The Shannara Chronicles est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis le début janvier sur les ondes de MTV aux États-Unis et au Canada. L’action nous transporte dans un futur éloigné au sein d’une nouvelle civilisation qui compte quatre territoires alors que ce sont les Elfes qui contrôlent le monde, lequel vit en paix depuis plusieurs décennies. Le problème est que l’Ellcrys, l’arbre protégeant la population est gravement malade et que chaque fois qu’il perd une feuille, un monstre renaît. Ajoutons à cela plusieurs autres problèmes et seuls trois individus pour le moment sont à même d’y remédier. Adaptation de la série littéraire The Sword of Shannara Trilogy de Terry Brooks, The Shannara Chronicles devrait réjouir les amateurs du genre fantastique, mais son histoire s’éparpille un peu trop et les clichés associés aux histoires mettant en scènes ces adulescents reviennent rapidement au galop.
Pour tous les goûts (ou trop)
Dans ce royaume, il est de coutume de faire appel à sept « élus » qui après une épreuve autant difficile qu’audacieuse auront à veiller sur le sort de l’Ellcrys et contre toute attente, la seule et première femme à y arriver est la princesse Amberle (Poppy Drayton), fille du roi Eventine (John Rhys-Davies). Il semble aussi qu’elle ait un don spécial puisque chaque fois qu’elle touche l’arbre, elle est saisie d’une prémonition et l’une d’entre elles lui révèle leur royaume dévasté. Ailleurs, ce présage sort de sa torpeur Allanon (Manu Bennett), qui, congelé depuis des lustres est le dernier druide en vie. Avant d’aller porter secours au royaume, il part à la recherche de Wil (Austin Butler), un mi-elfe mi-humain dont la mère vient de mourir et qui lui avait confié trois pierres magiques à remettre à un druide qui les aideront éventuellement à s’attaquer aux démons. Lorsqu’il rencontre Allanon pour la première fois, celui-ci lui apprend qu’il est en fait le dernier héritier des Shannara, une puissante lignée et que sa destinée est de sauver la population du chaos qui s’en vient. Justement, les premières feuilles se sont mises à tomber et des créatures horrifiques commencent déjà à ruer dans les brancards : ils tuent tous les élus, à l’exception d’Amberle qui ne se trouvait pas au château à ce moment. Selon une prophétie, elle devra pénétrer dans l’arbre, prendre la seule graine qu’il ait produite, la tremper dans un brasier situé à Safehold, l’un des quatre mondes pour finalement la retourner à l’Ellcrys afin qu’il puisse se régénérer.
Pour une chaîne qui se lance à peine dans les fictions originales, il faut tout de même attribuer une bonne note à The Shannara Chronicles du côté de la mise en scène. Habituellement, les séries se déroulant dans le futur prennent soit part dans un vaisseau spatial, soit dans un monde triste et morne, ravagé par l’homme. Très certainement influencée par le succès de la CW The 100, on a droit à une nature luxuriante (la fiction a été tournée en Nouvelle-Zélande) et à des couleurs chaudes et les différents bâtiments, dont le palais royal sont aussi originaux que convaincants.
Là où le bât blesse est qu’on veut plaire à tout le monde en plagiant par moments ce qui a fonctionné ailleurs. Ainsi, à la fin de l’épisode 1, une feuille tombe et un monstre femelle, très belle, surgit de la terre toute couverte de suie et nue, ce qui n’est pas sans rappeler le personnage de Daenerys dans la finale de la première saison de Game of Thrones. Parlant de monstres, ils ont beau posséder leur propre langage, on comprend rapidement qu’ils ne sont là que pour des attaques-surprises à grand spectacle, un peu comme les zombies de Fear the Walking Dead. Et pour être fidèle au livre, on a droit aussi à des intrigues impliquant les êtres humains, lesquels ne vivent que de rapts depuis que les elfes les ont battus. À l’épisode 3, une bande s’empare d’Amberle et de Wil et exige par la contrainte que le métis fasse usage de ses pierres magiques. Cette intrigue qui occupe une grande part du récit nous détourne inutilement de la mission des jeunes et quand on pense que la série ne fait que dix épisodes et que l’arbre a toujours des milliers de feuilles accrochées à ses branches, il serait définitivement bienvenu d’accélérer la cadence.
MTV reste MTV
C’est MTV qui diffuse la série et son auditoire est plutôt jeune par rapport à la normale et comme le veut une certaine règle non écrite, la grande majorité du casting se doit d’être jeune et beau d’abord et avant tout. Les costumes chez les femmes ne servent qu’à montrer le plus de peau possible alors que du côté des hommes (c’est dans la première scène du pilote), on trouve toujours un bon prétexte pour qu’ils enlèvent leurs chemises. En privilégiant le paraître le talent écope et Austin Butler qui ne s’en tirait pas trop mal dans son rôle de Sebastian dans The Carrie Diaries, n’est pas du tout convaincant ici au point où l’on voudrait se cotiser et lui offrir quelques cours de jeu. Si Poppy Drayton s’en tire un peu mieux, on a du mal à imaginer son personnage comme étant celle qui sauvera la civilisation. Jusqu’ici, ce sont surtout ses prises de bec avec l’humaine Eretria (Ivana Baquero) qui occupe l’attention à coups de : « stuck-up bitch » et cette dernière, une fausse rebelle, est toujours en train de menacer quelqu’un avec le couteau sous la gorge. À la fin du deuxième épisode, on en profite pour nous donner un petit aperçu des autres à venir et par trois fois, on voit la jeune princesse embrasser Wil et dès le départ, on sent qu’une romance à la soap est en train de naître. Si au moins MTV avait fait comme sa précédente série Scream en y ajoutant un peu d’autodérision… Pour le moment, ça n’augure pas bien pour la suite.
The Shannara Chronicles a connu un départ correct, ses deux premiers épisodes diffusés l’un à la suite de l’autre ayant attiré en moyenne 1,03 million de téléspectateurs en direct avec un taux de 0,5 chez les 18-49 ans. Ces chiffres sont à relativiser puisqu’aussitôt un épisode terminé, la chaîne invite les fans à télécharger une application afin de pouvoir visionner en ligne le suivant avant sa prochaine diffusion à la télévision. Néanmoins, de bons chiffres en direct signifient habituellement un succès comparable sur la toile et lorsque le taux d’écoute se sera stabilisé, on sera en mesure de savoir s’il n’y aura qu’une seule ou plusieurs chroniques de Shannara.