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Balade dans le parc de sculpture de la Fondation Clément

Publié le 23 janvier 2016 par Aicasc @aica_sc
Christian Lapie Jusqu’à l’ombre Chêne 6,3 x 5 x 2 m 2011 © Fondation Clément

Christian Lapie
Jusqu’à l’ombre
Chêne
6,3 x 5 x 2 m
2011
© Fondation Clément

Vous qui êtes amateur d’art fidèle des vernissages ,  vous qui enseignez les arts visuels, vous qui voyagez dans la Caraïbe, connaissez – vous le parc de sculpture de la Fondation Clément? Après avoir visité le patrimoine architectural de l’Habitation, la maison du XVIII siècle et ses dépendances, cuisines et écuries, après vous être initié à la fabrication du rhum dans le centre d’interprétation, après avoir admiré les oeuvres contemporaines exposées dans l’édifice contemporain  de huit cent mètres carrés conçu par Reichen et Robert & Associés, accordez vous quelques instants de sérénité champêtre et de contemplation artistique dans le parc de sculpture.

Thierry Alet Blood Panneaux de bois contreplaqué en bouleau, armatures métalliques, mousse polystyrène haute densité, toile de fibre de verre, résine époxy, apprêt polyester et peinture polyuréthane. 250 x 700 x 60 cm 2011 © Fondation Clément

Thierry Alet
Blood
Panneaux de bois contreplaqué en bouleau, armatures métalliques, mousse polystyrène haute densité, toile de fibre de verre, résine époxy, apprêt polyester et peinture polyuréthane.
250 x 700 x 60 cm
2011
© Fondation Clément

Blood de Thierry Alet a été la première installée en 2013. Elle avait été conçue et réalisée spécialement pour l’exposition OMA produite en 2011 par la Fondation Clément à l’occasion de l’année de l’Outre – mer. A partir des esquisses de Thierry Alet, une entreprise spécialisée a été chargée des études techniques, des dessins d’exécution et de la réalisation. Cette sculpture, inspirée par un vers du poème Rappel de Léon Gontran Damas, « Il est des choses dont j’ai pu n’avoir pas perdu tout souvenir » , évoque le passé douloureux des Antilles.

Jeppe Hein 2-Dimensional Mirror Labyrinth Acier inoxydable poli et Alu-cobond 220 x 350 x 350 cm 2006 (installation 2015) © Fondation Clément

Jeppe Hein
2-Dimensional Mirror Labyrinth
Acier inoxydable poli et Alu-cobond
220 x 350 x 350 cm
2006 (installation 2015)
© Fondation Clément

Le Dimensional Mirror Labyrinth de Jeppe Hein, à la fois épuré, minimaliste et ludique est tout à fait irrésistible. Il construit et déconstruit l’espace tout en se fondant dans les frondaisons qu’il reflète. Le spectateur le modifie par sa présence. Par un jeu de miroirs disposés dans l’espace, l’installation implique directement les flâneurs. Les miroirs réfléchissent non seulement les visiteurs et le paysage environnant mais aussi le reflet des miroirs voisins alors que l’espace réel reste perceptible entre les lames verticales. Cette vision démultipliée et fragmentée perturbe les repères spatio – temporels et désoriente. On voit apparaître des images sans vraiment comprendre où se trouvent les originaux.

Objets épurés et géométriques, installations discrètes et ludiques, les interventions de Jeppe Hein se placent dans une continuité de la tradition de la sculpture minimaliste, s’applique à démontrer la modularité de l’espace, en le construisant et en le déconstruisant.

A ce jour, une bonne douzaine d’oeuvres, et parmi elles, celles de  Jonone ( USA), Modesto Ramón (Cuba), Bruce de Jaham (Martinique) , agrémentent le parc et de nouveaux projets sont en cours de concrétisation. Elles se répondent deux à deux ou trois par trois, tantôt par leurs dominantes colorées, tantôt par leurs structures formelles, ou bien par leurs matériaux, leurs thématiques ou  leurs appartenances stylistiques.

Christian Lapie Jusqu’à l’ombre Chêne 6,3 x 5 x 2 m 2011

Christian Lapie
Jusqu’à l’ombre
Chêne
6,3 x 5 x 2 m
2011

Ainsi les figures en réunion de Christian Lapie ( France), une cohorte de géants de bois, totémiques, immuables, archaïques, frustes, sentinelles fantomatiques et comme inachevés mais à la forte présence physique.
La taille directe à la hache et à la tronçonneuse du bois chauffé et brûlé puis traité de manière rudimentaire à l’huile de lin sous pression laisse visibles des entailles et des crevasses. Ces tribus prophétiques parcourent le monde mais condescendent à une pause à l’ombre de sites exceptionnels en Virginie, au Canada, en Suisse, au Cameroun, en Pologne, au Japon, en Inde, en France, en Angleterre et ici, au François.
N’entrent – ils pas en relation avec l’installation sculpturale  de Luz Severino (République Dominicaine) , Avançons tous ensemble ?

Luz Severino Avançons tous ensemble Métal oxydé et peinture Dimensions variables 2011 © Fondation Clément

Luz Severino
Avançons tous ensemble
Métal oxydé et peinture
Dimensions variables
2011
© Fondation Clément

Certains promeneurs seront plus particulièrement sensibles au banc inattendu de Pablo Reinoso, designer et sculpteur franco-argentin. La série des  Beam Benches , débutée en 2011 lui permet de poursuivre, non sans humour, sa réflexion sur les matériaux, ici, la poutrelle d’acier, . L’acier se tord comme un fil pour créer un banc, une assise, un piédestal. L’acier dessine alors des espaces légers, transparents, contemplatifs, alliant le pratique et le poétique.

Pablo Reinoso Huge Sudeley bench 2009 © Jean- François Gouait

Pablo Reinoso
Huge Sudeley bench
2009
© Jean- François Gouait

Mais d’autres préféreront la radicalité de l’œuvre et la simplicité formelle de l’arc de Bernar Venet (France) .
Artiste de reconnaissance internationale, Bernar Venet, virtuose de la sculpture monumentale en acier, brise les cadres traditionnels de l’art par ses axes de recherche, hors de la figuration comme de l’abstraction. Il travaille la ligne courbe, brisée, droite, sous toutes ses variantes mathématiques et développe à partir de 1976 ses premières sculptures d’arc.

Bernar Venet 218.5° Arc x 4 Acier Corten 370 x 378 x 64 cm 2000

Bernar Venet
218.5° Arc x 4
Acier Corten
370 x 378 x 64 cm
2000 ©Aica Caraïbe du Sud

Silhouettes élancées et singulières, impressionnantes de légèreté apparente en dépit de la forte présence du matériau – et de leur véritable poids de plusieurs tonnes – ses sculptures, expressions de la radicalité de ses recherches, sont remarquables de par leur simplicité formelle. Les sculptures de Bernar Venet révèlent le lieu où elles s’inscrivent et interpellent le visiteur.
A moins qu’ils ne soient fascinés par l’étrangeté de la fleur fractale de Miguel Chevalier  ( France) .

Miguel Chevalier Fractal Flower ©Aica Caraïbe du Sud

Miguel Chevalier
Fractal Flower
©Aica Caraïbe du Sud

C’est une sculpture en acier peinte en rouge de 3,40 m de hauteur.
Comme l’explique le site de l’artiste, cette sculpture est extraite de l’oeuvre de réalité virtuelle Fractal Flowers, génération de fleurs et de jardins virtuels évoluant aux frontières d’un monde mi-minéral, mi-animal et mi-robotique. Il s’agit de fleurs fractales géantes générées à l’infini grâce à un logiciel informatique. Des fleurs virtuelles naissent aléatoirement, s’épanouissent et meurent. Les Fractal Flowers dévoilent des formes très sculpturales, poussées à l’extrême de leur géométrisation.

Miguel Chevalier Fractal Flower © Fondation Clément

Miguel Chevalier
Fractal Flower
© Fondation Clément

Miguel Chevalier peut désormais à partir de ce logiciel, générer des « fleurs imaginaires », les arrêter au moment de leur croissance et obtenir un fichier 3D qui lui permet ensuite de les sortir du virtuel grâce aux nouvelles imprimantes 3D qui couche par couche les matérialisent sous forme de maquette en résine. Ces  sculptures numériques  lui servent de modèle pour réaliser des sculptures à plus grande échelle en acier. Une esthétique du virtuel est en train de naître à partir de ces objets matériels qui ont une vraie  physicalité  et qui sont nés grâce à des univers virtuels. Il s’agit d’une véritable révolution pour le domaine de la sculpture.

Catherine Ikam Louis Fléri Virtual Yoona Bronze patiné 236 x 167 x 126 cm 2015 © Fondation Clément

Catherine Ikam Louis Fléri
Virtual Yoona
Bronze patiné
236 x 167 x 126 cm
2015
© Fondation Clément

Virtual Yoona de Catherine Ikar et Louis Fleri,  qui offre l’apparence d’une sculpture traditionnelle,  est, en réalité, née elle aussi du virtuel. Depuis des décennies, ces deux vidéastes pionniers de l’art vidéo et des nouvelles technologies au service de l’art, explorent l’identité en inventant des personnages virtuels et reconstruisent parfois le réel à partir de captures 3D.

Alors, à laquelle va votre préférence ?

Au Premier plan, Bernar Venet 218.5° Arc x 4 Acier Corten 370 x 378 x 64 cm 2000 © Fondation Clément

Au Premier plan,
Bernar Venet
218.5° Arc x 4
Acier Corten
370 x 378 x 64 cm
2000
© Fondation Clément


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