S'il est une banque dans le monde qui montre la voie en matière d'innovation (en général) et de relations avec la FinTech (en particulier), c'est BBVA. Dernier épisode en date dans sa stratégie, sa filiale américaine devient l'une des premières à introduire un robot conseiller dans son catalogue, via une collaboration avec FutureAdvisor.
En pratique, c'est la plate-forme standard de la jeune pousse qui sera proposée, dans le courant de cette année, aux clients particuliers de BBVA Compass. Elle leur permettra tout d'abord de connecter leurs comptes-titres (externes) existants et, dès lors, d'obtenir des recommandations d'arbitrages personnalisées. S'ils le souhaitent, ils pourront également demander à bénéficier des services de gestion directe de FutureAdvisor (les transactions étant dans ce cas prises en charge par la filiale dédiée de BBVA).
Pour justifier l'opération, la banque affirme sa conviction qu'une partie de sa clientèle – ceux qu'elle qualifie d'« investisseurs passifs » – est désormais prête à se laisser séduire par les entreprises émergentes de l'investissement automatisé, et leur promesse d'optimiser la gestion de leurs portefeuilles, sans efforts, à coût raisonnable. Alors, plutôt que de voir ces consommateurs initier une relation directe avec les startups spécialisées, elle choisit – fort logiquement – de leur apporter elle-même le service.
BBVA Compass profite pour ce faire de la position particulière d'un des principaux acteurs du domaine. En effet, FutureAdvisor est désormais passé dans le giron du géant de la gestion d'actifs BlackRock, un de ses partenaires historiques. La décision d'intégrer une solution disruptive de conseil en investissement est de la sorte largement facilitée, et probablement accélérée, puisqu'elle est portée – et donc, d'une certaine manière, garantie – par une institution traditionnelle solide (ce qui légitime l'acquisition, a posteriori).
L'agilité du groupe espagnol dans son approche des relations avec les nouveaux entrants est ainsi une nouvelle fois démontrée, à la fois par sa capacité à mettre en œuvre une grande variété de méthodes et de les déployer toujours judicieusement, en fonction de ses besoins et de ses objectifs, mais également de son environnement et des opportunités qui se présentent. Acquisitions, investissements et collaborations dans la FinTech deviennent alors autant d'instruments de sa stratégie de transformation.
Dans le cas présent, le partenariat s'avère moins disruptif, car il reste dans la logique du modèle historique de la gestion d'investissement, dans lequel la banque (de détail) se charge uniquement de la distribution (vers ses clients). Il est vrai que, dans une démarche qui reste expérimentale, il serait peut-être trop ambitieux de simultanément appréhender un nouveau métier et ouvrir un nouveau marché. BBVA Compass préfère focaliser les efforts sur le second, ce qui lui permettra en priorité de vérifier la réponse de ses clients à cette offre (autant dans l'absolu que dans son appropriation par une banque).
La comparaison avec l'initiative récente de Deutsche Bank en matière d'investissement automatisé (dont le modèle tend à se répandre dans d'autres établissements) permet de mieux mesurer l'avance du groupe espagnol : pendant que ce dernier expérimente une solution complète (mais externe) auprès de ses clients afin de valider leur intérêt pour le concept, l'allemande déploie un outil limité (mais interne) sans réellement s'être mise en position de tirer des conclusions utiles des résultats qu'elle obtiendra.