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Sprechen Sie deutsch ? Don’t make me laugh.

Publié le 23 janvier 2016 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Sprechen Sie deutsch ? Don’t make me laugh.C’est un peu le bordel à l’Education nationale. On ne sait plus trèsbien si on va pouvoir apprendre une, deux, trois, beaucoup, à la folie , pas du tout de langues « étrangères » à l’école. C’est dingue en 2016… d’en être là. Ne parlons pas de l’anglais. N’en déplaise à ceux qui confondent défense et amour de la langue française avec un éventuel retour à l’époque de Louis XIV - Oh ! On se réveille, la langue française n’est plusla langue universelle du Siècle des Lumières, Coca, Disney, Mc Do et Apple sont passés par là ( LOL !) – l’apprentissage de l’anglais n’est même pas une option. Ce devrait être une obligation, de la même manière que l’on apprend à lire et à compter. Parce que même aux fins fonds du Vietnam, de l’Amazonie, ou du Nigeria, le seul moyen de se faire comprendre quand on ne parle pas les langues vernaculaires, c’est l’anglais. Attention, pas l’anglais de Shakespeare - ça, c’est maîtriser une culture, dont l’apprentissage prend du temps - non l’anglais international, celui qui vous permet de dire partout : « You’re my friend »et « Are you talking to me ? », en passant par « burger », « milkshake », «  tweet » ou « reboot ». Cet anglais de base, nous devrions tous le maîtriser pour pouvoir justement mieux défendre nos couleurs. Il est assez consternant de s’extasier parce qu’Emmanuel Macron parle anglais – pas mal, moins bien quand même que Christine Lagarde. Cela n’est que normal. Ce qui est incompréhensible est que le reste de nos élites parlent si mal l’anglais alors qu’elles sont supposées avoir fait de « hautes » études comme l’on dit. L’apprentissage des langues étrangères commence donc après la question de l’anglais, mais c’est un vrai enjeu. Car nous apprenons de moins en moins les langues de nos voisins, sans parler celles des plus grands pays de la planète. Aujourd’hui beaucoup sont obligés de passer par l’anglais pour échanger avec des amis espagnols ou italiens. Quant à la langue allemande, c’est la chute libre, victime d’un double désamour. D’abord parce réputée difficile, elle a été longtemps liée à la sélection pour l’entrée dans les meilleures classes. Et puis encore et toujours, quand on évoque les beautés de la culture et de la langue allemandes, on vous renvoie tout de suite : « Schnell, raus, Gestapo », en se tapant sur les cuisses et mimant un bavarois à la fête de la bière. Rauque, gutturale, pas belle, la langue allemande ?Et comment expliquez vous Mozart et Schubert, les poésies de Goethe, les nouvelles de Stefan Zweig ou de Kafka, les pièces de Dürrenmatt ? Quel paradoxe : Alors que nos destins n’ont jamais été autant liés, les allemands nous sont de plus en plus étrangers. Tiens une devinette: Quel est l’un des plus grands écrivains vivant de langue allemande, Prix Nobel de littérature en 2004 ? Elfriede Jelinek, et elle est autrichienne. Parce que l’allemand n’est pas seulement la langue de l’Allemagne, c’est aussi la langue maternelle la plus parlée d’Europe. L’anglais ? Non, même en ajoutant l’Irlande, et le Royaume Uni, on est loin derrière des quelques 100 millions de germanophones. Mais il ne s’agirait pas de s’arrêter à la seule langue allemande. Plus on apprend de langues, plus le cerveau en apprend facilement de nouvelles. Ce sont non seulement des outils de communication, mais aussi des instruments de gymnastique intellectuelle (ah ! la construction des phrases allemandes ou du vocabulaire !). Elles permettent une ouverture sur d’autres visions du monde, d’autres mythes, d’autres histoires. Elles donnent enfin un atout formidable dans la compétition internationale. Quelle dommage que nous ayions raté le développement de l’apprentissage de l’arabe ou du chinois, non pas réservé aux communautés originaires de pays arabophone, mais comme parcours d’excellence. Cela nous permettrait peut-être de remporter plus de marchés à l’international !L’enjeu de l’apprentissage des langues étrangères dans notre système scolaire, va donc bien plus loin que le seul fait de pouvoir commander ses burgers dans un fast-food. C’est un symptôme des blocages de notre pays pour entrer vraiment dans son siècle. Nous vivons une e-poque formidable.

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