Paris-Willouby // De Quentin Reynaud et Arthur Delaire. Avec Isabelle Carré, Stéphane de Groodt et Alex Lutz.
Premier long métrage de Quentin Reynaud et Arthur Delaire, ce duo avait déjà fait parler de lui avec le court-métrage Demain c’est la fin du monde (2010). Ce qui est cependant dommage là dedans, c’est que Paris-Willouby en fonctionne pas comme prévu. Malgré de bons acteurs, nous avons ici un scénario qui manque cruellement de surprises. On a l’impression par moment que le film nous a complètement lâché. Le problème là dedans c’est vraiment le manque d’équilibre entre tragédie humaine et humour léger. L’ensemble pourrait se marier de façon efficace mais Paris-Willouby n’ose jamais rien et semble donc se contenter des miettes de ce que son histoire peut bien lui proposer. Paris-Willouby aurait pu devenir une sorte de Little Miss Sunshine français et je pense vraiment que le but était plus ou moins là. Sauf que ce road-trip familial avec ses allées et venues manque d’un peu de tenue et surtout de consistance. On a l’impression que tout le monde a été mis ici, dans l’attente de trouver une idée qui pourrait rendre le tout brillant. Sauf que cela ne brille malheureusement jamais et les personnages ne séduisent pas vraiment. Peut-être car ils manquent eux aussi d’intérêt (et pourtant pas de développement).
Les Guilby Lacourt forment une famille recomposée typique de notre époque. Entre père, belle-mère, petite sœur, frère, demi-sœur, ou encore demi-oncle, ils ont parfois du mal à s’y retrouver ! Un soir, ils apprennent la mort d'un grand-père avec qui ils ont coupé les ponts depuis une dizaine d'années. Fatalement voués à cohabiter le temps d'un long voyage pour se rendre à son enterrement, ils vont tous très vite devoir s'adapter au concept du "vivre ensemble" dans l'espace exigu de la voiture familiale. Pour le meilleur et pour le pire !
Au milieu de Paris-Willouby, on retrouve une actrice qui est en train de se faire omniprésente dans le cinéma français : Isabelle Carré. Je l’aime bien cette actrice, elle est naturelle et simple. Mais ici, bien qu’à sa place, elle ne brille pas nécessairement avec ce qu’elle a entre les mains. Le film en lui laisse que très peu d’occasion de montrer toute l’étendue de son talent (peut-être une scène émotionnelle à la fin du film et encore). Le manque cruel d’inspiration fait que l’on a bien souvent l’impression que Paris-Willouby ne sait pas trop dans quelle direction il veut aller. On attend toujours, en vain, un évènement qui va rendre ce voyage vraiment palpitant mais ce moment n’arrive jamais. Peut-être car justement l’inspiration n’est pas très bonne, et les seuls embuches sur le parcours de notre famille ce n’est jamais grand chose de très brillant. Il y a donc des personnages qui naviguent, qui errent, et puis les blagues tombent à plat. Paris-Willouby est finalement un film un peu banal sur les bords. Mais les personnages sont banaux de toute façon. Etrangement, je crois que le casting, pourtant bon, ne fonctionne pas. Les adultes manquent de charisme et d’envergure quand les plus jeunes sauvent plus ou moins les miches du film.
En polissant tout dans les coins, Paris-Willouby finit donc par tomber sur un os : on ne sait même plus ce que l’on vient voir et ce que l’on peut espérer. Little Miss Sunshine avait le mérite d’équilibrer les intrigues de façon soignée, pourtant en parlant de choses assez banales mais dans un univers enchanteur et extraordinaire. Là, tout est engoncé dans un road-movie qui manque de charisme. Par ailleurs, si je ne peux pas être trop méchant avec les réalisateurs qui n’en sont ici qu’à leur premier long métrage, mais c’est tout de même très peu vivant là aussi. La mise en scène est morne, bornée à un manque cruel d’idées. L’image est donc lisse, insipide aussi par moment. Les situations sont écrites à la louche. Même les situations d’un épisode de téléfilm de France 3 sont beaucoup plus efficaces à mon goût. C’est bien qu’il y a un problème là dedans que Paris-Willouby ne peut jamais résoudre. La fin, téléphonée à souhait est un coup de massue sur la tête du spectateur. Je m’attendais à tellement mieux que de voir quelque chape d’aussi mauvais me fait vraiment mal au coeur.
Note : 2/10. En bref, ce qui aurait pu être un joli petit film est finalement complètement raté.