes habitables qui graviteraient autour...) pour des indices d'une ou plusieurs planètes en orbite.

Naturellement les données collectées seront disséquées au cours des mois suivants par les chercheurs et enfin, leurs conclusions transmises à des comités de lecture dans l'antichambre de revues scientifiques, en attendant leurs publications. " Nous voulons partager l'excitation de la recherche avec le public et montrer comment la science fonctionne en coulisse, les essais et les erreurs et les efforts continus qui sont nécessaires pour les découvertes, dont les gens entendent parler, en temps normal, dans les journaux, explique dans le communiqué Guillem Anglada-Escude. De cette façon, nous espérons encourager plus de monde vers les sujets de STEM [sciences, technologies, ingénierie, mathématiques, NDLR] et de science en général. " Le chercheur prévient qu'il est possible que les investigations ne donnent rien et qu'à terme, ils rentrent bredouilles de cette chasse, néanmoins " le fait que nous puissions chercher de tels objets si petits avec une précision si extrême est tout simplement ahurissant ".

Look how busy they usually are at LaSilla @eso control room! https://t.co/cilTU8P4QG First HARPS data live@ 8.00 UTC pic.twitter.com/usJOHQt3ES

- Pale Red Dot (@Pale_red_dot) 18 Janvier 2016

Un " point rouge pâle "

Un blog a été ouvert pour rendre compte des observations et aussi expliquer la démarche scientifique, évoquer les exoplanètes, leurs étoiles-hôte et les perspectives dans ce domaine (projets, instruments, télescopes en chantier...). Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, on peut d'ores et déjà suivre la progression du projet et les observations sur le compte @pale_red_dot et le hashtag #PaleRedDot.

La campagne a été baptisée " Pale Red Dot " (point rouge pâle, en français) en écho au célèbre " Pale Blue Dot " (point bleu pâle), surnom donné à la Terre apparaissant sur le portrait de famille réalisé par Voyager 1 en 1990 après avoir dépassé Neptune. Distante aujourd'hui de 20,1 milliards de km (134 UA, 37 heures-lumière) de son berceau, notre biosphère, la sonde poursuit son destin interstellaire. Dans quelque 40.000 ans, elle devrait passer à 1,6 année-lumière de l'étoile AC+79 3888 situées au sein de la constellation de la Girafe. Si nous entreprenions dés aujourd'hui un voyage vers Proxima à l'actuelle vitesse de croisière de la sonde (près de 60.000 km/h), nous n'arriverions à destination que dans environ 76.000 ans... On ne sait pas encore ce qui nous y attend.

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