Le cinéma, c'est aussi une question de tiroir-caisse...

 

Le cinéma, c’est aussi une question de tiroir-caisse...

En ce début 2016, votre chroniqueur de cinéma favori souhaitait vous entretenir d’une réalité peu connue du grand public, sauf lorsque l’on utilise à des fins promotionnelles : celle des chiffres de fréquentation des films en salles. Et je vais le faire en comparant les chiffres de deux agglomérations que l’on oppose souvent, celles de Bordeaux et de Toulouse. A remarquer tout d’abord que, en cinéma, il existe un système de contrôle des entrées et des recettes qui n’existe nullement dans d’autres industries du spectacle ou du loisir : en effet on connaît à l’unité près le chiffre des entrées de tel ou tel film, sur toute la durée de l’exploitation en salles, et ce chiffre est disponible sur des publications spécialisées comme « Le Film Français », ou sur son site Internet. Et il n’est jamais question de bidonner ces chiffres, c’est, dans la profession, une règle non écrite, mais réelle. Donc pas de «énorme succès, prolongations», comme on peut le voir parfois dans le théatre de boulevard. Les chiffres, à Toulouse comme à Bordeaux, totalise les chiffres de la ville elle-même, plus ceux des banlieues de la première couronne (par exemple Labège et Blagnac pour Toulouse, Villenave d’Ornon et Talence pour Bordeaux).
Sur ces dernières semaines (donc semaines de fêtes, propices à la fréquentation), je ne vous étonnerai pas en vous disant que « Star Wars » écrase tout : 198 000 entrées à Toulouse, 174 000 à Bordeaux. Les deux agglomérations ont des tailles comparables : 6 à 700 000 habitants environ cela signifie que presque un habitant sur trois a vu ce film. Si vous excluez les gens du quatrième âge qui ne sortent plus de chez eux, les enfants en bas âge et les personnes hospitalisées, et si vous considérez une classe d’âge de 10 à 30 ans, TOUT LE MONDE a vu « Star Wars » il faut dire que le film était partout, aussi bien sur vos boîtes de corn-flakes que sur vos rouleaux de papier... vous m’avez compris ! Moralité : énorme succès, avec avantage Toulouse.
Dans un style fort différent, prenons « Babysitting 2 », dont le cœur de cible n’est pas vraiment le troisième âge : 50 300 entrées à Toulouse, mais 52100 entrées à Bordeaux, qui reprend l’avantage. Moralité : y aurait-il une petite différence de niveau intellectuel entre les habitants de la Haute Garonne et ceux de la Gironde (en faveur de la Haute Garonne, bien sûr)? Mmmm, loin de moi cette pensée !
Enfin, prenons une comédie romantique : « Un plus une » de Claude Lelouch : 16700 entrées à Toulouse, 16400 entrées à Bordeaux. Le résultat est serré, Toulouse reprend la tête, et gagne le point de bonus offensif, même si Claude Lelouch a connu, dans le passé, des résultats bien meilleurs... Mais il n’a que faire de ces résultats assez faibles pour un film « grand public », les dizaines de films qu’il a réalisé lui donne des royalties conséquentes. Moralité des moralités : le cinéma en salles est plus que jamais vivant, il reste, et de très loin, le premier loisir des français en général et des gens du Sud-Ouest en particulier, et, la semaine prochaine, je vous parle des « Saisons », de Jacques Perrin !
christian.seveillac@orange.fr